Brit Menucha

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Brit Menucha.

Les Visions et Méditations mystiques d’Abraham de Grenade par Louis Jacobs.

Sur la page titre du Brit Menucha, attribué à Abraham ben Isaac de Grenade, l’éditeur cite, pas très correctement, le Kabbaliste du 16e siècle Moïse Cordovero, dans son ouvrage Pardes Rimonim, Sha’ar Nekudot chapitre 1 : « J’ai lu l’oeuvre Brit Menucha, un ouvrage délicieux contenant un exposé du Tétragrammaton. Il est certain que le contenu de ce livre a été transmis par les maîtres de la tradition, ou qu’il ait été donné par un ange puisque ce n’est point un sujet qui puisse être appréhendé par des spéculations profondes et le raisonnement, mais qui ne peut qu’être le fruit d’une formidable compréhension par l’aide du Saint-Esprit ».

La traduction ici donnée parle d’« illuminations » (orot). Ce sont les influences spirituelles sur le monde matériel venant d’en haut. Elles sont représentées par les points voyelles du Tétragrammaton. Bien que les kabbalistes soient toujours en mal de nier qu’il y ait quelque lumière physique dans les royaumes supérieurs, ils préfèrent le symbole de la lumière afin de parler de ces entités spirituelles puisque la lumière est la plus éthérique de toutes les substances. Il semblerait également, cependant, que l’auteur de notre texte dépeigne en fait à lui-même, pendant ses méditations, les flashes de lumière, spiralante, ascendante et descendante, comme il les voit par son oeil intérieur.

Il est utile afin de comprendre ce texte très compliqué de décrire quelque peu le schéma détaillé dans ce processus. Le point du Tétragrammaton auquel on se réfère dans les textes est appelé le « os segol » – le son « é ». Ce point est conventionnellement formé de trois points inversés. Ce point est dit représenter l’unification de toutes choses avec la source divine. La puissance créatrice du Tétragrammaton sert à unifier lorsque le nom divin est pointé avec un segol. Les trois illuminations représentées par les trois points sont en réalité une, mais elles sont divisées en trois, l’entité du milieu étant la plus puissante et celle qui produit le principe unifiant. Ainsi, l’illumination du milieu flashe d’abord vers le haut et ensuite se meut lentement vers le bas, attirant les deux autres avec elle… Segol est une voyelle courte et lorsqu’elle est appliquée au Tétragrammaton de diverses manières par notre auteur, il apporte l’impulsion de réveil messianique de la manière la plus puissante qui soit, le nom divin flashant comme les trois illuminations, dans l’anxiété de la réalisation de la culmination de l’histoire humaine.

Le texte se poursuit ensuite en disant que la méthode de pointer le Tétragrammaton était utilisée au temps du Temple lorsque le Grand Prêtre entrait dans le Saint des Saints le Jour du Grand Pardon. Lorsqu’il disait le nom divin, pointé du Segol, le Grand Prêtre se voyait offert une vision de la Shekhinah et de l’Arbre Sephirothique en son entier. Le texte décrit ensuite la méthode utilisée par le Grand Prêtre.

Spartakus FreeMann

Brit Menucha

La section ici reproduite est le chapitre portant sur la septième façon de pointer le Tétragramme :

« Pour ce qui est de la septième manière de pointer, qui peut parler de sa profondeur, de sa puissance, de sa sagesse et de ses merveilleux miracles, de ses processus et étapes, de sa grandeur, du grand et terrible choix ? Ceci, plus que toutes autres illuminations que nous avons exposées auparavant, se réfère à l’unité du Saint, béni soit-Il. Car, tandis que les illuminations s’élèvent, elle combine le feu d’en haut avec le feu d’en bas et ensuite elle combine le feu d’en haut avec la puissance de sa source et elle combine ainsi toutes choses. Et tandis qu’elle descend, elle combine ceux d’en haut avec ceux d’en bas et les joint forme à forme. Car la vérité est que la forme de l’homme est celle de la Forme Supérieure, l’Homme Supérieur. Et ainsi, également, la vermine et les choses rampantes et toutes choses a sa forme supérieure, comme je l’ai exposé auparavant. Dans sa grande brillance, cette illumination repousse, d’abord, les autres illuminations mais ensuite elle les rapproche à nouveau par son grand pouvoir, les attirant par sa splendeur abondante. Cela démontre combien grande elle est, n’ayant ni début ni fin.

Lorsque cette illumination émerge afin de s’étendre de la racine magnifique, sans aucun mélange, excessivement claire et terrible, elle s’élève par le sentier menant au Beth El. Elle gagne en puissance par son ascension et est divisée en trois parties. Ces trois parties joignent chaque créature à leur source et donc une domination est attribuée au Maître de chacune. Concernant ces trois parties, la première attache, chacune à sa place, toutes les créatures d’en haut. La seconde attache, chacune à sa place, toutes les créatures intermédiaires. La troisième relie en elles toutes les créatures d’en bas, une à une, à la puissance de leur source, afin que la domination soit une domination unique. Cette domination est liée à l’Unique afin que tout soit un.

