Réflexions sur les huit voies magiques par Amorgen Dubhart.
1- Meditation, concentration
Préalable indispensable à toute pratique magique, la méditation n’est pas un exercice facile au départ, et pour le néophyte qui commence son apprentissage, la première question pourrait être : Quand est-ce que je sais que je médite ou que je rêvasse ? En fait, la rêverie nous entraîne au hasard dans plusieurs directions alors que la méditation embrasse une idée, un concept dans sa globalité et permet de s’en imprégner. Personnellement mes pratiques rituelles prennent du temps, car en célébrant un sabbat ou un Esbat, je prends toujours le temps de visualiser au préalable son déroulement, puis de méditer au cours de celui-ci, sur sa signification et sa résonance. Un rite ne doit pas être vide de sens et la méditation permet d’en vivre pleinement le déroulement et le sens.
2- Chants, sorts, invocations
Les chants tout d’abord, ils permettent et participent à ce j’appelle « fracasser le réel ». Particulièrement efficaces en coven où plusieurs voix participent à la création d’une atmosphère magique et la création commune d’une énergie qui emplit le cercle. Il s’agit là de Chanter et non de fredonner vaguement parce que l’on n’est pas sûr de chanter juste. Il faut lâcher sa voix, chanter avec le corps entier, en tenant les mains des autres membres du coven afin que l’énergie et les vibrations circulent. En règle générale il s’ensuit un bien-être et une force certaine. Les invocations ; au départ il est judicieux d’utiliser celles fournies dans les livres wiccans, où sur le net. Les mots doivent vous parler, vous devez vous les approprier, les faire vôtres. Apprenez-les par cœur, ce sera plus facile ensuite dans les rituels que de les lire à la lueur des bougies… Au fur et à mesure de vos pratiques, vous sentirez peut-être ensuite le besoin de créer vous même vos invocations. Sentez-vous libres de le faire, mais attention, chaque mot a son importance, réfléchissez bien à leurs significations, la poésie d’une invocation n’est dans un premier temps pas indispensable si elle doit altérer le sens que vous donnez à vos écrits. Soyez efficaces avant que d’être poètes…
3- Projections astrales
Quantité d’ouvrages sont disponibles sur la projection astrale et les moyens pour y parvenir. C’est aussi un exercice difficile pour le néophyte et beaucoup d’entraînement est nécessaire, l’important c’est de ne pas se décourager, et de poursuivre les exercices…il peut se passer des mois avant d’obtenir un demi-succès…
4- Encens, drogues, vin
Les encens : des tables de correspondances concernant les encens sont disponibles un peu partout sur le net et dans beaucoup d’ouvrages spécialisés. Libre à vous d’enrichir vos pratiques rituelles avec des encens spécifiques en fonction de vos objectifs magiques. Personnellement je ne me suis jamais emmerdé avec ça, et je choisis mes encens en fonction de l’atmosphère que je veux développer. Par exemple un encens léger pour des exercices, un encens plus lourd et musqué pour les sabbats, etc.
Le Vin : j’utilise un vin amélioré, j’en possède plusieurs recettes, l’une d’elles est au début du présent ouvrage. L’objectif est de partager au cours du Sabbat un vin unique et particulier plutôt qu’un gros rouge… Avec des tables de correspondances de plantes, vous pouvez une fois encore créer des recettes spécifiques en fonction de vos objectifs ; attention néanmoins à ne pas rendre votre vin rituellique imbuvable, il serait dommage d’être obligé de recracher une mixture hautement magique, mais immonde… Les Drogues : voilà un sujet particulièrement difficile. Je déconseille fortement à tous les débutants l’utilisation de substances psychotropes dans la pratique magique. Quelle que soit la forme que prend cette drogue, que ce soit le petit pétard qui décontracte, un exta où que sais-je d’autres. Il est indéniable que la Marijuana par exemple pourrait abaisser le mur de votre conscient, mais il est tout aussi probable qu’elle le renforce…Sous prétexte qu’ils sont wiccans et qu’ils aiment la nature, certains imbéciles se croient obligés de confectionner eux même des drogues « naturelles » avec des champignons hallucinogènes, ou des plantes comme la Belladone ou le Datura… Pour mémoire, Robert Cochrane, un célèbre sorcier anglais contemporain de Gardner, est mort intoxiqué par une plante… Même si dans de nombreuses cultures animistes, l’utilisation de drogues est fréquente, ils possèdent un savoir et une science du dosage que nous n’avons pas…
Il est indéniable cependant que les drogues peuvent enrichir la pratique magique et surtout aider à la perception, voire faciliter votre changement d’état de conscience, reposez vous la question après une dizaine d’années de pratiques… en gardant à l’esprit qu’il est fort peu probable que vous atteigniez jamais le stade où existe une relation « biologique » entre le shaman et la plante.
5- Danses
Comme le chant, la danse participe à la création d’une grande quantité d’énergie, et est selon moi la voie royale pour accéder au changement de conscience idoine pour la pratique rituellique. Là encore, il ne s’agit pas de ressortir vos pas de danse de noctambules…Soit vous avez travaillé avec votre coven, sur des danses simples et traditionnelles, voire créé une danse qui vous est propre, soit vous laissez votre corps s’exprimer en fonction de la musique choisie. Avec un peu d’expérience le choix de vos musiques va influer sur votre « ressenti magique », cela permet une grande richesse d’expériences. Personnellement j’utilise des musiques chamaniques avec beaucoup de percussions, mais je crois que n’importe quelle musique peut faire l’affaire à condition qu’elle s’intègre parfaitement dans votre paradigme magique. Dernier point important, en dehors de l’intérêt magique de la danse, c’est aussi simplement très agréable de danser nu autour d’un chaudron enflammé, parmi les volutes d’encens, c’est un plaisir rare et sensuel, qui donne un grand sentiment de liberté et d’ensauvagement.
