Siphra di Zenioutha – Zohar II Exode 176b-179a.
La version du Siphra di-Zenioutha de Jean de Pauly… À comparer avec celle de Vuillaud.
PREMIER CHAPITRE
Nous avons appris dans le Livre Occulte qu’en créant le monde, Dieu fit peser à la balance ce qui jusqu’alors n’avait pas été pesé. Auparavant, les hommes ne se regardaient pas face à face; c’est-à-dire l’union des époux n’avait pas lieu de façon semblable à celle d’aujourd’hui. Aussi les rois primitifs ont-ils péri, parce qu’ils ne trouvaient pas la nourriture qu’il leur fallait; et la terre même fut anéantie. Alors, la « Tête » la plus désirable eut pitié du monde qu’elle allait créer. La balance fut suspendue dans une région où elle ne s’était pas encore trouvée. La balance fonctionna pour les corps aussi bien que pour les âmes; et même les êtres qui n’existaient pas encore y passèrent. Comme il n’y avait pas d’êtres antérieurs, on fit passer sur cette balance les êtres existants et ceux destinés à exister plus tard, c’est ainsi que le monde actuel a été formé; c’est le Mystère des mystères. Dans la « Tête », il existe une rosée limpide remplissant la cavité. La membrane qui la recouvre est également limpide, comme l’air, et mystérieuse. Des poils très fins sont suspendus à cette balance. La Volonté des volontés se manifeste par la prière des hommes ici-bas. Le sage, toujours attentif et qui ne s’endort jamais, aperçoit cette manifestation et voit d’ici-bas les lumières d’en haut. C’est par deux fenêtres d’en haut que l’Esprit céleste descend chez tous l’Être ici-bas.
« Au commencement (Bereschith), Élohim créa le ciel et la terre ». Ce verset contient six mots, à la tête desquels est placé le mot « Bereschith ». Ce nombre est l’emblème des sept parties de la « Tête » d’où émane toute bénédiction ici-bas. Le second verset de la Genèse commence par le mot « et la terre » (ve-haaretz). C’est de la terre qu’émane la malédiction ; car Dieu l’a maudite. L’Écriture dit que la terre était informe et toute nue (thohou et bohou), et que l’Esprit d’Élohim planait sur les eaux. C’est une allusion aux treize gloires du Glorieux. Le monde subsistera pendant six mille ans auxquels font allusion les six premiers mots de la Genèse. Au commencement du septième millénaire, tout le monde sera anéanti en douze heures. C’est à ce cataclysme que font allusion les paroles : « … Etait thohou et bohou. » À la treizième heure du septième millénaire, Dieu nous révélera sa miséricorde et renouvellera le monde en le remettant dans l’état où il était pendant les six millénaires précédents. Voilà pourquoi l’Écriture nous dit d’abord que Dieu créa le ciel et la terre; et ensuite elle nous apprend que la terre était « thohou et bouhou » et que les ténèbres couvraient la face de l’abîme; cet état de la terre se renouvellera en effet après la création, au commencement du septième millénaire. À cette époque, fait allusion le verset « Et Dieu seul sera puissant ce jour-là ».
Parmi les signes que Dieu grava au ciel au moment de la création, on apercevait un long serpent étendu sur toute la longueur de la terre et ayant la queue roulée autour de la tête, tête hideuse et souillée. Ce serpent passe une fois tous les mille jours, le grand océan où il a la tète brisée, ainsi qu’il est écrit : « Tu as brisé les têtes des dragons au fond des eaux. » Il y a deux dragons, mais c’est un seul qui se meurt; et c’est pourquoi ici le mot « thaninim » (dragons) est écrit sans la voyelle « i », ce qui donne au mot le sens du singulier.