Deux de ces trois illuminations s’élèvent au même endroit, mais la troisième se meut puissamment entre les autres, espacées identiquement. La troisième, qui devrait être la plus élevée, en fait tourne sa face vers le bas, se saisissant de ses deux compagnes afin de les attirer vers le bas, avec la grande puissance qu’elle possède même lorsqu’elle est tournée vers le bas… Vous devez vous préparer à appréhender cette matière de très haute sagesse afin de découvrir une telle unification parfaite que ni vos pères ni les pères de vos pères ont jamais pu appréhender.

Ces trois illuminations, liées entre elles l’une à l’autre, apparaissent comme trois types de domination, l’une joignant énergiquement ensemble les êtres supérieurs, la seconde les êtres intermédiaires et la troisième les êtres inférieurs. Puisque ces trois dominations sont liées entre elles, elles apparaissent comme une seule entité liée à la Cause Primordiale. Toutes les fonctions de ces trois illuminations sont entreprises énergiquement. Par conséquent, la voyelle est courte, se mouvant énergiquement vers la Cause Primordiale. Ce sont de très significatives illuminations…

Qui peut parler de la sagesse, de la puissance et du gouvernement de ces trois illuminations, qui se rassembleront dans la dispersion d’Israël au temps de la Rédemption ? Combien puissantes sont-elles ! Aujourd’hui encore, elles se tiennent prêtes à sauver ceux qui chutent, qui se plongent dans la prière, donnant la victoire et répondant aux demandes à ceux qui connaissent la source. Le nom de la première est YeYiYa. Le Nom de la seconde est YaYaHW. Le nom de la troisième est HeHaYW. Ces trois noms sont puissants: il sont efficaces sans purification préalable et sans invoquer les anges, mais uniquement comme résultat d’une méditation parfaite à sur eux. Quiconque les utilise doit méditer afin que cette puissance soit attirée vers le bas en eux de la manière que j’ai décrite. Au temps de la Rédemption, ces trois illuminations se répandront rapidement… Cette méthode du pointage accomplit son but plus rapidement que celles que j’ai mentionnées précédemment. Cela est tel que cela doit être, puisqu’un nom qui possède une voyelle courte atteint son but plus rapidement que les autres. Comprenez, par conséquent, cette manière de pointer (les lettres) et vous serez alors témoins d’une très grande sagesse.

Sachez que le Nom que le Grand-Prêtre disait le Jour du Grand Pardon était pointé uniquement avec des voyelles courtes. Il disait le Nom très lentement. Lorsqu’il mettait en mouvement la première consonne, il le faisait avec force, la faisant résonner partout, à l’est, au nord, au sud et à l’ouest avec des mouvements très énergiques. Lorsqu’il prononçait la seconde consonne, il attirait ensemble les illuminations avec une très grande force. Lorsqu’il prononçait la troisième consonne, il le faisait très rapidement afin d’empêcher que la qualité de la Puissance ne devienne trop importante et détruise le monde. Et lorsqu’il prononçait la quatrième consonne, il le faisait également rapidement afin d’empêcher la qualité du Repos de se renforcer et qu’il n’y ait pas suffisamment de puissance dans le monde pour qu’il continue à revêtir sa forme actuelle.

Je vais vous expliquer à présent la manière dont le Grand-Prêtre pointait les lettres du Nom le Jour du Grand Pardon. Ne la divulguez pas à tous, car c’est un très grand principe. C’est celle de septième mode de ponctuation. En elle vous verrez une sagesse infinie et une unification parfaite car, comme vous l’observerez, elle est constituée entièrement de voyelles courtes. Tandis que le Grand-Prêtre prononçait le Nom, les Lévites l’accompagnaient par des mélodies correspondantes aux mouvements qu’il faisait. Lorsque les Lévites l’accompagnaient de cette manière, sa prière était acceptée…

Réfléchissez à présent et observez cette chose sage. Car la vérité est que lorsque le Grand-Prêtre entrait dans le Saint des Saints avec l’encens dans sa main, vêtu de son vêtement pur, le turban sur la tête et le cordon sur ses reins, son apparence était telle celle du Grand Prêtre céleste dont le nom est Michaël. La lueur sur son visage était telle un Hashmal, le souffle de sa bouche comme celui des Seraphim, sa langue était aiguisée comme une épée tandis qu’il entrait dans le Sanctuaire. Lorsqu’il voyait l’Arche couverte de la Nuée, il disait : « Souverain des Mondes ! Pardonne mes péchés et les péchés de ma maison et les péchés des enfants d’Israël ». Après cela il entendait une voix disant : « Mon fils, bénis-moi ! ». Ensuite le Grand-Prêtre savait que le moment de la grâce était venu. Il secouait alors ses vêtements et le son des cloches était entendu au-dehors et Israël savait que le temps de grâce était là. Ensuite, le Grand Prêtre prononçait le Nom comme il est écrit YHVH avec ses voyelles, et, humblement et mystérieusement, il méditait dessus. Ensuite, les fondements du Temple tremblaient et le Temple se remplissait de lumière céleste. Le Grand-Prêtre au milieu de cette lumière disait : « Souverain des Mondes ! Que Ta volonté soit faite que cette année soit une année de bénédictions et de joies » etc. Lorsque les prêtres qui se tenaient dans la cour entendaient le Nom, ils tombaient face contre terre et s’exclamaient : « Béni soit le Nom de Son Glorieux Royaume pour les siècles des siècles ». Le Grand-Prêtre offrait sa supplication à Son Créateur. Lorsqu’il prononçait le Nom, il élevait le Yod et le faisait s’élever avec puissance et avec le son de la mélodie et ainsi faisait-il avec les autres lettres comme je l’ai dit.

