La Shekhinah 1

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La Shekhinah 1 par Prospéro

« Sans doute le kabbaliste commence son ascension vers la Lumière à partir de l’amour des hommes, pour ensuite s’ouvrir à un amour plus vaste, universel, qui n’est pas oubli de l’amour pour un individu, mais sa plénitude ».

M-A Ouaknin

La Shekhina… Voilà un terme utilisé par les kabbalistes qui est souvent très mal compris des occulteux contemporains. Il nous semblait donc utile de rassembler certains matériaux qui pourront, si le Saint béni soit-Il le permet, éclairer les cherchants actuels sur l’intime relation que renferme ce mot. Nous sommes ici en contact avec la chaude féminité de l’Éternel, nous entendons les chants de la Sulamite sous son pommier, nous regardons avec frayeur notre Lilith s’avancer du Désert, Noire et Belle comme de toute Éternité… Nous participons aux Noces Royales, ces Noces d’Or – voire d’Our – si éloignées des vulgaires hiérogamies partouziques et des illusions données par le plaisir-foudre des masturbations éroto-intellectuelles.

Suivez-nous un instant dans ce Plaisir de la découverte… Dans la découverte du Plaisir…

Prospéro.

PS : ce dossier ne se veut aucunement original, il se veut acte de connaissance.

Eléments de découverte

Parler de la Shekhinah c’est parler de la Terre car Malkhut désigne la Shekhinah, la Présence de Dieu. Le concept de Shekhinah apparaît pour la première fois, et l’unique fois également, dans Exode XXV, 8 : « Et ils feront pour moi un sanctuaire et je résiderai parmi eux ».

« Dans la littérature midrashique, ce terme n’apparaît jamais dans la Torah et n’est qu’introduite comme nous venons de le lire, la Shekhinah n’était qu’un nom de Dieu, au même titre que Kaddosh-Barouch-Hou (le Saint-Béni-Soit-Il), mais progressivement ce nom a servi à désigner plus particulièrement le Dieu immanent, la Présence de Dieu, alors que le nom Kaddosh-Barouch-Hou devient le nom du Dieu transcendant (Arich Anpin, mais non pas l’EnSof) » (Guy Casaril, Rabbi Siméon Bar Yochaï). Dans la littérature rabbinique, la Shekhinah symbolise la manifestation de Dieu dans le monde matériel, particulièrement à travers l’image de la lumière : « De même que le soleil rayonne à travers le monde, ainsi fait la Shekhinah » (Sanhédrin 39a). Maïmonide estime que la Shekhinah est « la lumière créée queDieu fait descendre d’une manière miraculeuse dans un lieu pour le glorifier » (Guide des Egarés I, 64) et c’est Elle qui se révèle aux prophètes et non Dieu Lui-même (Guide des Egarés II, 21). La Shekhinah est donc la Présence de Dieu manifeste ainsi sa lumière divine, lumière qui est le lien entre le divin et le non divin.

Dans la kabbale cette différence purement nominale devient une distinction effective : la Shekhinah est le versant féminin de Dieu, le Kaddosh-Barouch-Hou le versant masculin. La Shekhinah est l’élément passif, la Reine, l’Épouse, l’Amante, la Promise et l’autre nom représente l’élément actif, le Roi, l’Epoux, l’Amant. Pour les kabbalistes la Shekhinah correspond ainsi à la Sephirah Malkhut, associée au Hé, dernière lettre du tétragramme יהוה. Ainsi, la Shekhinah s’entend aussi « shakin Hé », la « demeure du Hé » c’est-à-dire la permanence du Souffle divin. Mais l’observation du mot Shekhinah en hébreu révèle aussi qu’il s’agit du mot « shakén », auquel ont été ajoutées les deux premières lettres du Tétragramme : יה. Shekhinah peut donc aussi se comprendre : « la demeure du Yah » (Virya). La racine de Shakhen (résider) est Ken qui n’a aucune signification particulière si ce n’est une interjection « Oui, c’est ainsi… » Ken est formé par les lettres כ, Kaf et נ, Noun et sa numération est soit 70 (petite numération) soit 720 (grande numération avec le Noun final). Par là nous pouvons comprendre que le Souffle Vivant habite réellement le lieu…

La Shekhinah est également associée à la sephira Binah : « Cette sephira est appelée Shekhinah d’en haut. Il en va vraiment ainsi, et nos maîtres, de mémoire bénie, ont dit : ‘De même qu’il y a une Shekhinah en haut, ainsi il y a une Shekhinah en bas‘ » (Sheqel haQodesh, p. 128 éditions Verdier). Toutefois, et toujours selon le Sheqel haQodesh, l’analogie de tous les éléments de la Shekhinah d’en haut avec la Shekhinah d’en bas est totale et tous les attributs de la Shekhinah d’en haut s’épanchent sur celle d’en bas dans laquelle on peut donc retrouver toutes les qualités, dans un état latent toutefois. La Shekhinah s’épanche elle-même sur les êtres d’en bas et leur confère par là force, vaillance et satisfait à tous leurs besoins.