L’Écriture ajoute : « Élohim dit : Que la lumière soit (iehi) faite, et la lumière fut (vaiehi) faite. » On retrouve dans ce verset les Noms sacrés : « Ihvi », « Ihv », « Vi ». Le Vhv final désigne la Schekhina d’en bas, de même que le Hé désigne la Schekhina d’en haut; elles tiennent la balance en équilibre. Le verset : « Et Élohim vit que la lumière était bonne » désigne les « Hayoth » dont l’Écriture dit qu’ils vont et viennent. Le mot « bonne » dans ce verset, désigne le juste dont l’Ecriture dit qu’il est bon, ainsi qu’il est écrit : « Dites au juste qu’il et bon. » Des six noms qui sortent de la racine du Corps céleste, Yod et He sont les deux couronnes qui s’aiment et s’embrassent; et c’est d’elles que sort la « Langue » qui parle de choses sublimes. La « Langue » est cachée entre le Yod et le Hé, ainsi qu’il est écrit : « Celui-ci (Zeh) dira : Je suis à Jéhovah; et celui-ci (Zeh) se glorifiera du nom de Jacob, et celui-ci (Zeh) écrira de sa main à Jéhovah, et il se fera gloire de porter le nom d’Israël. » « Zeh » dira à Jéhovah : Je descends. Tout cela est renfermé dans le nom « Ihv ». La « Langue » cache la Mère dont elle est sortie. Le Père est assis à la place d’honneur, et la Mère est assise au milieu et cachée des deux côtés. Malheur à celui qui découvre leurs « pudenda ».
L’Écriture ajoute : « Et Élohim dit : Que des corps lumineux soient faits dans le firmament du ciel », ce qui signifie : Que le mâle domine la femelle, ainsi qu’il est écrit: « Et le juste est la base du monde ». Quand l’Yod projette deux rayons lumineux, il féconde la femelle qui conçoit. Quand l’Yod est isolé, il s’élève à son rang en haut, et la femelle s’obscurcit. La Mère concentre alors ses lumières dans l’intérieur de son palais dont elle ferme (17a) la porte. Ainsi, la lumière émanant des six Noms sacrés forme la « Clef » qui ferme la « porte » et qui fait l’union du ciel et de la terre. Malheur à celui qui ouvre cette porte qui dit ce qu’elle cache !
DEUXIEME CHAPITRE
La « Barbe » de la « Tête » n’est pas mentionnée dans le chapitre précédent parmi les parties constituant la « Tête », en raison de sa supériorité sur toutes les autres parties. Elle commence à la région des oreilles et fait le tour du visage. Un cheveu blanc s’en détache qui indique les treize gloires de Dieu, gloires dont l’écriture dit : « … Par où jamais homme (adam) n’a passé, et où jamais homme (isch) n’a demeuré ». Le degré appelé « Adam » est au-dessous de cette « Barbe », et, à plus forte raison le degré appelé « Isch ». Treize sources jaillissent de la « Barbe », dont quatre seulement sont cachées, alors que neuf servent à alimenter le corps. Au mois de Tichri, qui est le septième de l’année, ces treize sources ouvrent les treize portes de miséricorde. C’est de cette époque de l’année que l’Écriture dit : « Cherchez le Seigneur quand il est trouvable ». Et ailleurs : « Et vous mortifierez vos corps le soir du neuvième du mois ». « Seigneur Jéhovah, tu as commencé à montrer à ton serviteur ta grandeur ». Dans ce verset, le nom Jéhovah est écrit complet, alors que, sur la terre, il est rarement complet. Il y a un « Vav » d’en haut et un « Vav » d’en bas ; de même, il y a un « Hé » d’en haut et un « Hé » d’en-bas; mais il n’y qu’un « Yod » d’en haut auquel rien ne s’associe et auprès duquel nul ne peut monter. C’est par l’union du Vav et du Hé qu’on aperçoit faiblement le Yod, telle des veines qu’on aperçoit sous l’épiderme. Malheur au monde quand l’épiderme est assez opaque pour cacher complètement les veines !
(177b) La « Tête » est remplie de rosée. Elle contient trois cavités. Deux lignes, noires comme le corbeau, forment des arcs au-dessus des ouvertures profondes disposées à droite et à gauche de la « Tête ». Un sentier étroit sépare en haut ces deux lignes. Le Front ne présente jamais de rides, excepté au moment de l’irrigation. Les Yeux sont composés de trois couleurs où le foncé se marie au blanc. Le Nez est fin. Trois flammes sortent des ouvertures du Nez. Le nom « Ahi » est la synthèse des six noms précédents. Le Yod éclaire le Vav et le Hé. Et malheur au monde, quand le Yod se détourne du Vav et du Hé par suite des péchés de l’homme ! Quand le Yod se détourne du Hé, l’Écriture dit : « Tu ne découvriras pas dans ta Mère ce qui doit rester caché ».