Combien glorieux était le Grand-Prêtre lorsqu’il sortait sain et sauf du Lieu Saint, car la radiance de la Shekhinah était comme un halo autour de sa tête jusqu’à ce qu’il ait rejoint sa maison. Le Grand-Prêtre ne quittait pas le Saint des Saints en tournant le dos à l’Arche, à moins d’en être puni sur-le-champ. Un certain rayon de lumière émanait d’entre les Cherubim de l’Arche dans le Saint des Saints. Il était tel un flash qui embrasait le Grand-Prêtre afin de le pousser dehors de manière à ce que son dos ne soit jamais tourné vers l’Arche où se tenait la Shekhinah.

Volà quelle était la procédure adoptée par le Grand-Prêtre dans le Saint des Saints. Les consonnes et les voyelles du Nom Divin étaient gravées sur les portes de l’Arche. Si le Grand-Prêtre voyait que les portes de l’Arche étaient emplies de lumière blanche, alors il se réjouissait. Mais s’il voyait de la lumière rouge, ce n’était là pas un bon signe ni pour Israël ni pour le Grand-Prêtre lui-même. Si le Grand-Prêtre voyait la lumière rouge alors il prenait son courage dans ses mains et disait : « Souverain des Mondes ! Détourne Ta fureur et accepte la repentance de Ton peuple ». Il s’engageait alors dans une suite de requêtes et de supplications vers la Saint, béni soit-Il…

Voyez, je vous ai entretenu de la procédure du Sanctuaire lorsque le Grand-Prêtre pénétrait dans le Saint des Saints, j’ai expliqué la ponctuation du Segol car cette ponctuation représente la Segulah avec laquelle Israël, la sainte graine, a été vivifiée. C’est la seconde illumination, dérivant de la Racine de Lumière, joie et beauté. Comme je l’ai dit, celles qui mènent le Nom dérivent de là. C’est un sujet important. C’est l’illumination qui attire puissamment. Elle embrasse de son immense pouvoir celles d’en bas et celles d’en haut afin de les relier en une unification. Du fait de sa puissance, une autre illumination dérive d’elle. C’est le Daguesh (point) de la seconde lettre. Cette illumination s’étend de tous côtés, dans toutes les directions et par sa force elle soumet les autres illuminations. C’est l’illumination qui ouvre la porte et amène le pouvoir et la splendeur des autres illuminations. C’est la lumière qui ouvre la fenêtre de l’est… Elle est pointée avec la voyelle patach (ah), une des voyelles les plus courtes qui, comme je l’ai dit, remplissent leur fonction très rapidement. C’est une ponctuation très grande et efficace, d’une infinie beauté. C’est la voyelle sous le premier Hé, la seconde lettre de YHVH…

La troisième illumination est plus belle encore à contempler. Le Grand-Prêtre en prolongeait sa contemplation plus que pour les autres illuminations… Son Nom est MLKYH et sa voyelle est chirik (ee). La quatrième illumination est composée de trois réunies et sa voyelle est churuk (oo) avec ses trois points. Elles ont toutes un nom unique : YHWDREYHW (Yehodarayhu)…

Heureux l’homme qui atteint à la connaissance de la sagesse contenue dans ce Nom.

Il y a trente-six marches entre le Sanctuaire et le lieu où se tient l’Arche. Le Grand-Prêtre ne pouvait aller plus loin que la quinzième marche à moins d’être puni et mis à mort. Tandis qu’il gravissait ces quinze marches, il chantait des cantiques et des prières, chaque chant se référant à une dérivation du Nom selon ses combinaisons. Lorsqu’il atteignait la quinzième marche, il récitait alors la confession et prononçait le Nom comme je l’ai expliqué.

La tâche de l’explication du septième mode de ponctuation est à présent finie dans ses principes généraux et détails concernant la Qualité de la Puissance par laquelle un grand pouvoir est tiré au travers des voyelles courtes… »

Fin.

Plus sur le sujet :

Brit Menucha. Traduction française par Spartakus FreeMann, Nadir de Libertalia, novembre 2005 e.v.

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