Quelques notes sur un sceau

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Quelques notes sur un sceau par Melmothia. 

À l’époque où j’effectuais des recherches sur le personnage d’Elias Artista, j’ai eu l’occasion d’étudier ce que Paul Sanda proposait, dans son ouvrage Rituels de guérison par les Archanges : Grimoire des Archevêques, sous l’intitulé « Invocation d’Elias Artista ». Voici quelques notes explicatives de ce rituel et du sceau qui l’accompagne.

Pour commencer, l’auteur explique avoir retrouvé « dans les archives du fonds patriarcal de l’Église apostolique templière gnostique et johannite une ancienne version du Grimoire des Archevêques », ou plutôt une version tout court, puisqu’il n’existe aucune trace ni citation antérieure de ce grimoire. Il précise également que Fabré-Palaprat y a fait des ajouts, notamment l’invocation d’Elias Artista, qui nous intéresse ici. Bien que ne connaissant assez mal l’auteur du Leviticon, je le vois mal avec l’Heptameron ou le De Occulta Philosophia comme livre de chevet, ni s’amuser à composer des talismans en alphabet sorcier comme nous allons le voir.

Par ailleurs, la source de la prière livrée dans l’invocation est assez aisée à identifier, c’est une paraphrase de la « Prière à Métatron » extraite des œuvres d’Haziel. Oui, le fameux compilateur des anges gardiens pailletés, très en vogue dans les années 80. À croire que le fonds de l’Église apostolique templière comporte également un passage souterrain vers la boutique New Age du coin. Il est vrai qu’Haziel a, de son côté, abondamment puisé à d’autres fontaines, cependant je n’ai rien retrouvé qui ressemble à une source commune.

Autre souci : le texte s’ouvre sur le Psaume 108 de David, celui qui exprime en gros : Seigneur, steplé, fais crever mes ennemis la gueule dans la boue. C’est un psaume assez couramment utilisé dans les envoûtements / désenvoûtements et la sorcellerie qui sent des chaussettes. Je discerne mal le rapport avec les diverses thématiques liées au personnage d’Elias Artista.

Pour effectuer le rituel, une baguette est nécessaire. Or, la consécration de ladite baguette est clairement extraite du Grimorium Verum. L’auteur le précise lui-même dans une notice introductive disponible sur le net : « l’invocation Te Virgula divina qui semble être, comme me le signale très justement Pierre Riffard, un composé provenant, par fragments modifiés, de différentes sources : de Varron, du Livre d’Isaïe (6, 3) et du Grimorium verum (Clavicules de Salomon) ». Il oublie cependant de préciser que le Grimorium Verum est un ouvrage de goétie / magie noire, ce qui jette un doute sur le caractère « théurgique » annoncé de l’ouvrage, sur le rôle de Fabré-Palaprat, qui n’en demandait sans doute pas tant, et sur celui des archevêques du titre.

Voyons à présent le talisman. La « théurgie pure » en prend encore un coup, la source majeure des inscriptions talismaniques proposés dans le Grimoire des Archevêques étant l’Heptameron de Pierre d’Abane.

Sceau d’Elias Artista

On trouve ainsi, dans le sceau d’Elias Artista :

  • Varcan Rex qui est l’ange / archange du dimanche et de l’Air dans l’Heptameron. On le retrouve également dans les Clavicules comme gouvernant de l’Est.
  • Casmaran, l’archange de l’été dans l’Heptameron.
  • Gargatel et Tariel, deux des trois anges de l’été dans le même ouvrage.
  • Hamaliel est notamment l’ange du mois d’août dans le même ouvrage, mais se retrouve dans plusieurs systèmes ‘célestes’.
  • Athir est l’ange de la 16e heure, toujours dans l’Heptameron.
  • Enfin, les trois termes latins Eurus, Euroauster et Auster désignent respectivement le vent de l’Est, le vent du Sud Est et le vent du Midi.

Je passe sur les termes dator assistens, bonus, multus, etc., qui sont assez clairs. Requies, cependant, « qu’il repose », me semble un peu déplacé ici, mais il a peut-être une autre acception que je n’ai pas découverte.

Dans le texte, il est précisé qu’« Il n’y a pas de jour préféré pour cette invocation, mais le 17 janvier est particulièrement indiqué pour ce rituel qui bénira l’année nouvelle ». Or dans le talisman lui-même, il est précisé qu’il doit être fabriqué : « au mois d’août, un dimanche, à la 16e heure ». Admettons qu’il doive être fabriqué en août pour être utilisé en janvier.

Le théban m’a donné du fil à retordre, car je suis partie d’une version prise sur internet qui ne m’a livré que des consonnes, or les lettres de cet alphabet se ressemblant beaucoup, plusieurs versions données en ligne sont erronées. En attendant d’aller pêcher le théban à sa source – dans le De Occulta d’Agrippa -, je suis allée demander des éclaircissements à l’auteur, qui m’a répondu :

« … Quant aux lettres dans le cercle extérieur, tu as compris que c’était très important : réfléchis et tu trouveras, c’est le verrou magique du pentacle ; sûrement une lumière intérieure te donnera la piste… Tu vas y arriver… Rares sont ceux qui y arrivent. Ce sera alors que les pentacles te parlent. Frat.: Paul. »

Une fois récupérée une version fidèle de l’alphabet théban, j’ai effectivement accédé à la lumière. L’inscription se lit « Danna Ustra ».

Chaque pantacle angélique contient en effet un petit bout d’une formule de Caton citée au début du livre : « Motas vaeta daries dardares astataries dissunapiter ». C’est une formule contre les fractures, mais on nous rassure tout de suite : « Cette formule, conservée par Caton, destinée à guérir les luxations, n’a pas de signification, mais utilise la répétition des sons d et t, qui sont toutes deux des consonnes dentales.Ces lumières, ces mots, se croisent, se renforcent quand on en fait une musique de chair, je veux dire un rituel, qui fait trembler le corps, bouger les choses, tomber le ciel ».

Et donc, l’archange Michael hérite de « Motas Vaeta », Raphaël de « Dissu Napiter », etc., jusqu’à Elias Artista qui, à défaut de formule contre les fractures faisant tomber le ciel, a droit à un bout de formule contre la goutte, récupérée chez Pline : « huat, hanat, huat, ista, pista, sista, domiabo, danna, ustra ».

Enfin, concernant ce qui ressemble fort à un sigil chaote ou un vévé vaudou au milieu du sceau, j’ai appris qu’il avait été « channelé par Fabré-Palaprat », lors de la même conversation privée avec l’auteur. Cependant, en le regardant d’un peu loin, en plissant les yeux, ça imite assez bien la tête à Toto.

Plus sur le sujet :

Quelques notes sur un sceau, Melmothia. 

Image par Anke Sundermeier de Pixabay

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