TROISIEME CHAPITRE
La « Barbe » est parée de neuf ornements glorieux. La première parure est la disposition des cheveux les uns sur les autres, depuis l’ouverture des oreilles jusqu’aux commissures des lèvres ; deuxième parure : le tour de la barbe d’une commissure des lèvres à l’autre; troisième parure : les poils sortants de l’ouverture du nez ; quatrième parure : les moustaches ; cinquième parure : des « grains de beauté » ayant la forme de pommes, rouges comme des roses; sixième parure : des mèches de cheveux noirs pendues le long des tempes ; septième parure : des lèvres rouges comme une rose; huitième parure : des boucles couvrant la nuque; neuvième parure : des longs cheveux alternant avec des courts. C’est pour répondre à ces neuf parures que David invoqua neuf fois le nom du Seigneur’ dans le Psaume qui commence par ces mots : « J’ai invoqué le nom du Seigneur au milieu de l’affliction ». C’est pourquoi la tradition nous apprend que l’homme qui rêve de saisir la « Barbe » de l’ « homme supérieur » est en paix avec son Maître et destiné à vaincre ses ennemis. À plus forte raison la miséricorde se répand-elle dans monde quand la « Barbe » de la « Tête Suprême » éclaire le monde ici-bas.
Il est écrit : « Et le Seigneur dit : Que les eaux produisent des animaux vivants qui nagent ». « Jah » fusionna les deux lumières ensemble, la bonne avec la mauvaise, le Haya supérieur avec le Haya inférieur, le bon Haya (178a) avec le mauvais.
L’Écriture dit en outre : « Et Élohim dit : Faisons homme à notre image ». Elle ne dit pas : « Faisons l’homme », mais : « Faisons homme » afin d’exclure l’ « Homme » d’en haut, lequel est formé du Nom complet. Quand l’ « Homme » d’en haut est complet, l’homme d’ici-bas l’est également. Jéhovah est le côté mâle, et l’homme est le côte femelle. Aussi, pour faire l’homme à l’image de Dieu, il a fallu le faire mâle et femelle. Yod désigne le mâle,
le Hé la femelle ; Vav sort des deux. C’est pourquoi l’Écriture dit : « Il les créa mâle et femelle ; il les bénit et il leur donna le nom d’homme (adam) », c’est-à-dire : il leur donna le nom de l’ « Homme » assis sur le trône céleste et dont ils ont reçu la forme, ainsi qu’il est écrit : « Et au-dessus du trône on voyait quelque chose qui paraissait comme un homme ».
QUATRIEME CHAPITRE
La beauté du visage ne se révèle que rarement. Certaines lettres composant le visage sont visibles ; mais certaines autres restent cachées aux êtres d’en haut et d’en bas. « Et Dieu dit : Que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce, les animaux, les reptiles, etc. » Ailleurs, l’Écriture dit : « À l’homme comme à la bête, tu viens en aide, ô Seigneur ». L’homme et la bête ont beaucoup de commun ; aussi, l’homme est compris dans la bête et la bête est comprise dans l’homme. Lorsque « Adam » vint ici bas, (178b) la figure céleste avait deux esprits, l’un du côté droit destiné aux hommes et l’autre du côté gauche destiné aux animaux. Mais, après le péché d’Adam, le côté gauche fut tellement répandu qu’il pénétra même l’homme. Il en résulta un excédent de l’esprit du côté droit qui n’a plus trouvé de corps d’homme pour y pénétrer, l’autre esprit ayant pris sa place. De là vient ce mélange entre les deux esprits qui engendre des monstres. Bien que les vingt-deux lettres soient cachées en haut, elles sont visibles ici-bas. Il y a également un Yod caché en même temps qu’un Yod visible. Le Vav qui ressemble à la languette d’une balance les tient en équilibre. L’Yod seul désigne le Principe mâle. Le Hé désigne le Principe femelle. De l’union de Yod et de Hé sortit le Vav. C’est pourquoi l’Écriture dit : « Les enfants de Dieu voyant que les filles des hommes étaient belles, etc » Le terme : « Fille des hommes… » désigne le démon, ainsi qu’il est écrit : « Deux femmes prostituées se présentèrent devant le Roi ». Les anges dont parle l’Écriture ayant vu l’union suprême d’en haut entre le mâle et la femelle ont voulu l’imiter et ils se sont unis à la femelle prostituée, du démon. Aussi sont-ils tombés en déchéance, perdant le rang qu’ils occupaient auparavant.