La Valeur numérique de Shekhinah est égale à 385 (300 + 20 + 10 + 50 + 5), ce nombre dénote la qualité subtile et malléable de la Présence ; en effet, 385 est aussi la valeur numérique de « haRaqiâ », le firmament et de « haÄrafel », la nuée qui enveloppe Dieu en sa Présence que seul Moïse approcha. À noter aussi que 385 est la numération de Hashalim, השלים, faire la paix.

Voici ce que nous dit le Bahir quant la Shekhinah (traduction Virya) :

§75 -Pourquoi la Torah dit-elle « Tsédéq, Tsédéq » deux fois ? Il dit, Parce que l’Écriture continue (Psaume 18:13), « de la lueur qui le précédait ». Le premier « Tsédéq » est littéralement la Justice. C’est la Shekhinah, ainsi qu’il est écrit (Esaïe 1:21), « Tsédéq réside en lui ». Quel est le second « Tsédéq » ? C’est la Justice qui effraie le Juste. Et cette Tsédéq est-elle ou pas la Tsédaqah ? Il répondit, non, pourquoi le serait-elle ? Parce qu’il est écrit (Esaïe 59:17) : « Il se revêt de la Tsédaqah comme d’une cuirasse, Et il met sur sa tête le casque du salut ». Sa tête (rosh) n’est rien d’autre que Vérité. Ainsi qu’il est écrit (Psaume 119:160), « La tête (rosh) de Ta parole est Vérité ». La vérité n’est rien autre que Paix. Ainsi qu’il est écrit (Esaïe 39:8) : « Il y aura Paix et Vérité dans mes jours ». Est-il possible pour un homme de dire cela ?

§ 119 – Quel est l’arbre dont tu parles? Il répondit: Il représente les puissances du saint, béni soit-Il, les unes au-dessus des autres. De même qu’un arbre produit des fruits grâce à l’eau, ainsi le Saint, béni soit-Il accroît la puissance de l’arbre par l’eau. Quelle est l’eau du saint, béni soit-Il. C’est Hokmah (la sagesse), et c’est les âmes des justes, qui volent de la source pour parvenir au grand canal, qui s’élève et s’attache à l’arbre. Comment volent-elles ? Grâce à Israël. S’ils sont bons et justes, la Présence (la Shekhinah) demeure parmi eux. Leurs actes reposent alors dans le sein du Saint, béni soit-Il, qui les rend fructueux et les multiplie.

§ 120 – Comment savons-nous que la Présence (Shekhinah) s’appelle « Tsédéq » (Justice)? Il est écrit: « Il chevauche les cieux par ton aide et les nuées dans sa majesté » (Deut. 33:26). Et il écrit également: « Les cieux (Sheh’aqim) seront parcourus par Tsédéq » (Isaïe 45:8). Tsédéq est la Présence divine, ainsi qu’il est écrit: « Tsédéq demeure en lui » (Isaïe 1:21). Tsédéq fut donné à David, lorsqu’il écrit: « Yhwh régnera à jamais, Ton Dieu, Tsion, de génération en génération! » (Ps. 146:10). Et il est écrit: « Tsion qui est la cité de David » (I Chron. 11:5).

