Le Serpent, l’Éclair Fulgurant et les Abysses par Spartakus FreeMann.
Lorsqu’on étudie l’Arbre de Vie de la kabbale, se rencontre souvent une représentation comportant une Épée Flamboyante et un Serpent lové au sein de ses Sentiers. Celle-ci n’est pas exactement traditionnelle, car elle dérive principalement des enseignements de l’Ordre Hermétique de l’Aube Dorée (Hermetic Order of the Golden Dawn in the Outer) qui influenceront Aleister Crowley et les cabalistes [1] jusqu’à nos jours.
Nous découvrons l’association du Serpent et de l’Arbre du Jardin d’Éden dès les premiers chapitres de la Genèse. De même dans Genèse 3, 24, nous retrouvons l’association de l’Arbre et de l’Épée Flamboyante du Chérubin placé à la garde du Jardin. Mais la kabbale traditionnelle s’arrête aux considérations théosophiques, sans décrire plus avant l’intime lien qui pourrait exister entre le Serpent et l’Arbre des Sephiroth. Ne parlons pas de la portée magique qui y est inexistante.
Par contre, si nous remontons loin, enfin jusqu’au 19e siècle, nous pouvons découvrir la trace quasi exclusive du Chemin du Serpent au sein de l’Arbre et de son utilisation télesmatique et magique.
En effet, dans les carnets d’instructions de la Golden Dawn nous lisons le passage suivant :
« Devant toi se tient l’Arbre de Vie, dans son symbolisme complet, constitué par les Sephiroth et les Sentiers les reliant. Il est impossible d’y pénétrer, car c’est la clé de toutes choses lorsqu’il est correctement compris. Sur chacune des Sephiroth sont inscrits leur nom en lettres hébraïques, leur Nom Divin, Archangélique et Angélique. Les Sentiers sont vingt-deux et ils sont représentés par les vingt-deux lettres de l’alphabet hébreu. Avec les dix Sephiroth ils constituent les Trente-deux Sentiers de la Sagesse du Sepher Yetsirah » (Initiation au grade de Theoricus, 2°=9□, au sein de la Golden Dawn) [2].
Il doit être bien compris que la direction ou la course des lettres hébraïques telles que placées sur les Sentiers constitue un symbole ; le symbole du Serpent de la Sagesse. C’est là au sein du grade de Theoricus, tandis que nous pénétrons dans le plan astral de Yesod, que nous commençons à comprendre ce Serpent de la Sagesse. En effet, dans le cadre des enseignements de la Golden Dawn et de la structure de l’Arbre, les lettres que parcourt le Serpent vont de Tav, ת, Sentier de Malkhuth à Yesod, à Aleph, א, Sentier de Hokhmah à Kether, dans l’ordre inverse de l’alphabet.
En outre, nous avons la succession naturelle des Sephiroth (de Kether à Malkhuth) sous la forme de l’Épée Flamboyante ou de l’Éclair Fulgurant, au travers de qui passe la Mezla ou « Influence ». Ce terme prend sa source dans la kabbale lourianique du 16e siècle et se réfère à la lumière créatrice universelle qui est à la source de la création de l’univers. On l’identifie donc à l’énergie divine. Dans la cabale de Crowley, on l’associe à l’influence descendante de Kether — ce qui n’est pas totalement correct, sauf à considérer Kether comme étant l’Aïn Soph Aur. C’est ainsi que la Mezla [3], dans ce système, correspond au parcours de l’Épée Flamboyante [4].
Ainsi, les Sentiers sont le Serpent de la Sagesse tandis que les Sephiroth sont l’Épée Flamboyante. Il y a donc deux voies :
- Celle de l’Épée est celle des Émanations prenant naissance dans la sphère de Kether (en fait d’Aïn Soph Aur) afin d’atteindre le Royaume de Malkhuth. C’est un éclair de lumière frappant la terre, c’est la Voie de la Sagesse ;
- celle du Serpent de la Sagesse qui est celle du retour ; sa queue prend naissance dans la terre d’où il est issu et sa tête atteint la Couronne de Kether ; c’est la voie de la Gnose.
