La Rose-Croix rénovée par Stanislas de Guaita.
L’Ordre antique de la Rose-Croix était près de s’éteindre, il y a trois ans, quand deux héritiers directs de ses augustes traditions résolurent de le rénover, en l’affermissant sur de nouvelles bases : on reconstitua le Conseil occulte des Douze ; les cadres du 2e degré ne tardèrent point à se remplir. Un cercle extérieur fut enfin créé, et maintenant la vie circule à flots dans l’organisme mystique du colosse rajeuni.
Il nous est loisible de fournir ici quelques extraits d’une constitution jusqu’alors rigoureusement secrète de la Rose-Croix rénovée.
En apparence (et extra), la Rose-Croix est une Société patente et dogmatique, pour la diffusion de l’occultisme.
En réalité (et intrus), c’est une Société secrète d’action, pour l’exhaussement individuel et réciproque ; la défense des membres qui la composent; la multiplication de leurs forces vives par réversibilité; la ruine des adeptes de la magie noire ; et enfin la lutte pour révéler à la théologie chrétienne les magnificences ésotériques dont elle est grosse à son insu.
En somme, c’est un arbre dont les racines doivent puiser leurs éléments nutritifs dans le sol fertile du 1er degré (Biologie);
Dont les branches doivent fleurir en fraternité scientifique dans le 2e degré (Théorie) ;
Et fructifier en œuvres dans le 3e degré (Pratique).
Dans la pépinière du premier degré, le Conseil des Douze (3e degré) choisit les membres du second degré.
Les membres du 2e degré (a fortiori, le cas échéant ceux du 3e); organisent des conférences pour l’enseignement des membres du 1er degré, dont ils doivent diriger les études. Mais leur rôle principal est d’exécuter les instructions du Conseil des Douze.
Les adeptes du 2e degré se trouvent ainsi à cheval sur le mur qui sépare le Patent de l’Occulte, l’Externe de l’Interne, et la Société ouverte dogmatique de la Société secrète d’action.
Les membres du 2e degré ont le droit d’adresser des vœux aux Douze ; mais individuellement. — Réunis, ils ne peuvent ni délibérer, ni prendre des conclusions quelles qu’elles soient, au sujet des instructions reçues des Douze.
Les membres du 2e degré jurent le secret et doivent obéissance. Néanmoins ils sont libres de se retirer en démissionnant : à charge simplement de tenir en gens d’honneur leur serment de discrétion, sur tout ce qu’ils ont pu connaître de nos mystères et de nos délibérations, y compris l’ordre même qui a motivé leur retraite.
Les Douze prennent des décisions à l’unanimité des voix, et les membres du 2e degré en exécutent la teneur. Un seul des Douze, opposant son VETO formel, suffit à faire repousser un projet et passer, sans discussion, à l’ordre du jour pur et simple.
Cependant (et ceci restera secret parmi les Douze) etc.
Tel est ce fragment d’un Concordat jusqu’ici connu de ceux-là seuls qui l’ont signé ; je veux dire les membre du Conseil des Douze, et les chefs du deuxième degré : tous ceux en un mot, dont le paraphe — in fraternitate R∴+∴ — est suivi de l’hiéroglyphe « aleph ».
Le Conseil des Douze se compose de six membres connus et de six membres inconnus : le rôle de ces derniers consisterait à réédifier l’Ordre en sous-main, si jamais une cause quelconque venait à le dissoudre.
La Rose-Croix rénovée compte déjà plus d’un millier d’adhérents.
Plus sur le sujet :
La Rose-Croix rénovée, Stanislas de Guaïta.
Tiré de l’ouvrage Essai de Sciences Maudites – Tome 1 : Au Seuil du Mystère, Georges Carré éditeur, Paris, 1890.
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