L’ésotérisme, la tradition et l’initiation par Stéphane François.
Extrait :
« L’ésotérisme traditionaliste est un ésotérisme ouvertement élitiste au niveau spirituel, et cela dès son « recadrage », dans les années vingt par René Guénon, puis par Julius Evola. Cette idée de dévolution apparaît chez Guénon pour la première fois en 1927, dans La crise du monde moderne . Elle sera reprise en 1934, radicalisée, par Julius Evola dans sa Révolte contre le monde moderne . Dans ce type de discours, la modernité devient une évolution aberrante, une dévolution de la « Tradition primordiale », une aliénation polymorphe absolue, un « âge sombre ». En effet, Guénon soutient qu’il existe « un long déclin de l’esprit depuis la Révélation primordiale » . Cette idée est au cœur de sa pensée.
De fait, la pensée de Guénon fut influencée par Joseph de Maistre, comme l’a montré Victor Nguyen. (…)
Assez logiquement, des ésotéristes se sont donc réclamés de lui. Mais surtout l’influence de Maistre se retrouve chez certains ésotéristes du XIXe siècle, notamment ceux issus paradoxalement des rangs du socialisme utopique, tel Éliphas Lévi (pseudonyme de l’abbé Alphonse-Louis Constant, ésotériste et révolutionnaire quarante-huitard). À partir de ce moment, les idées maistriennes, devenues omniprésentes, se mélangeront aux corpus ésotériques, notamment à la notion de « Tradition » étudiée dans cet essai. Cette synthèse a été d’autant plus aisée que Joseph de Maistre s’est penché dans son œuvre sur des thèmes proches de l’ésotérisme, comme l’illuminisme maçonnique. Maistre était en effet un franc-maçon et membre de sociétés initiatiques maçonniques et paramaçonnique, en particulier l’Ordre des Élus Coëns de Martinès de Pasqually.«
Né en 1973, Stéphane François est un historien des idées et politologue français qui travaille sur les droites radicales et les subcultures « jeunes ». Chercheur associé au Groupe Sociétés Religions Laïcités (GSRL) du CNRS, il enseigne l’histoire contemporaine et la science politique dans différents instituts d’enseignement supérieur privés.
Ouvrages parus :
– La Musique europaïenne. Ethnographie politique d’une subculture de droite. Préface de Jean-Yves Camus. En appendice : textes de trois entretiens de Stéphane François avec Thierry Jolif, Alain de Benoist et Christian Bouchet.(Paris, L’Harmattan, 2006)
– Le Néo-paganisme : Une vision du monde en plein essor. Préface de Jean-François Mayer et Arnaud d’Apremont (MCOR-Table D’émeraude, 2007)
– Le Nazisme revisité. L’occultisme contre l’histoire (Paris, Berg International, 2008).
– Les Néo-paganismes et la Nouvelle Droite : pour une autre approche. Préface de Philippe Raynaud (Milan, Archè, 2008)
– Le complot cosmique. Théorie du complot, ovnis, théosophie et extrémistes politiques. Préface de Jean-Bruno Renard, postface de Jean-Pierre Laurant. Co-écrit avec Emmanuel Kreis. (Milan, Archè, 2010).
Plus sur le sujet :
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