Au grade de Philosophus, 4°=7□, le Serpent sur l’Arbre de Vie reparaît, mais sous la forme du Serpent Nechustan, le serpent d’airain que fit façonner Moïse dans le désert. L’Arbre est simplifié et ne comporte que le Pilier du Milieu, avec Kether, Tiphereth, Yesod et Malkhuth, et les quatre Sentiers transversaux reliant Hokhmah et Binah, Hesed et Guebourah, Hod et Netzach. Pendant le rituel, l’hiérophante dit à l’initié : « voici le Serpent Nechustan que façonna Moïse. Et il le mit sur une perche — c’est-à-dire qu’il le fixa sur le Pilier du Milieu des Sephiroth, car c’est le réconciliateur des feux de Guebourah (Seraphim, les serpents de feu) ou de la Rigueur et les eaux de Hesed ou de la Miséricorde. Ce serpent est également une forme du Christ Réconciliateur, car il est connu comme Nogah parmi les Écorces, et comme le Serpent Céleste de la Sagesse. Mais le Serpent de la Tentation était le Serpent de l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal et non pas le Serpent de l’Arbre de Vie ».
Nous retrouverons, plus tard, le symbole du Serpent et de l’Épée repris et adapté par le courant de Thelema du mage Aleister Crowley. L’exposé le plus avancé et le plus clair se retrouve dans l’ouvrage Q.B.L. de Frater Achad, disciple de l’A∴A∴, dont nous reproduisons ci-après la traduction de l’annexe 2.
Dans sa préface à son livre The Egyptian Revival Frater Achad écrit :
« Il y a quelques mois, j’ai préparé un traité intitulé Q.B.L. devant exposer le processus kabbalistique et offrir une explication de l’Arbre de Vie et de ses correspondances selon le système que j’avais étudié et pratiqué pendant de nombreuses années.
Tandis que je l’écrivais, j’obtins certaines nouvelles idées qui semblaient indiquer la possibilité de restaurer l’ordre des sentiers dans leur forme originale. Ces idées que j’ai couché sur le papier tandis qu’elles m’arrivaient je les ai insérées dans les appendices du livre.
Brièvement, la nature du changement qui nous est suggéré était celui-ci : la tradition kabbalistique des derniers siècles veut que les Dix Sephiroth, ou “Émanations numériques”, furent formées par l’Éclair tandis que les “Vingt-deux Sentiers” furent produits par l’Ascension de Malkhuth à Kether du Serpent de la Sagesse.
Les Nombres de ces Sentiers allaient de Onze, transmettant l’influence de Kether à Hokhmah, à Vingt-deux, transmettant celle de Yesod à Malkhuth, la dixième et dernière Sephirah.
J’ai remis tout cela en doute, car le Serpent est dit s’élever et j’ai donc suggéré que le Onzième Sentier devrait aller de Malkhuth à Yesod, et ainsi de suite en remontant l’Arbre dans l’ordre exactement contraire.
Par l’expérimentation de ce nouvel arrangement, j’ai découvert que bien qu’il semblait qu’il y ait une amélioration certaine des Sentiers sous les Abysses, au-dessus tout le symbolisme s’inversait et se brouillait. Mais malgré tout cela offrait d’intéressantes combinaisons.
Plus encore, le nouvel arrangement des Sentiers inférieurs suggérait la possibilité d’une merveilleuse harmonie astrologique, car nombre d’entre eux (les Sentiers) étaient maintenant unis avec leur Gouverneur planétaire dans les Sephiroth. »
Cette prise de position assez audacieuse ne rencontra jamais l’approbation de Crowley qui jugera très durement les découvertes de son disciple :
« … et une plus grande imbécillité fut commise. Celui qui aurait dû savoir mieux que quiconque tenta d’améliorer l’Arbre de Vie en retournant le Serpent de la Sagesse cul par-dessus tête ! Et malgré cela il ne put rendre son schéma symétrique : le peu de bon sens qui lui restait se révolta face à ces atrocités suprêmes. Il réussit en outre à réduire l’ensemble de l’Alphabet Magique en un non-sens absolu démontrant qu’il n’avait jamais compris sa réelle signification. L’absurdité de la moindre disharmonie dans les arrangements des Sentiers est évidente pour l’étudiant quelque peu sobre. Prenons un exemple : Binah, l’Intelligence supérieure, est connectée à Tiphereth, la Conscience humaine, par la lettre Zaïn, les Gémeaux et les Oracles des Dieux, ou l’Intuition. Cette attribution représente un fait psychologique : y mettre le Diable est soit de l’humour ou de la simple idiotie. Ensuite, la carte Force, Lion, équilibre la Majesté et la Miséricorde avec la Force et la Sévérité : quel est le but de l’y remplacer par la Mort, le Scorpion ? Il y a encore vingt autres erreurs dans cette merveilleuse attribution illuminée par le délire ; l’étudiant peut dès lors être assuré de rire vingt fois encore s’il s’aventure à l’étudier. » [5]
Annexe 2 de Q.B.L.