CINQUIEME CHAPITRE
« Malheur à la nation pécheresse, au peuple chargé d’iniquité, à la race corrompue, aux enfants scélérats. Ils ont abandonné Jéhovah ; ils ont blasphémé le Saint d’Israël ; ils sont retournés en arrière ». Le Nom Jéhovah désigne les sept degrés se composant ainsi : « Yod, He, veh, hi, vav, hoï, hah ». Le Vav est représenté par l’homme composé de mâle et femelle. Le Vav quitte l’homme quand celui-ci est un scélérat. La Genèse commence par les mots : « Berechith bara… » Le premier mot est complet ; le second est composé des lettres formant la moitié seulement du premier. Le premier désigne le Père, et le second désigne le Fils, tantôt caché tantôt visible. L’Éden d’en haut est caché, tandis que l’Éden d’en bas est entrevu ; l’on y découvre « Jéhovah, Jah, Élohim ». Le mot « Eth » désigne l’union du côté droit avec le côté gauche, « Adonaï » avec « Ehìeh ». Après l’union du ciel et de la terre, Dieu dit : « Que le firmament soit tendu au milieu des eaux ! », pour séparer le « Saint » du « Saint des Saints ». L’Ancien des temps est étendu pour venir en contact avec des humbles et modestes; la bouche ose à peine prononcer ces choses sublimes ; il s’est paré de couronnes modestes consistant en cinq genres d’eau, ainsi qu’il est écrit : « Et il répandra sur lui de l’eau vivifiante ». Or, Dieu est vivifiant. « Et Dieu dit : Mon esprit demeurera pour toujours avec l’homme, parce qu’il est chair ». Ces paroles ont été prononcées par l’Ancien des temps. Le mot « Jadon » signifie « discuter » ; le verset cité a donc la signification suivante : Mon Esprit ne sera pas en désaccord avec l’ « Homme » d’en haut, attendu que c’est lui qui verse mon Esprit en bas par les deux fenêtres dont il a été parlé précédemment.
L’Écriture ajoute : « Et ses jours seront de cent vingt ans ». Le Yod seul n’a pas de valeur numérique fixe ; tantôt il désigne cent, et tantôt, il a la valeur de [179a] dix mille ans. C’est pourquoi l’Écriture dit que le fleuve du Jardin de l’Éden se divise en quatre canaux. Cette division fut faite pendant la chute des anges ; mais elle n’est plus renouvelée jusqu’à l’arrivée de Josué. Les anges tombés ne reparurent plus jusqu’à la venue de Salomon qui, grâce à sa sagesse, pouvait en tirer avantage Ils sont tombés dans la déchéance ; mais ils sont encore divisés en royaumes distincts. Ils se font constamment la guerre les uns aux autres, ainsi qu’aux rois de la terre. Treize de leurs rois font la guerre à sept rois sur la terre. Neuf autres rois protègent certains rois sur la terre. Un arbre odoriférant croît au milieu de leurs royaumes; et des oiseaux perchent sur ses branches. Un serpent est enroulé autour du tronc de cet arbre, tenant la queue dans la bouche. Le Hé paragogique du mot « capekha » désigne la trompette du Jobel, car le Jobel est le symbole du Hé ; et, quand le « Hé » sera visible à tout le monde, Jéhovah et Élohim seront Un, ainsi qu’il est écrit : « Et le Seigneur sera seul en ce jour-là ».
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