L’unité divine

Selon la théorie de la Kabbale, l’unité divine originelle a été brisée dès le début de la création, c’est pourquoi les aspects masculins de la divinité, représentés par les Sephiroth Tiphereth et Yesod, sont séparés du féminin, la Shekhinah. C’est par un travail constant sur soi et par l’accomplissement des lois de la nature à travers les commandements divins, que se restaure l’unité originelle des dix Sephiroth et donc l’unité de Dieu. La Shekhinah est l’aspect du divin le plus proche de nous et de la matière, c’est pourquoi elle est très vulnérable à la Sitra haRa (le côté obscur de la création) et à la souffrance. Le Zohar, tout particulièrement, insiste sur ce côté sombre et démoniaque de la Shekhinah exilée de son Roi. « Sa place n’est donc pas en haut et sa résidence n’y est pas, dès lors sa place est vacante en haut » (Shequel haQodesh, p. 222), ceci marque l’exil de la Shekhinah qui réside malgré tout simultanément en haut et en bas à condition que les Israélites habitent leurs demeures. Donc, l’exil de la Shekhinah existe du fait de la destruction du Temple et donc de l’exil d’Israël, exil que par extension nous pouvons appliquer à tous les hommes de cette terre qui sont en exil d’eux-mêmes car en exil de Dieu. Selon le Shaaréi Orah, l’exil de la Shekhinah provient du péché du Adam haRichon, l’homme primordial. L’exil de la Shekhinah dura jusqu’à la construction du premier Temple par le roi Salomon comme il est écrit « Ils me feront un sanctuaire et j’habiterai, shak’hanati, au milieu d’eux » (Exode 25:8), et même si il lui arrive de quitter ce lieu, elle y restera attachée pour l’éternité comme il est écrit : « C’est mon repos à tout jamais, là je siégerai, car je l’ai désiré » (Psaumes 132:14). Il est écrit qu’Abraham a réussi l’union de la Shekhinah d’en haut et de la Shekhina d’en bas en unissant les Sephiroth Bina et Malkhut selon le secret du nom יהוה אדני, qui est le secret du Tikkun, de la réparation de la brisure.

Pour revenir sur la symbolique des Sephiroth, la Shekhinah est associée à la Sephira Binah, dans son Émanation supérieure, et à la Sephira Malkhut en son Émanation inférieure, et nous lisons dans le Shaaréi Orah de Gikatila : « Dès lors que tu as réalisé ceci, lorsque, dans la Torah, tu trouveras יהוה écrit אדני, tu sauras et comprendras que c’est des Sephiroth, dont il est question : la Sephira Binah, qui s’écrit יהוה et se prononce Elohim est la Sephira Malkhut qui est prononcée אדני, secret de : « יהוה est ma force » (Habacuc 3:19). L’union de ces deux Sephiroth signifie alors que le monde est totalement réparé et accompli, car tous les canaux abondent et les bénédictions parviennent à la Sephira Malkhut. Un des noms de la Sephira Bina est Shekhinah Eilah, שכינה עילאה, la Présence Suprême parce qu’elle est le secret de la réception du Shefa, de l’abondance, du monde supérieur. Le Shefa est dispensé vers la Sephira Malkhut afin que la Shekhinah d’en bas la distribue aux êtres d’en bas. Lorsque la Shekhinah reçoit les bénédictions d’en haut, elle est appelée Miqvé haMayim, מקוה המים, Bassin des Eaux, et quand elle ne reçoit pas elle s’appelle Yabashah, השבי, Sèche.

La Shekhinah est également appelée « Lit de Salomon » (Shequel haQodesh) : « Voici son lit, celui de Salomon; soixante hommes forts l’entourent, d’entre les hommes forts d’Israël. » (Cant des Cant 3:7). Et le Zohar Soncino, Shemoth, 2 5a, explique que le Lit de Salomon est une référence à la Shekhinah ; le Cantique des Cantiques est le « Saint des Saints » et reflète l’histoire de ce monde et le mariage de la Shekhinah et de Dieu.

La Shekhinah est, selon le Cantique, protégée par 60 anges avec 10 autres cachés parmi eux. Le Lit est la Shekhinah et Salomon est le Roi d’en haut. Ces 60 hommes forts nous renvoient aussi à la symbolique du Temple de Salomon et aux Candélabres qui y furent déposés. En effet, ces candélabres sont des Menorah composées de 7 branches qui représentent 6 flammes entourant une septième qui est disposée au centre. La flamme au centre est la Shekhinah et les 6 flammes qui l’entourent sont ses gardiens. C’est pourquoi Salomon déposa 10 Menorah dans le Temple afin de symboliser les 60 braves d’Israël, les 60 anges, préposés à la garde de la Shekhinah.

L’exil de la Shekhinah (Virya) : « Ce processus d’exil de la Shekhinah ne se produit que dans le cas où l’on « ne fait plus« , et que le néant nous réduit. La réduction de notre sphère d’existence intérieure a pour effet de rapidement nous laisser submerger par nos pensées. Dans le cas d’un processus évolutif, une pensée émise va jusqu’au bout des limitations, et bute finalement sur le néant qui la renvoie vers sa source, un peu comme une onde radar.

