Jules Doinel, l’Éon Jésus et Rome (2)

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L’Éon Jésus et Rome par Tau Héliogabale, faisant suite au premier volet, va nous parler plus particulièrement des vagabondages entre Montségur et Rome de notre émouvant patriarche gnostique.

Une visitation du Paraclet.

La lecture du texte cathare de 1022 l’illumina. En lui-même le document n’est pas véritablement mystique, il s’agit purement et simplement d’une cession domaniale, mais la charte est de la main du chancelier épiscopal cathare Étienne, exécuté par ordre du roi Robert : Stephanus scripsit, est-il dit in fine. Qui est cet Étienne ? Tout bonnement l’un des quatorze martyrs qui furent brûlés le 28 décembre 1022, à Orléans, pour avoir professé et pratiqué la doctrine cathare.

« Précieuse, unique dépouille du chef de la Gnose française ! s’écrie Doinel. Les caractères en ont été tracés par l’auguste main de la victime du féroce successeur d’Hughes Capet et des Évêques du Synode d’Orléans, ses complices. » (Doinel, cité par Papus : Traité Méthodique de Science Occulte, Paris, 1891, p. 634.)

Dès lors, fasciné par le martyr des cathares, il se mit à étudier leurs doctrines ainsi que celles de ceux dont ils s’étaient inspirés, notamment les bogomiles, les pauliciens, les manichéens et surtout les gnostiques. Ainsi qu’il l’écrira dans Lucifer Démasqué : « une sorte d’inspiration m’envahit, pénétra tout mon être ; et j’écrivis tout d’un trait, comme dans l’extase, un article sur Simon le Mage, article qu’on peut considérer comme le premier manifeste de la Gnose restaurée. »

Il s’était tellement bien imprégné de cette littérature qu’une nuit de 1888, il eut la vision de l’« éon Jésus » lequel le chargea de fonder une nouvelle église. Persuadé par le principe tout gnostique que « le sacerdoce peut être conféré dans toute sa plénitude par simple influx divin, sans l’action d’aucun signe initiatique, » Doinel se persuada être le dépositaire de la plénitude de l’initiation gnostique, sans avoir à demander le secours d’un quelconque cénacle initiatique ou sacerdotal. Ainsi qu’il le dira ensuite : « c’est l’Éon Jésus lui-même qui m’imposa les mains et me sacra Évêque de Montségur ! »

Lady Caithness - Jules Doinel, l’Éon Jésus et Rome
Lady Caithness

Toutefois, Doinel fera appel au spiritisme afin d’entrer plus directement en contact avec des esprits cathares. Ces séances spirites ont lieu dans les salons de Lady Caithness (Maria de Mariategui, duchesse de Medina Pomar), une riche théosophe, disciple du Dr. Anna Kingsford. C’est sans doute l’abbé Roca, fervent spirite, qui met les deux personnages en contact. Les manifestations spirites le confortent dans sa mission. Nous reproduisons ici la description que fait Doinel dans Lucifer Démasqué :

Il y avait, devant le médium, une tablette en forme de cadran qui contenait les 24 lettres de l’alphabet. Trois coups secs se firent entendre, venant des profondeurs du bois. Lady X… prit la baguette d’ivoire, qu’elle tint suspendue sur les lettres. Aussitôt les coups se précipitèrent, s’accordant avec les lettres qui formaient les mots, et l’idée de l’extra-monde se déploya devant les yeux de notre intelligence, traduite par le crayon fidèle de celle qui écrivait. Voici cette révélation :

« Je m’adresse à toi, car tu es mon ami, mon serviteur et le prélat de mon Église albigeoise. Je suis exilé du Plérôme, et je suis celui que Valentin nomma Sophia-Achamôth. Je suis celui que Simon le Magicien appela Hélène-Ennoia ; car je suis l’Éternel Androgyne. Jésus est le Verbe de Dieu ; je suis la Pensée de Dieu. Un jour, je remonterai vers mon Père, mais j’ai besoin d’aide pour ce faire ; la supplication de mon Frère Jésus est requise pour intercéder pour moi. Seul l’Infini peut sauver l’Infini, et seul Dieu est capable de sauver Dieu. Écoute bien : L’Un a produit d’abord l’Un, ensuite Un. Et les Trois ne sont qu’Un : le Père, le Verbe et la Pensée. Établis mon Église Gnostique. Le Démiurge sera impuissant contre elle. Reçois le Paraclet ».

