Assaut Occulte sur les Institutions – Media Hex par Hakim Bey. Ou comment court-circuiter magiquement une société aliénante sur-armée et invincible par un Media Hex immédiatiste.
Les niveaux d’une organisation Immédiatiste
1 – Le Rassemblement. Il pourrait prendre n’importe quelle forme de la soirée entre amis à l’émeute. Il peut être planifié ou non selon la spontanéité du « really happen » (1). Par exemple : un regroupement anarchiste, une célébration néo-paganiste, une « rave », une brève émeute urbaine ou une démonstration spontanée. Bien sûr, les meilleurs rassemblements deviennent des TAZ (2) comme les « Be-In » des années 60, les rassemblements tribaux des premiers « Rainbow », ou l’Émeute de Stonewall.
2 – Le Potlach horizontal. La réunion d’un groupe d’amis en vue d’échanger des présents. Une orgie organisée pourrait tomber dans cette catégorie, le cadeau étant le plaisir sexuel – ou un banquet, le présent étant alors la nourriture.
3 – La Réunion. La Réunion. Tout comme la réunion d’étude, la Réunion Immédiatiste consiste en la rencontre régulière d’un groupe d’ami afin de collaborer à un projet spécifique. La Réunion pourrait servir en tant que comité organisateur pour un rassemblement ou un potlach, ou en tant que création collaboratrice, un groupe « d’affinité » pour une action directe, etc. La Réunion est comme une Échelle de Passion dans le système de Fourrier, un groupe uni par une passion commune qui peut être uniquement réalisée par le groupe.
4 – Quand la Réunion acquiert une adhésion de ses membres plus ou moins permanente et un but plus large qu’un simple projet – un projet courant, disons – elle peut soit devenir un « club » ou une « Gessellschaft » (3) organisée non-hiérarchiquement pour une activité ouverte, ou bien un « Tong » organisé non-hiérarchiquement mais clandestinement pour une activité secrète. Le Tong est d’un intérêt plus immédiat pour nous pour des raisons tactiques et aussi parce que le club opère dans le danger d’être « institutionnalisé » et donc (selon la phrase d’Ivan Illich) d’être « d’une contre-productivité paradoxale » (c’est-à-dire, que l’institution tendant à la rigidité et au monopole, commence à produire les effets opposés à ceux de son but originel. Les sociétés fondées pour la « liberté » deviennent autoritaires, etc.). Le Tong Traditionnel est aussi sujet à cette trajectoire, mais un Tong Immédiatiste est conçu, pour ainsi, dire, dans le but de s’auto-détruire quand il n’est plus capable de servir son objectif.
5 – La TAZ peut émerger de n’importe laquelle des catégories ci-dessus, prises individuellement, en séquence ou ensemble. Ainsi, j’ai dit que la TAZ pouvait durer aussi brièvement qu’une nuit ou aussi longtemps que quelques années, ceci n’étant qu’une indication, et il est probable que beaucoup d’exemples tombent entre ces deux extrêmes. Une TAZ, cependant, est plus qu’aucune autre des 4 autres formes en ceci que sur sa durée elle capte l’attention de tous ses participants ; elle devient (brièvement) une société à part entière.
6 – Finalement, dans l’insurrection, la TAZ brise ses propres frontières et se répand (ou désire se répandre) au dehors dans le « monde entier », l’ensemble du temps/espace immédiatement disponible. Tant que l’insurrection dure, et ne s’est pas soldée par la défaite ou par une transformation en « Révolution » (qui aspire à devenir permanente), l’Insurrection garde la conscience de la plupart de ses adhérents dirigée vers cet insaisissable autre mode d’intensité, de clarté, d’attention, de réalisation individuelle ou collective, et (pour être abrupt) vers cette joie si caractéristique de ces grands soulèvements sociaux comme la Commune, ou 1968. D’un point de vue existentiel (et nous invoquons ici Stirner, Nietzsche et Camus), cette joie est le véritable but de l’insurrection.