Dans le cas d’une situation évolutive en expansion de conscience, tout ce que la personne émet part très loin, a le temps de mûrir et de s’épuiser ou s’adoucir avant de revenir vers son émetteur. Mais, si la sphère d’existence est très réduite, alors les vibrations émises buttent très vite sur le néant et reviennent quasi instantanément. La personne se trouve rapidement submergée par tout ce qu’elle génère, et dans un premier temps, n’a plus de place pour accueillir la Présence divine ; c’est le début de son exil. Isolée, la personne ne peut plus réagir pour inverser le processus, car elle est devenue esclave de ses limitations ; c’est l’esclavage en Égypte. En terminologie kabbalistique, ceci revient à tomber sous l’emprise des Qlipoth (coquilles) qui sont un aspect perverti de la lumière. Lorsqu’une vibration émise part dans un espace suffisamment grand, elle a le temps de s’épanouir et de se transformer en lumière évolutive. Mais si l’espace est trop restreint, elle reste stérile et encombre l’espace de son émetteur, elle devient une Qlipah (coquille). Les Qlipoth prennent alors progressivement la place de la Présence, et la personne occupant de l’espace réside sur l’amas de ses propres résidus, l’individu produit une sorte de catastrophe écologique intérieure qui ne tardera pas à se manifester à l’extérieur…

Mais l’exil va encore plus loin et crée une situation bien plus grave. Si la personne n’a toujours pas réussi à inverser le processus, le néant, les limitations et les Qlipoth ne vont finalement plus lui laisser de place pour exister. Elle se trouve ainsi expulsée hors d’elle-même, et commence dès lors un « galouth », un exil dont le sens réel est « tourner sans but ». Ceci est semblable à quelqu’un qui quitte sa maison confortable pour errer autour comme un mendiant. Dans ce Galouth ou cherche sa « terre promise », c’est-à-dire que l’on aspire à réintégrer sa véritable place, tourné vers le futur. L’illusion de galouth rend difficile le retour à sa propre nature, les personnes dans cette situation ont tendance à se chercher dans les autres et à vivre leur vie à travers l’illusion de la vie des autres, qui sont peut-être aussi en train de se chercher.

Même en lui expliquant l’importance de la mise en route de la volonté et de l’action il est très difficile de faire réagir quelqu’un dans une telle situation. Cette personne, en état de « non-faire », peut difficilement soumettre à un travail de reconstruction, nécessitant, il est vrai, beaucoup d’efforts, car elle sera très vite découragée. C’est pourquoi le Rabbi Nah’man de Breslev enseignait que si on ne peut dire une prière entière (se mettre à parler), alors n’en prononcer d’abord que les premiers mots. Comme beaucoup de prières commencent par « Ribono Shél Olam », Maître du Monde, il conseillait de répéter simplement cette phrase, comme un mantra. Cette répétition aide à remettre en mouvement une étincelle du processus évolutif et redonne un peu de lumière. Reconnaître qu’il y a un Maître du monde, c’est aussi reprendre conscience d’un immense espace dont on s’est coupé. Rabbi Nah’man disait que pour que le processus se remette en mouvement de façon certaine, il fallait répéter la formule au moins trois mille fois. Le retour de la lumière de la Présence aura pour premier effet de chasser les Qlipoth et aidera la sphère de la personne à évoluer de nouveau.« 

Arrivé à un certain stade de l’expansion de son espace, on se rend compte que les pensées émises s’épuisent à atteindre le néant, ce qui en revient est dissous dans l’immense lumière de la Présence. On connaît alors une véritable expansion de conscience et un état de sérénité absolu que rien ne peut plus troubler. Au moment, la Fiancée retrouve le Fiancé : « Dodi li Veani lo« , « Mon Bien-Aimé est pour moi et je suis pour lui » (Cantique 2 :16).