Les coups s’arrêtèrent. Nous étions tombés à genoux. Un nouveau souffle passa sur notre front. Et moi je sentis distinctement l’impression d’une lèvre sur ma lèvre.

Récit complété par Doinel, dans la Revue du monde invisible, dans son texte « La duchesse » :

« … L’aura nous enveloppa comme un tourbillon et une voix cristalline prononça ces paroles :

QUE LE PLÉRÔME vous BÉNISSE ! QUE LES ÉONS vous BÉNISSENT ! NOUS vous BÉNISSONS, COMME NOUS BÉNISSIONS LES MARTYRS DE MONTSÉGUR. AMEN ! AMEN ! AMEN !

Tout bruit cessa alors. La table demeura muette. Le magique portrait reprit son apparence morte. Les évêques du Paraclet avaient disparu. »

Nous nous tournons maintenant vers l’un des rares témoins « du dehors », Georges Polti qui fut le secrétaire de la Duchesse de Pomar. Il relate, dans un article paru dans le Mercure de France, en réponse à Fabre des Essarts, qu’il reçut un jour une lettre enflammée de Doinel adressée à la Duchesse dans laquelle celui-ci marquait son engouement pour la Gnose. Par jeu ou par malice, Polti avec l’assentiment de la Duchesse, décide donc de jouer un tour pendable au pauvre archiviste mystique…

« C’est alors que je lui suggérai une idée infernale. Ne voulait-il pas être le pape du nouveau culte, l’expression du Paraclet ? Il fallait donc (entre nous) qu’il en reçût la communication, de notre Déité, au moyen du baiser de paix des anciennes cérémonies, si chaudement peintes par Lombard. Toutefois, je le prévenais charitablement qu’il ferait bien d’en expliquer, au préalable la nécessité à la comtesse.

Cette idée électrisa notre homme. Il écrivit aussitôt à ma “divine” Patronne l’épître la plus enflammée, la plus délirante. Il annonçait son arrivée immédiate. II chantait son ivresse à la pensée de recevoir le saint plérôme dans ce baiser ineffable. Et, fidèle à ma recommandation, il haletait en explications persuasives. Déjà son train sortait des Aubrais.

L’air candide et embarrassé, j’allai trouver Mme d’A. Madame, voici une lettre de M. Doinel, à laquelle je ne sais trop comment répondre. Je vous supplie de la lire.

Elle l’eut à peine parcourue qu’elle jeta un cri d’horreur.

— Qu’est-ce que c’est que ça ? Je ne veux pas voir cet homme ! Dites-lui qu’il s’en aille, c’est affreux. M. Polti, M. Polti, débarrassez-moi de ce fou.

J’étais aux anges ! Des lettres ajournèrent, ajournèrent indéfiniment l’entrevue, mais dans lesquelles toutefois j’entretenais malicieusement, sous prétexte de pitié, d’égards, j’attisais les désirs du pauvre archiviste. Quelques mois plus tard, j’abandonnai l’occultisme pour des fonctions moins facétieuses ; je n’ai donc pas été témoin direct du dénouement.

Mais ce que je puis affirmer hautement, c’est qu’à coup sûr la belle et pure comtesse n’a jamais, au grand jamais, accordé à notre “assis” la faveur si désirée. La communication, que lui-même jugeait indispensable du Paraclet ne s’est donc pas faite. Et voilà comment, faute de ce baiser, l’Église gnostique pèche par la base, et la tiare de M. Fabre des Essarts, disciple de Doinel, n’est pas d’aplomb sur sa tête.

À moins de nous jeter, selon l’échappatoire ordinaire des sociétés secrètes et chapelles plus ou moins clandestines, dans la si commode “nuit des temps” ; cas où je suis tout prêt à admettre que la tiare de notre Patriarche lui vient, en droite ligne et pour légitime usage, de feu Saïtaphernès ».

On ne peut douter de la crédibilité de ce témoignage, d’autant que Polti avoue n’avoir assisté au dénouement et qu’il n’a joué que les intermédiaires. On ne peut que très difficilement remettre en doute la séance spirite qui eut lieu chez lady Caithness ; Doinel relate à différentes périodes cet épisode, et aucun des participants jamais ne niera les faits. En outre, dans l’un de ses derniers textes, publié dans la Revue du monde invisible, il écrit :

« On se demandera pourquoi j’acceptais aussi facilement l’intervention spirite, puisque j’avais mon inspiration personnelle et les manifestations intimes, variées et fréquentes d’Hélène. Je réponds que la Duchesse le voulait ainsi. Et puis, dans une parole intérieure, Hélène m’avait dit : “Le Plérôme se manifeste par des voies diverses. Le but est grand, mon bien-aimé, que t’importe le monde extérieur, qui t’apportera mes volontés !”