6- Contrôle du flux sanguin
Le contrôle du flux sanguin, par le biais du « bondage », est une pratique dangereuse et assez peu connue. Traditionnellement le futur initié est attaché, mais c’est là une pratique plus symbolique que destinée à provoquer chez lui un état particulier par les liens.
7- Le fouet
De plus en plus délaissé dans la pratique wiccane en raison de ses connotations un peu sulfureuses, le fouet est pourtant selon moi un outil majeur pour le wiccan (cf réflexion sur les outils wiccans). La flagellation, ou l’auto-flagellation est une pratique séculaire en matière de changement d’état de conscience. À notre époque et sous nos latitudes, la souffrance est traitée de manière foncièrement illogique… alors que l’on laisse mourir dans d’abominables souffrances les grands malades, en chipotant sur les doses de morphines, ou de substances permettant de leur faciliter le passage (c’est particulièrement vrai en France, même si les mentalités changent petit à petit), nous avons par contre banni les petites douleurs de notre quotidien, saturé que nous sommes au moindre bobo de substances chimiques variées…
Or, la wicca nous apprend qu’il est nécessaire de souffrir pour apprendre, il n’est bien sûr pas question ici de tout prendre au pied de la lettre, mais il y a néanmoins une vérité profonde. Qui d’entre nous ne s’est pas rendu compte que son évolution est marquée par de grandes douleurs qui en sont le point initial ? La souffrance, les épreuves permettent la remise en question et l’apprentissage. Alors quid du fouet ? Instrument de domination, de punition, d’oppression, sa symbolique est particulièrement forte, c’est un outil que personnellement je rattache à l’air. L’auto-flagellation, ne vise pas à provoquer la douleur, mais plutôt par le rythme quasi hypnotique des coups sans violence, mais fermes, à créer un afflux sanguin et aider à se mettre en transe. La flagellation effectuée par une autre personne peut avoir le même objectif.
Traditionnellement, lors de l’élaboration du cône de pouvoir, la Hps fouette les participants qui dansent en cercle, pour les aider à générer l’énergie du cône. La flagellation est aussi utilisée dans certaines cérémonies d’initiations, et là, il s’agit de symboliser la souffrance de l’apprentissage, et d’une épreuve. Epreuve initiatique d’une part, épreuve de confiance d’autre part, car dans le don de son corps au fouet, il y a marque de confiance envers le coven symbolisé par la Hps, volonté d’appartenir au cercle, et la volonté de triompher de sa peur. En effet, se retrouver attaché, les yeux bandés, nu et fouetté provoque toujours une certaine appréhension, et la douleur ressentie permet de ressentir vraiment le point de passage d’un état à un autre, le franchissement d’une frontière, il s’ensuit en général une grande exaltation.
8- Le grand rite
Je parlerai plus loin du Grand Rite dans sa version « réelle » (cf Wicca et sexualité sacrée), je vais m’attacher ici à sa version symbolique. Le Grand Rite représente l’union, le mariage sacré entre la Déesse et le Dieu. Fusion des principes féminins et masculins, c’est aussi une symbolique personnelle de fusion entre vos propres principes féminins et masculins, encore faut-il les avoir révélés et travaillé. Ce pourquoi le Grand Rite fait partie de l’initiation au 3° dans la tradition gardnerienne. Lors de certains sabbats vous pouvez être amenés à célébrer le Grand Rite sous sa forme symbolique. Le déroulement de celui-ci est expliqué en long et en large dans tous les livres wiccans, aussi je n’y reviendrai pas. Je souhaite par contre développer ici l’état d’esprit nécessaire à la célébration du Grand Rite. Il ne s’agit pas d’un rituel ordinaire ou vide de sens, personnellement pour en préserver le mystère, je ne le célèbre que lors des sabbats majeurs.
Il s’agit de noces sacrées, et vous devez être littéralement enflammé de désir et d’amour pour la Déesse ou le Dieu, il se peut que cet embrasement s’accompagne de manifestations physiques, n’en soyez ni gênés, ni préoccupés c’est tout à fait normal et ce n’est que le reflet de l’énergie du désir que vous avez invoquée. Vous assumez le rôle de la Déesse ou du Dieu et ce rituel, pour symbolique qu’il soit, doit être un moment magique et hors du temps, point culminant de votre célébration. Il est plus facile et moins « dérangeant » de célébrer le Grand Rite symbolique, si votre Hps ou votre Hp est votre compagne ou votre compagnon. Si ce n’est pas le cas, il est parfois difficile d’être dans l’état d’esprit adéquat et après le rituel, il vous faudra assumer… après tout vous venez de faire l’amour symboliquement avec une autre personne que votre partenaire… et tout symbolique qu’il soit ce rituel est véritablement une communion.
Plus sur le sujet :
Amorgen Dubhart : Réflexions sur les huit voies magiques, ce texte est un extrait de « Macadam Witch », mon livre regroupant textes, rituels, poèmes, et pistes de travail. « Macadam Witch » est disponible en téléchargement sur le site Esoterika.
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