Le mystère de leur union est représenté par un symbolisme d’ordre sexuel. Rabbi Siméon dit : L’union entre mâle et femelle est appelée Un et seulement quand la femme est unie au mâle on peut employer le mot « Un”. (Zohar III, 7 b) Le Roi connaît la Shekhinah et celle-ci accouche du monde sephirotique – c’est-à-dire de la vie du monde au sein de Dieu. Le Zohar abonde en allusions aux rapports sexuels entre l’Époux et l’Épouse, le terme d’Épouse correspondant à Shekhinah, à Malkhut. AD Grad écrit à ce sujet : « Si l’on veut unir en haut, c’est toujours la même histoire. On parle toujours d’unifier. Si l’on veut unir en haut, il faut commencer à unir en bas. Si l’on unit pas en bas, si l’on fait fi de l’Éros, on n’arrivera jamais à unifier en haut, parce qu’en plus haut, la Shekhinah, résidence divine, partie féminine de la divinité, en exil pour l’instant, doit rejoindre le « Kaddosh-Barouch-Hou » (Le Saint Béni Soit-il). La Shekhinah doit rejoindre la partie masculine de la divinité que l’on retrouve dans le Tétragramme sacré. Ces deux parties, essentielles n’en font qu’une, et elles sont séparées. L’exil de la Shekhinah – Sakina pour les musulmans, Shakti pour les hindous – implique la souffrance. L’identification est un problème, et en particulier celui de l’Éros -Il faut qu’il y ait réintégration, sortie de l’exil. En Kabbale cela va loin, puisque l’on dit si Israël reste en exil, la Shekhinah reste en exil avec lui« .

AD Grad : « Il faut bien avoir présent à l’esprit que l’hébraïsme originel est charnel. C’est une histoire de chair. Ce n’est pas une vue métaphysique. Il faut « connaître » bibliquement « quand Adam connut Eve », ce verset contient la connaissance charnelle. L’homme ne peut pas découvrir la femme, s’il ne la connaît pas charnellement. Sinon il ne sait pas comment elle est fabriquée, comment elle fonctionne. Sa découverte va peut-être même susciter l’amour. Il est possible qu’au départ il n’y ait pas d’amour, et que subitement il va y avoir une révélation qui vient d’une histoire vivante. À la différence d’une philosophie quelconque, l’hébraïsme est une démarche de vie. Dans le Deutéronome il est écrit : « Choisis la vie, tu as la vie et la mort devant toi ». Or la vie n’est pas quelque chose de statique, qui ne demeure jamais dans le même état. Comme la conscience, un flux permanent, mais qui n’est jamais le même. Il y a une question de mouvement. L’immobilité, c’est la mort. Si l’on choisit la vie, on choisit tout ce qui fait que la vie est vie. Et la vie surgit de quoi, de l’amour, du véritable amour, charnel. On ne peut pas en faire des dissertations platoniques, que ce soit clair.« 

Jean de Pauly : Le désir que la femelle éprouve pour le mâle ne se réveille que lorsque l’esprit du mâle le pénètre ; c’est alors seulement que la femelle lance ses eaux à la matière fécondante du mâle d’En Haut. De même, la Knesseth-Israël n’éprouve de désirs pour le Saint-Béni-Soit-Il que parce qu’elle est pénétrée de l’esprit des Justes ; c’est alors seulement que la Knesseth-Israël fait jaillir ses eaux à la rencontre de la matière fécondante du mâle ; alors la volupté devient égale, c’est-à-dire commune au mâle et à la femelle, de manière que le mâle et la femelle ne forment plus qu’un faisceau, qu’un noeud. Cet état fait les délices de tous. (Zohar I, 60 b).

Il y a une Shekhinah appelée »servante” et une Shekhinah appelée ‘Fille du Roi”. (…) Le corps dans lequel la « Fille du Roi” s’est incarnée n’appartient certainement pas aux zones inférieures. Quel était le corps dont la « Fille du Roi” s’est enveloppée durant son séjour terrestre ? Métatron. Ce corps est « Servante” et son âme « Fille du Roi”. (Zohar II, 94 b). La Shekhinah-Servante est en correspondance avec la dernière Sephira, Malkhut. Fille du Roi, phase intime, correspond, par l’intermédiaire de la troisième Sephira Bina (Intelligence), au Visage Transcendant (Arich Anpin) de la hiérarchie sephirotique.

« Comme la Vierge, la Shekhinah est la médiatrice parfaite auprès du roi » (Zohar II, 51 a), elle est « avec Israël en Exil et elle obtient la rémission de ses péchés ». (Zohar I, 191 b).