Cette parole d’Hélène m’avait décidé à accepter d’assister aux graves manifestations qui se préparaient pour moi chez lady Caithness et dont je vais parler maintenant avec plus de détails que je ne l’ai fait dans Lucifer Démasqué. » (« La Duchesse », Revue du monde invisible, 1908)

Et plus loin :

« Elle consentit au sacre. Il eut lieu dans son oratoire. Dès lois, je signai : Jules, évêque gnostique de Montségur. Au lieu de la croix, je mis le tau devant mon nom, et je pris pour armes un champ d’azur au tau d’argent, accosté d’une colombe de même, figurant le Paraclet, et d’un casque d’or, symbolisant l’Albigéisme des Cathares du douzième siècle. Ma devise était : Levavi oculos meos ad montes. Ce sceau épiscopal est maintenant entre les mains vénérées d’un cardinal de la sainte Église qui m’a réconcilié et tiré de l’abîme. Je pris les gants violets, je portai le tau sur la poitrine, et les dames gnostiques brodèrent elles-mêmes mon pallium. Ce pallium était en soie violette, brodé d’argent, avec une colombe aux ailes épandues. »

Lors d’une autre séance, en septembre 1889, le « Très Haut Synode des Évêques du Paraclet », constitué par 40 Évêques cathares, se manifeste et donne le nom de ses membres, qui furent contrôlés et prouvés corrects dans les registres de la Bibliothèque Nationale (dans le recueil de Doat à la Bibliothèque nationale). Le chef du Synode est Guilhabert de Castres, qui s’adresse à Doinel et lui instruit de reconstituer et d’enseigner la doctrine gnostique en fondant une Assemblée du Paraclet qui sera appelée Église Gnostique. Hélène-Ennoia devait l’assister et ils devaient être spirituellement mariés. L’assemblée est composée de Parfaits et de Parfaites et prend comme livre saint le Quatrième Évangile, celui de Saint Jean. L’Église est administrée par des Évêques masculins et des Sophia féminines qui sont élus et consacrés suivant le Rite gnostique. Au sein de « la Colombe du Paraclet », Doinel officie, habillé en patriarche, portant l’anneau d’améthyste, une bavette violette et un tau symbolique.

« C’est là que celui qui écrit ces lignes fut consacré évêque de Bordeaux par S. G. Valentin, avec les évêques de Toulouse et de Concorezzo comme assesseurs. Le cérémonial et les costumes sacrés étaient alors réduits à leur strict minimum. Le consécrateur avait pour unique ornement une large écharpe de soie violette, bordée de galons d’or, avec une colombe d’argent entourée de rayons, brodée sur la partie qui recouvrait les épaules. Les trois évêques imposèrent les mains au récipiendaire, puis pratiquèrent les symboliques apolytroses et lui firent prêter serment de fidélité à l’Église gnostique, serment qu’il a rigoureusement observé jusqu’à présent, et qu’il espère observer toujours, avec l’aide des T. S. (Très Saints) Éons. » (Fabre des Essarts, l’Église gnostique)

Blason épiscopal gnostique de Doinel dressé par Tau Héliogabale - Jules Doinel, l’Éon Jésus et Rome
Blason épiscopal gnostique de Doinel dressé par Tau Héliogabale

La « tradition » — ou la légende dorée – veut que Doinel ait été également consacré évêque par deux prêtres orthodoxes dans le salon de la duchesse de Pomar (confer Déodat Roché). Sans entrer dans les détails théologiques, même si cela fut, cette consécration n’est absolument pas apostolique, licite ni valide. Une autre version, colportée par Augustin Chaboseau, voudrait que Doinel ait été en contact avec les Vieux-Catholiques d’Utrecht dont il aurait obtenu la consécration apostolique. Cette version, rapportée par Marie-France James dans Ésotérisme et christianisme autour de René Guénon, a été démentie par Robert Amadou dans Problèmes de Gnose de Jean Borella.