Les kabbalistes nous disent que les Sephiroth ont été émanées par l’Épée Flamboyante ou Éclair, qui descend de Kether vers Malkhuth. Ils disent également que cela précédait l’Ascension du Serpent de la Sagesse formant les Sentiers. Ils décrivaient sa tête au sommet de l’Arbre sur le Sentier allant de Kether à Hokhmah, qui est également le premier Sentier de l’Épée Flamboyante. Cette idée est d’une grande importance, car elle permet de percevoir que chaque Sephirah reçoit une Influence de celle avant elle ; ainsi, on peut considérer Hokhmah comme à la fois réceptrice, ou féminine, du côté de Kether ; et émettrice, ou masculine, du côté de Binah. Le nom donné par les kabbalistes à cette Influence est la Mezla ou énergie qui relie les Sephiroth.
On peut se demander comment le Serpent qui formait les Sentiers ascendants de l’Arbre pouvait commencer sa course au sommet de l’Arbre et pourquoi les commentateurs plus anciens n’ont jamais considéré cette question vitale.
Qu’importe, découvrons ce qui se passerait si nous suivions le Serpent de la Sagesse (Nahash, נחש, 358) que les kabbalistes associent au Messie (Massiah, משיח, 358), et en nous souvenant que la « Sagesse de Dieu est folie pour les hommes », et commençons notre voyage par le onzième sentier qui mène de Malkhuth à Yesod et auquel on attribue l’Arcane du Fou=0 du Tarot.
En suivant l’ordre inverse des Sentiers et en conservant l’ordre exact des lettres d’Aleph à Tav tout en adoptant provisoirement les attributions des éléments, des planètes et du zodiaque, nous découvrirons que l’Arbre aura l’aspect suivant.
Le Onzième Sentier allant de Malkhuth à Yesod, attribué à l’Air, sera l’Aleph (א), le Fou.
Le Douzième Sentier de Malkhuth à Hod (la Sphère de Mercure) sera le Beth (ב), le Magicien, Mercure (☿).
Le Treizième Sentier de Yesod (Sphère de la Lune) à Hod sera celui de la Grande Prêtresse, Guimel (ג), la Lune (☾).
Le Quatorzième Sentier de Malkhuth à Netzach (la Sphère de Vénus) sera l’Impératrice, Daleth (ד), Vénus (♀︎).
Le Quinzième Sentier de Yesod à Netzach sera celui de l’Empereur, Hé (ה), Mars (♂︎).
Le Seizième Sentier de Hod à Netzach est celui de l’Hiérophante, Vav (ו), Taureaux (♉︎). Cette position de l’Hiérophante est celle du centre du Voile entre le Premier et le Second Ordre.
Le Dix-septième Sentier de Hod (Sphère de Mercure) à Tiphereth est celui des Amoureux, de Zaïn (ז), des Gémeaux (♊︎).
Le Dix-huitième Sentier de Yesod (le Sphère de la Lune) à Tiphereth est le Chariot, « Heth (ח), Cancer (♋︎). Les initiés noteront le symbolisme de cette carte du Nouvel Éon s’unissant celle de l’Hiérophante.
Le Dix-neuvième Sentier de Netzach à Tiphereth (la Sphère du Soleil) est la Force, Teth (ט), le Lion (♌︎).
Le Vingtième Sentier de Hod (la Sphère de Mercure) à Guebourah est celui de l’Hermite, Yod (י), la Vierge (♍︎).
Le Vingt-et-unième Sentier de Tiphereth à Guebourah (la Sphère de Mars) est celle de la Roue de la Fortune, Kaph (כ), Jupiter (♃).
Il nous faut souligner ici que quelque chose semble ne pas suivre le merveilleux plan des Sentiers planétaires conjoints aux Sephiroth ; et ici, j’indiquerai que la nature d’un changement pourrait faire une grande différence pour le reste de notre plan. Il semble qu’il n’y ait aucune raison valable pour que Kaph (כ) soit attribué à Jupiter et que Peh (פ) le soit à Mars. Les lettres sont très similaires en apparence, si ce n’est que Peh a une langue en plus, ce qui signifie la bouche, tandis que le Kaph est la paume de la main. D’un autre côté, Jupiter est la Sphère de l’autorité d’où émanent les instructions des Ordres qui peuvent être le Peh, la Bouche, tandis que Mars est mieux symbolisé par la paume de la main (qui est vide).
