L’Ordre du Temple : les dérives

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L’Ordre du Temple : les dérives par Spartakus FreeMann.

Le mythe de l’Ordre du Temple fut, comme nous venons de le voir, repris au cours des derniers siècles : par la Franc-maçonnerie, via le « Discours » du Chevalier Ramsey (en 1736, dans lequel il ne parle pas des Templiers, mais de « Nos ancêtres, les croisés, rassemblés en toutes les parties de la chrétienté dans la Terre-Sainte, voulurent réunir dans une seule confraternité les sujets de toutes les nations ») et la fondation de l’Ordre de la Stricte Observance de Von Hund (voir supra) ; par les occultistes et leurs délires sur le Baphomet et autres symboles templiers ; par les mystificateurs du Prieuré de Sion… Et ainsi, il n’est donc pas étonnant de trouver dans le fouillis des résurgences templières et autres réseaux néo-templiers des influences ou des liens avec les théories les plus extrémistes.

Ordre du Temple : les dérives
Sceau de l’Ordre du Temple

Ordre du Temple : les dérives

Tout d’abord, au XIXe siècle, Guido Von List parle des Templiers qui auraient « servi de courroie de transmission à la gnose armanique au cours de la ténébreuse ère chrétienne ». Les humanistes de la Renaissance sont des « armanes secrets » « qui avaient étudié les textes hermétistes ». Il cite Pic de la Mirandole, Giordano Bruno, etc. À partir de là, List anticipe « l’élitisme mystique des SS » en créant sur le modèle de la franc-maçonnerie dix degrés initiatiques, le huitième est haute noblesse, le neuvième roi et ses conseillers, le dixième Dieu… « l’Aryen est un homme-dieu ». L’État idéal est un ordre patriarcal coiffé d’un chapitre occulte. « L’élite, cachée, confère une autorité mystérieuse aux représentants visibles du culte ». (Goodrick-Clarke, Les Racines occultistes du Nazisme, Pardès 1989) De nos jours encore, on parle de dirigeants inconnus vivant dans une grotte au Tibet et réels maîtres du monde ( !). Cependant List, mort en 1919, fait des prévisions étranges : en 1932, « une force divine s’emparera de l’inconscient collectif du peuple allemand » (Georgette Mouton, Jeunesse et Genèse du Nazisme, thèse de doctorat en histoire, 1997).

Rappelons encore la fondation en 1890 de l’Ordre des Nouveaux Templiers (Ordo Novi Templi) créé par l’Autrichien Lanz, un des premiers disciples de List, qui s’octroiera le titre de « von Liebenfels ». Ce moine défroqué – « La fascination qu’exercent sur lui les anciens ordres de chevalerie pousse le jeune Adolf Lanz à entrer, en 1893, au monastère de Heiligenkreuz, près de Vienne, dont les traditions perpétuent à ses yeux celles des légendaires templiers » (Soleil noir, Goodrick-Clarke) – publia en 1905 un ouvrage purement raciste : La théozoologie ou connaissance des singes de Sodome. Lanz est un raciste qui s’élève contre les « races bâtardes », « contre la compassion des chrétiens pour les faibles » et pour le « mariage des Femmes Choisies ». En 1913, il publie une courte étude dans laquelle le Graal est interprété comme un symbole électrique appartenant aux pouvoirs « panpsychiques » de la race aryenne pure. La quête des templiers était une métaphore de strictes pratiques eugénistes. Les templiers deviennent ainsi l’agent historique clé de la gnose sexo-raciste de Liebenfels.

Le Prélat Gernot appartenait à la « Société des Héritiers des Templiers » (Societas Templi Marcioni) qui se proclamait comme unique et véritable société templière. Il s’agirait d’une succession des templiers de 1307 qui se seraient transmis leurs secrets de génération en génération.

En 1936, 4 commissaires de police belges fondent la Nouvelle Milice du Temple proche des idéaux du rexisme de Léon Degreel.

1942 voit la naissance de l’« Ordre Souverain et Militaire du Temple de Jérusalem » dirigé par un aristocrate portugais Campollo Pinto de Susa-Fonte. Cet ordre défraya la chronique dans les années 70 pour son noyautage par des « barbouzes » du SAC (service d’action civique). À l’heure actuelle, il semble que cet ordre se cantonne dans l’affairisme.

Nous ne pouvons clore ce bref survol des dérives sans parler de l’Ordo Templi Orientis (OTO ou Ordre des Templiers de l’Orient) qui fut fondé vers 1895 par Karl Kellner (1850-1905), industriel autrichien, et Théodore Reuss (Frater Merlin Peregrinus) qui développera la nature sexuelle du secret de l’Ordre. Il accordera des chartes nationales à Rudolf Steiner en 1906 pour l’Autriche, à Papus pour la France en 1908, à Spencer Lewis pour les U.S.A., et à Aleister Crowley en 1912 pour les îles Britanniques. À la demande de Reuss, il révisera les rituels de l’Ordre, les enrichissant de la révélation qu’il avait reçue en 1904 au Caire : la loi de Thelema. En 1923, Reuss délègue la totalité de ses pouvoirs à Crowley qui devient O.H.O. (« Outer Head of the Order »), soit Chef Extérieur de l’Ordre.

Charles Stansfeld Jones, alias Frater Achad, fut mandaté par Crowley pour l’Amérique du Nord et il y créera le Camp « Agapé » qui se développera en « Loge Agapé », dirigée par W. T. Smith, alias Frater Ramaka, puis par Jack Parsons.

À la mort de Crowley en 1947, Frater Saturnus lui succédera. Ce dernier décède en 1962 sans désigner de successeur. La place vacante sera alors reprise en 1969 par Grady McMurtry, Frater Hymaneus Alpha. C’est à cette époque que l’O.T.O. recommence à se développer à l’échelon mondial. La régularité de l’autorité de McMurtry sera contestée par plusieurs groupes prétendant pour diverses raisons à l’hégémonie du nom. À la mort de Grady McMurtry, un nouveau Caliphe est élu qui prendra le nom de Hymaneus Bêta. Pour plus d’information sur l’OTO nous renvoyons le lecteur vers notre article : « Un Bref Historique de l’Ordo Templi Orientis ».

Notons pour conclure que le Vatican a publié le 25 octobre 2007 un livre, Processus contra Templarios, supposé faire la lumière sur la fin de l’ordre des chevaliers du Temple. Le livre est basé sur un document connu sous le nom de « parchemin de Chinon », trouvé dans les archives secrètes du Vatican il y a six ans. Le document retranscrit les auditions des templiers par les enquêteurs du pape Clément V.

En apprendre un peu plus sur le Baphomet et l’Ordre du temple en lisant le Baphomet, figure de l’ésotérisme du temple et de la franc-maçonnerie. Acheter l’ouvrage sur le site des éditions Alliance Magique.

Retour sur le chapitre L’Ordre du Temple : Braveheart ?

Plus sur le sujet :

Ordre du Temple : les dérives, Spartakus FreeMann, octobre 2008 e.v.

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