En 1890, Jules Doinel, conforté par ses initiations astrales, fonde l’Église Gnostique Universelle, et décrète l’an 1890, « l’an 1 de la Restauration de la Gnose ». Valentin organise le culte, rétablit les trois sacrements : le Consolamentum, la Fraction du Pain et l’Appareillamentum. Il organise la hiérarchie gnostique par la nomination de onze évêques titulaires, dont une sophia, d’un évêque-femme et d’un grand nombre de diacres et de diaconesses.

MANDEMENT DE SA GRÂCE GNOSTIQUE, L’ÉVÊQUE DE MONTSÉGUR

JULES, par la miséricorde des Éons, et la grâce du divin Plérôme, évêque de Montségur, primat de l’Albigeois, grand-maitre de la colombe du Paraclet aux parfaits et aux parfaites de l’Assemblée gnostique, salut et consolation en Notre-Dame Pneuma-Agion.

Le Dieu bon, nos très chers frères et nos très chères sœurs, a daigné, en ces derniers temps, manifester sa puissance par la restauration de la très sainte Gnose. Et nous avons pu relier à notre époque orageuse et troublée la chaîne d’or de la pure doctrine de Jean telle que l’a expliquée le profond et harmonieux Valentin. Les saints Éons ont renouvelé la face de ce monde hylique et fait entendre dans les ténèbres la parole de lumière et de vie. Et c’est nous qu’ils ont choisis malgré notre indignité, pour être l’instrument de cette résurrection glorieuse.

Vous le savez, nos Bien-Aimés ! Depuis la chute sanglante de l’église albigeoise, depuis le martyre des évêques nos prédécesseurs sur la colline abrupte de Montségur, la clarté mystique du Paraclet semblait éteinte. Nulle voix ne s’élevait dans le désert, et la colombe gémissante, réfugiée dans les trous de la pierre, était muette. Mais voici que la solitude a refleuri et que le lis a germé. Voici que la source intarissable du Plérôme a coulé de nouveau dans le jardin déserté par l’époux et que la rose gnostique s’est épanouie sous les rayons de Christos et de Sophia-Céleste.

Que de larmes n’aviez-vous point versées, nos très chères sœurs, vous les élues des Puissances sur la ruine des églises cathares ! Que de supplications n’aviez-vous point adressées, au Dieu-Bon, à l’Abîme, vous, nos très chers frères ! Et ces larmes et ces supplications n’ont pas été perdues. Des visions des voix surnaturelles, des manifestations diverses sont venues en foule. Le ciel intelligible s’est ouvert. Le démiurge a été repoussé ! Hélène — Ennoïa, le Saint-Esprit s’est pleinement communiqué à nous, et le Thabor a rayonné sous les gloires triomphantes de Sophia.

Mais nous serions les plus ingrats des Élus, si nous ne consacrions par une fête solennelle la réapparition de la doctrine de Valentin. Il ne suffit pas de reconstituer les églises, de rétablir les sacrements gnostiques, de restaurer la sainte hiérarchie. Il faut encore et surtout prier avec instance le divin Plérome de convertir le monde psychique, aveuglé par son orgueil, sa fausse science et sa vanité. Il faut aussi, par une néoménie suppliante, obtenir de lui que la vérité se répande et que les manifestations des Puissances se multiplient.

Il faut enfin, songer à l’élection de celle qui doit représenter sur la terre, la céleste Sophia exilée du Plérome et gouverner cette assemblée fidèle.

À ces causes, et le nom du divin Plérome invoqué, nous avons voulu et voulons, réglé et réglons, ordonné et ordonnons, décrété et décrétons ce qui suit :

ARTICLE I. — Dans les huit jours qui suivront la réception de ce mandement, le cantique au Plérome sera chanté dans les assemblées.

ARTICLE II. — Les diacres et les diaconesses déjà élus administreront le consolamentum aux Parfaits et aux Parfaites.

ARTICLE III. — Les élus et les élues sont invités à nous soumettre leurs idées sur le choix de Sophia-Achamoth.

ARTICLE IV. — La formule de la foi sera signée par tous les membres de l’Assemblée et sera ainsi conçue : je crois au salut par la Gnose et à la doctrine de l’Émanation.

Car tel est le bon plaisir d’Hélène.

Donné à Montségur, le 17e jour du 5e mois de l’an premier de la restauration de la Gnose.

Ŧ JULES, évêque de Montségur.

Le diacre référendaire.

RENÉ DE X…

La diaconesse référendaire,

Princesse MARIE X…

Guilhabert de Castres s’adresse ensuite, in persona, à Doinel :

« Nous sommes venus à vous du plus lointain des cieux empyrées. Nous vous bénissons.