Par ce changement provisoire, nous découvrons que le Vingt-et-unième Sentier de Tiphereth à Guebourah (la Sphère de Mars) est la Maison-Dieu, Kaph, Mars.
Le Vingt-deuxième Sentier de Netzach (la Sphère de Vénus) à Hesed est la Justice, Lamed (ל), la Balance (♎︎).
Le Vingt-troisième Sentier de Tiphereth à Hesed est le Pendu, Mem (מ), les Eaux.
Le Vingt-quatrième Sentier de Guebourah (la Sphère de Mars) à Hesed est la Mort, Noun (נ), le Scorpion (♏︎).
Il est à noter qu’il s’agit ici du Second Sentier ou Voile des Abysses au-dessus duquel les idées ne sont vraies que pour autant qu’elles contiennent leurs opposés. Au-delà de ce Voile il ne m’est pas permis de vous mener pour le moment. Vous pouvez découvrir les correspondances par vous-mêmes et vous verrez alors qu’il y a certaines difficultés à obtenir les bonnes correspondances.
Bien assez a maintenant été dit pour établir un système parfait de correspondances digne de Thoth qui nous a donné ce livre. J’ajouterai simplement que cela vaut la peine de noter que les Sentiers sous Tiphereth sont ceux des unités dans l’alphabet hébreu, car il s’agit du Premier Ordre. Ceux en dessous de la Triade Supérieure sont les dizaines qui correspondent au Second Ordre, tandis que les Quatre Sentier Supérieurs sont les centaines et que leur nombre total est Mille qui est le Grand Aleph (ﬡ). Nous avons donc le Troisième Ordre de la Sainte kabbale.
Au-delà des Voiles.
Nous avons un amour particulier pour les enseignements de la Golden Dawn et pour ceux de Frater Achad. La présence de la Voie du Serpent de la Sagesse et de l’Éclair Foudroyant dans les enseignements de l’Aube Dorée se justifie par le système initiatique calqué sur l’Arbre de Vie et le franchissement des étapes et, surtout, des Voiles. Le système de la Golden Dawn en ce sens offre matière à travail si l’on désire approfondir les énergies des Sephiroth.
Le système de Frater Achad est plus particulier et demanderait un livre à lui tout seul pour en montrer les beautés et les fractures. La critique de Crowley est, pour une fois, assez juste.
Quoi qu’il en soit le but évident des systèmes de la Golden Dawn, thélémite ou des Philosophes de la Nature demeure de progresser sur le sentier de l’initiation, de passer au travers du Voile de Paroketh et de franchir les Abysses. Et nous allons voir que la dispute entre Crowley et Frater Achad pourrait bien être arbitrée ici par un kabbaliste ancien.
Dans le système GD, les quatre Sephiroth inférieures — Malkhuth, Yesod, Hod et Netzach — représentent ce que l’on pourrait qualifier de sphère de l’ego (et Premier Ordre de l’Ordre Hermétique de l’Aube Dorée) que l’initié doit dépasser en soulevant le Voile de Paroketh pour accéder à Tiphereth et à l’Ordre intermédiaire de la Rosæ Rubeæ et Aureæ Crucis (RR & AC). Pour se faire, il se doit de gravir par la Voie du Serpent les Sentiers de Tav (ת), Shin (ש), Resh (ר), Qoph (ק), Tsadé (צ) et enfin Samekh (ס).
Ensuite, l’initié doit franchir les Abysses qui se situent au-dessus de Guebourah et de Hesed afin d’atteindre la Triade Supérieurs constituée des Sephiroth Binah, Hokhmah et Kether. Cette Triade représente la Conscience Supérieure qui transcende la conscience humaine. Ce concept d’Abysses, même s’il est utilisé pour signifier d’autres choses, se retrouve déjà dans la kabbale traditionnelle et trouve sa source dans la Genèse : “La terre était informe et vide : il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme, et l’esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux” (Genèse 1, 2). Le concept sera récupéré par la Golden Dawn, puis par Aleister Crowley : “Le nom de Celui qui réside dans les Abysses est Choronzon, mais il ne s’agit pas réellement un individu. Les Abysses sont vides de toute vie ; il n’est empli que de toutes les formes possibles, toutes inanimées, toutes par conséquent maléfiques au sens premier du terme — c’est-à-dire, vides de sens, mais malignes dans leur volonté d’accéder à la réalité” (Aleister Crowley, The Confessions, Bantam, 1970). Et d’ajouter dans Petits Essais vers la Vérité : “cette doctrine est extrêmement difficile à expliquer ; mais elle correspond plus ou moins à l’espace dans la pensée entre le Réel, qui est idéal, et le Non Réel, qui est réel. Dans les Abysses toutes les choses existent, réellement, du moins en tant que possibilité, mais elles n’ont pas de signification réelle, car elles manquent du substrat de Réalité spirituelle. Elles sont apparences sans Loi. Ce sont donc des Illusions Démentes”.