Mais, parce qu’elle prend figure de Rédempteur et de Messie, la Shekhinah correspond aussi à Jésus ! A la fin des jours elle exterminera du monde les légions de Samaël (Le Mal) (Zohar II, 51 b) et tous les peuples se réfugient sous ses ailes (Zohar II, 69 b) » (Guy Casaril, Rabbi Siméon Bar Yochaï). La Shekhinah est ainsi liée au messianisme juif d’une manière tout à fait particulière. Le Zohar écrit : « Une nuit sans jour, un jour sans nuit, ne méritent pas le nom d’ « Un”. De même, le Kaddosh-Barouch-Hou Et la Knesseth-Israël sont appelés « Un”, mais l’un sans l’autre n’est appelé « Un”. Ainsi depuis que la Knesseth-Israël est en Exil, le Kaddosh-Barouch-Hou n’est pas -si l’on peut dire -appelé « Un”. Mais à la fin de l’Exil, lors du retour de la Knesseth-Israël, il sera de nouveau appelé « Un” » (Zohar III, 93 b). Elle est Malkhut, Royauté, c’est-à-dire la Shekhinah. À l’origine le roi et la Matrone, Dieu et la Shekhinah étaient unis : ensemble ils étaient appelés Un. Le péché d’Adam a détruit cette union, a séparé la Royauté (Malkhut) de la Couronne (Kether) et la Shekhinah s’est retrouvée exilée loin de Dieu. L’unité est brisée. À la fin des jours, la Shekhinah se réunira au Roi, et ils seront tous deux ensembles appelés Un. Le dualisme des personnes mâle et femelle en Dieu n’est qu’un facteur transitoire, historique, entre deux états d’Unité qui sont l’état vrai de Dieu, Éternel Un, Un en tant qu’Éternel.

À la fois En Sof et monde sephirotique, Dieu et Shekhinah, Dieu demeure Un. La qualité d’apparence et la multiplicité des attributs ne sont qu’une manière humaine de comprendre l’unité de Dieu. Dieu paraît multiple lorsque l’on voit les Ashorim (dos), il est Un pour celui qui voit les Panim (faces).

Selon le Zohar (III, 107a), le verset 1 du Cant. des Cant. II « Je suis la rose de Saron, le lis des vallée« , signifie l’Amour de Dieu pour la Communauté d’Israël, et de la Shekhinah, qui est Rose de Saron parce qu’Elle s’épanouit avec splendeur dans le Jardin et Elle est appelée lis car Elle a le désir d’être arrosée par le flot profond de Celui qui est la source. Le lis des vallées nous rappelle aussi la profondeur dans laquelle la Shekhinah se trouve, et son exil de Dieu. Le lis a six pétales, rappelant ainsi le Magen David.

« Place-moi comme un sceau sur ton coeur, comme un sceau sur ton bras (…), ses traits sont comme des traits de feu, une flamme du Seigneur » (Cant. des Cant. 6:6) : ce sont là les paroles de la Shekhinah exilée, désirant la montée des eaux inférieures (Malkhut) vers les eaux supérieures, désir d’une étreinte et d’une union parfaite. Ainsi, la Shekhinah dit « place-moi comme un sceau”, car l’empreinte du sceau restera même après que le sceau ait été enlevé. À ce sujet, dans Zohar I, 244b, il nous est ramené ce qui suit : « Toujours c’est le mâle qui poursuit la femelle, cherchant à provoquer son amour, mais ici nous voyons la femelle poursuivre le mâle et le courtiser, chose que l’on considère habituellement comme convenant bien peu à la femelle. Mais en cela, il y a un profond mystère, l’un des trésors les plus précieux du Roi. Nous savons que trois âmes appartiennent aux degrés divins. Et même quatre, car il y a une âme suprême qui, à coup sûr, ne peut être perçue par le gardien du trésor inférieur ni même par le gardien du trésor d’en haut. Tout dépend d’elle qui est drapée dans un voile à l’éclat éblouissant… Mais il en est une autre, une âme femelle, cachée parmi les légions et à laquelle un corps adhère, par lequel elle exprime sa puissance, comme l’âme dans le corps humain… Pourtant une autre âme encore s’y trouve, à savoir les âmes des justes d’en bas qui, émanant des âmes supérieures, l’âme de la femelle et l’âme du mâle, ont donc la prééminence sur toutes les légions et les armées célestes… Seules les âmes des justes, ici, sur cette terre, peuvent éveiller l’amour de la Communauté d’Israël (et de la Shekhinah) pour Dieu, car elles viennent du côté du Roi, du côté mâle. »

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Plus sur le sujet :

La Shekhinah 1 par Prospero.

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