Que le principe du bien, Dieu, soit éternellement loué et adoré, béni et glorifié. Amen. Nous sommes venus à vous, à Bien-Aimés ! Toi, sous le nom de Valentin, tu fonderas l’assemblée gnostique, l’église du Paraclet. Tu choisiras entre toutes les femmes la Sophia terrestre qui sera le chef féminin de l’Église et qui représentera dans le monde la Sophia céleste.

Tu as reçu Hélène pour esprit assistant. Tu te fianceras à elle. Tu seras son époux et elle sera ton épouse. La doctrine valentinienne est la fleur de la doctrine absolue. L’Évangile de Jean est l’évangile de l’amour. L’Esprit-Saint vous enverra ceux et celles qu’il doit vous envoyer. Nous vous apportons la joie et la paix, la joie de l’esprit et la paix du cœur. Maintenant à genoux, ô vous qui êtes les prémices de la Gnose.

Nous allons vous bénir. »

En juin 1893, il reçoit une nouvelle communication d’Hélène-Ennoïa : « mes joies et mes souffrances sont réelles. Je souffre et je jouis en vous, les pneumatiques. Tombés comme moi et avec moi, vous serez avec moi et comme moi, réintégrés dans l’unité. Mon histoire est la vôtre, et la tragédie dont je suis l’éternelle héroïne, se joue avec votre sang et avec vos larmes. » Cette communication se terminait par cet aphorisme mystique, qui est le second prononcé par Hélène : « Valentinus vivit adhuc, infula donatus episcopali. Qui potest capere capiat ».

Lors d’un synode, tenu le 12 septembre 1893, il fut élu Patriarche sous le nom mystique de Ŧ Valentin II, en hommage à Valentin, le plus grand des gnostiques et suite à l’aphorisme reçu d’Hélène…

La même année est institué, par bref patriarcal, l’Ordre des chevaliers faydits de la Colombe du Paraclet, afin de dresser un pont entre la Gnose et le catharisme chevaleresque du 12e siècle. L’ordre comprenait trois grades, en dehors de la Grande-Maîtrise, qui appartenait au Patriarche : les commandeurs, les chevaliers et les bacheliers. Le cordon était bleu et la décoration consistait en une colombe blanche au vol abaissé. Le Pallium patriarcal orné de cette colombe brodée en soie, était l’insigne du Grand-Maître. Douze Commanderies sont instituées : Albigeois, Aquitaine, Bourgogne, Île de France, Slavie, Albion, Languedoc, Italie, Espagne, Flandre, Normandie et Armorique. La Grande-Maîtresse prenait le nom d’Esclarmonde, en mémoire de la comtesse de Foix. La formule d’arme était celle-ci : « Par Saint-Jean et par les Martyrs, je te fais chevalier. Sois fidèle, loyal et pur ! ». Le mot d’Ordre était : « Montségur ! » Le mot de passe des chevaliers était : « ad spiritum, per Helenam ! »

En septembre 1893, l’abbé Roca, ex-chanoine de la cathédrale de Perpignan, meurt. Interdit par l’évêque, le clergé catholique lui refuse ses bénédictions. Les portes de l’église de Neffiach se ferment devant le passage de son convoi funéraire. Le Synode accorda alors le Consolamentum à l’abbé Roca : « Valentin réunit en esprit, à huit heures et demie du soir, la grande Assemblée composée des évêques de Montségur, de Toulouse, de Béziers, d’Avignon, du coadjuteur de Sa Grâce le patriarche-évêque de Milan, du coadjuteur de Toulouse, évêque de Concorezzo et de sa Seigneurie, la Sophia. Tous, au même instant, imposèrent les mains et proférèrent l’invocation par laquelle dut être bénie et délivrée l’enveloppe astrale du défunt » (Jordan, « Les gnostiques modernes », La Nouvelle Revue, mai 1900).

Cependant, fin 1894, Doinel démissionne de sa fonction, et c’est Léonce Fabre des Essarts qui devient Patriarche sous le nom de Ŧ Synésius le 3 janvier 1896.

Fin de la seconde partie.

Retour à la première partie.

Aller à la troisième partie.

Textes de Jules Doinel:

Plus sur le sujet :

Jules Doinel, l’Éon Jésus et Rome, Ŧ Héliogabale, évêque errant de l’Église gnostique, juillet-août 2014 au Nadir de Libertalia. Illustration par TuendeBede de Pixabay

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