Et cette progression explique la présence du chemin de l’Épée Flamboyante et du Sentier du Serpent de la Sagesse. L’initié doit effectivement s’assurer de la descente abondante et suffisante de la Mezla (ou Influence Supérieure) de Kether à Malkhuth par des exercices propres à la Golden Dawn[6], ou à ses descendants l’Astrum Argentum, la Stella Matutina, que nous retrouverons plus tardivement dans les enseignements des Philosophes de la Nature. Car si l’on peut appréhender l’Épée et le Serpent comme de simples symboles permettant une connaissance approfondie de l’Arbre de Vie, leur réelle raison d’être est de servir de balisage aux travaux de l’initié sur la Voie de l’Élévation au sein de l’Arbre, et donc de sa progression dans son développement magique et mystique.
Pour conclure sur ce sujet, il paraît à présent évident que les structures de l’Arbre de Vie que l’on rencontre dans les traditions GD et post-GD ont pour but d’offrir à l’initié une carte dans le territoire mystique qu’il doit traverser afin d’atteindre à la Réalité Supérieure. L’Épée permet de symboliser le travail de la descente de l’énergie, tandis que le Serpent symbolise la remontée de l’initié : si l’on prend l’Arbre de Vie de la Golden Dawn, les lettres de la Voie du Serpent se succèdent dans leur ordre naturel, d’Aleph à Tav, de haut en bas ; de même dans le système de Crowley (avec des attributions différentes aux Sentiers qui ne concernent pas cet article) ; par contre, la structure de l’Arbre “reconstruit” par Frater Achad, les lettres sont inversées, d’Aleph en bas à Tav en haut. Si ces deux structures démontrent le but ultime de la Voie du Serpent, elles diffèrent grandement des attributions traditionnelles des lettres hébraïques aux Sentiers que l’on rencontre chez les kabbalistes tels Louria ou Cordovéro. Ces différences renforcent donc notre conviction concernant la structuration de l’Arbre en fonction d’une progression initiatique au sein de groupes magiques. Cependant, si l’on cherche à harmoniser le placement des lettres sur les Sentiers afin de retrouver le Voile de Paroketh, la seule représentation “juste” est celle de l’Arbre de Vie du Gra, publié avec son commentaire du Sepher Yetsirah, qui contient sur les Sentiers des Sept Sephiroth inférieures les quatre lettres de Paroketh, פרכת, qui coïncident avec les principaux axes que l’initié doit franchir afin de franchir le premier voile du Premier Ordre.
Plus sur le sujet :
Le Serpent, l’Éclair Fulgurant et les Abysses, Spartakus FreeMann, février 2020 e.v.
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[1] Afin de distinguer la Kabbale traditionnelle de celle pratiquée dans les courants magiques modernes, j’opte pour la graphie « cabale » dans le deuxième cas, c’est-à-dire pour faire référence aux écrits des thélémites, avec Crowley et Frater Achad en chefs de file, ou de Kenneth Grant. Je laisse à part les enseignements originaux de la Golden Dawn qui constituent la frontière entre les deux, si je puis dire.
[2] L’autel au grade de Zelator (1°=10□) porte déjà la représentation de l’Arbre de Vie avec le Serpent et l’Épée Flamboyante.
[3] Dans son I.N.R.I., Achad écrit : « L’influence de la Rose est cette Mezla qui est l’influence de la Couronne (Kether) qui descend comme la Rosée sur la Rose tout en unissant les Sephiroth de l’Arbre de Vie. Celui-ci est lui-même formé comme une Ankh qui n’est rien d’autre que la forme de la Rose et de la Croix utilisée par nos Frères de l’Antique Égypte comme un Signe de leur Voie ; comme telle il s’agit là de la Clé de la Rota ou du Taro de Thoth. »
[4] Ajoutons que le principe de Mezla prendra une grande place dans le système des Philosophe de la Nature ; nous renvoyons le lecteur vers les cours en ligne.
[5] Aleister Crowley, Magick in Theory and in Practice.
[6] Par exemple les exercices du Pilier du Milieu devant recentrer les énergie ou encore les méditations sur les Sephiroth et les exercices de visualisation de la descente de l’énergie de Kether à Malkhut.