Les quatre éléments
Théories et symboles de la Philosophie Hermétique
CHAPITRE IV.
Le dédoublement du Sel. — La théorie des Éléments. Leurs symboles. — Leur coordination. — La vie élémentaire. — Comment la prolonger ? — Le fluide des magnétiseurs.
Le Sel comprend l’ensemble de ce qui constitue la personnalité, donc tout à la fois l’âme et le corps, l’une étant ce qu’il y a en nous de céleste, et l’autre ce qui nous rattache à la terre. Cette division est figurée dans le signe alchimique du Sel par le diamètre horizontal qui partage le cercle.
Le segment supérieur représente ce qui est pur, inaltérable et imperceptible, tandis que sa contre-partie inférieure se rapporte à ce qui est hétérogène, accessible à nos sens et sujet à de perpétuels changements. Ce domaine moins éthéré est soumis à l’empire des Éléments.
Ceux-ci n’ont rien de commun avec ce que nous appelons « corps simples ». Ce sont des abstractions qui se distinguent des choses élémentées. Les quatre Éléments se trouvent nécessairement réunis en tout objet physique, car la matière élémentaire résulte de l’équilibre qui s’établit entre eux.
L’Élément appelé « TERRE » échappe à nos perceptions ; c’est la cause invisible et impalpable de la pesanteur et de la fixité. Tout aussi métaphysiques sont l’« AIR » qui produit la volatilité, l’« Eau » qui resserre les corps, et le FEU qui les dilate.
Aux Éléments se rattachent les qualités élémentaires, qui sont le sec, l’humide, le froid et le chaud.
La Terre, qui est froide et sèche, a pour symbole le Boeuf de saint Luc, le Taureau zodiacal du printemps.
L’Air, chaud et humide, est le domaine de l’Aigle de Saint Jean, qui brille au ciel parmi les constellations automnales.
L’Eau est froide et humide ; elle correspond à l’Ange de saint Matthieu, ou au Verseau, station du soleil en hiver.
Le Feu, chaud et sec, est enfin rappelé par le Lion de saint Marc, qui marque dans le zodiaque le milieu de l’été.
L’antagonisme conjugué des Éléments est figuré par un carré que remplit la substance élémentaire.
Les Éléments sont figurés dans l’homme par la matière corporelle passive (Terre), par l’esprit ou le souffle animateur (Air), par les fluides, véhicules de la vitalité (Eau), et par l’énergie vitale, source du mouvement (Feu).
La Terre est un récipient poreux, que traversent l’Eau et l’Air, pour aller alimenter le Feu, qui brûle au centre.
Excité par l’Air, celui-ci consume une partie de l’Eau et vaporise le reste. La vapeur se fraye passage à travers les pores de l’écorce terrestre et s’élève à l’extérieur ; mais le froid la condense en nuages qui se résolvent en pluie. L’Eau, tenant l’Air en dissolution, s’accumule ainsi à la surface du sol, qu’elle imbibe, pour retourner au foyer central.
Il s’établit de la sorte une circulation ininterrompue qui entretient la vie et dure tant que le Feu n’est pas éteint.
Lorsque l’Eau nourricière abonde, le Feu ne demande qu’à briller d’un vif éclat. C’est le cas de la jeunesse exubérante et impétueuse, qui aime à se dépenser jusqu’à l’épuisement de toute humidité centrale. Il survient alors un état de fatigue et d’accablement, dont le remède est le repos.
Or, l’activité se ralentit d’elle-même, dés que le Feu manque de combustible. L’abaissement de la température provoque la condensation de l’humidité extérieure : il pleut, et l’Eau résorbée vient réveiller l’ardeur centrale. Tel est le mécanisme de la réparation pendant le sommeil des forces consumées à l’état de veille.
Avec l’âge le liquide vital se fait d’autant plus rare qu’il a été moins économisé. Il faut donc apprendre à gouverner son Feu avec sagesse, si l’on ne veut pas vieillir prématurément.
Quant à l’art de prolonger de beaucoup la vie humaine, il est loin d’être une pure chimère. L’huile de la lampe de Vesta est susceptible de parer à l’usure des rouages physiologiques. Nos cellules ne se reproduisent pas indéfiniment après un certain nombre de générations leur race s’épuise, et c’est en cela que réside la cause fatale de notre mort corporelle. Ce qui dans notre personnalité est soumis aux Éléments se trouve ainsi voué à un déclin plus ou moins tardif, mais inévitable. Seule la partie sur-élémentaire de notre être peut aspirer à l’immortalité.
L’Elixir de longue vie ne s’en rapporte pas moins à une hygiène à la fois physique, morale et intellectuelle, que les sages ont préconisée de tous temps.
En magnétisme, le « fluide » n’est pas autre chose que l’eau vitale extériorisée sous forme de vapeur. Le thérapeute fait passer sa propre humidité dans l’atmosphère du malade, qui la résorbe et acquiert ainsi un surcroît de vitalité.
Mais il est des magnétiseurs que caractérise l’ardeur du Feu, plutôt que l’abondance de l’Eau. Ils seront de préférence expérimentateurs et agiront par la volonté. Leur intervention sera précieuse dans certains cas spéciaux où il importe de remédier à l’obstruction des pores de l’écorce terrestre en stimulant la circulation vitale. On ne peut alors avoir recours qu’au Feu qui, agissant de l’extérieur, vaporise l’humidité interne et l’oblige à se frayer un passage à travers la Terre insuffisamment perméable. Celle-ci est ainsi décrassée, et de ce fait le malade devient accessible à l’action magnétique ordinaire.
La perméabilité exagérée de l’écorce terrestre rend impressionnable au plus haut point. Les sujets se montrent alors d’une sensibilité exquise. Le magnétisme les transforme à vue d’oeil ; mais ce qu’ils acquièrent trop vite risque de leur échapper avec une égale rapidité.
Le moyen de rendre sa propre Terre perméable intéresse au plus haut point le psychurge qui veut arriver à déployer la plénitude de sa puissance. Il en sera traité au chapitre suivant.
Chapitre suivant.
Plus sur le sujet :
Les quatre éléments. Théories et symboles de la Philosophie Hermétique : chapitre 4, Oswald Wirth.
Illustration par Barbara A Lane de Pixabay