La doctrine ésotérique

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La doctrine ésotérique par Louis Dramard.

Ce texte datant du XIXe siècle, il devait être replacé dans son contexte historique et dans le courant de pensée d’alors. La retranscription due à Denis Andro est donc ici accompagnée de sa note introductive qui éclaire l’auteur et enlève tout doute quant à sa présence sur ce site – qui n’est certes pas connu pour ses dérives racialistes…

Merci encore à Denis.

Spartakus

Note Introductive :

Il va de soi que la présentation d’un texte ne vaut pas accord avec tout ou partie des idées qu’il exprime. Nous n’avons pas d’affinités idéologiques avec le mythe de l’Atlantide ou avec la théosophie — nous sommes du reste étranger à toute société de pensée et incroyant —, a fortiori avec les élucubrations ici développées sur les « Aryens » (mais attention à ne pas faire d’anachronismes : ce thème est alors fréquent en histoire des peuples, et n’a pas les connotations terribles du XXe siècle).

Ce texte est intéressant d’abord en ce qu’il permet d’illustrer comment s’articulent à cette époque, chez des hommes d’extrême-gauche comme Dramard, des thèmes socio-philosophico-occultistes projetant dans un passé « préhistorique » des schémas et des préoccupations qui imprègnent alors une frange importante de la pensée politique y compris progressiste : évolutionnisme, scientisme (jusqu’aux inventions de l’ère industrielle, chemins de fer et télégraphe, transplantés dans ces civilisations englouties, dans une sorte d’heroic-fantasy mâtinée de Jules Vernes !), voire une conception racialiste de l’humanité. Il montre aussi que la recherche éperdue dans le passé d’un modèle d’âge d’or et du politique (l’« antique synthèse ») tient encore beaucoup aux modèles utopiques (et peu démocratiques en ce qui concerne le passé, voir le thème du « pouvoir des Initiés ») ; en même temps qu’elle exprime en partie la faiblesse théorique et pratique des forces socialistes du début des années 1880, elle permet aussi de voir comment et pourquoi circulent dans les deux sens des thèmes et des schémas entre révolutionnaires néo-utopistes et occultistes.

Examiner cette période, dégager ses profondes faiblesses, mais également peut-être ses points forts — le fil d’Ariane, passant parfois aussi dans l’ésotérisme, d’une unité de la communauté humaine, le lien non rompu avec le socialisme utopique, une aspiration à une sorte de révolution qui aurait une face métaphysique accessible à tous, le prolétaire qui « aime et qui espère » ayant « l’intuition de la grande loi cosmique » —, peut contribuer à mieux se repérer dans la nôtre, où l’irrationalisme anti-humaniste gagne chaque jour du terrain.

Quelques mots sur le parcours de l’auteur, Louis Dramard [1] : né à Paris le 2 décembre 1848, il se destine à la médecine, mais doit interrompre ses études en raison de problèmes de santé (probablement une tuberculose) qui le conduiront plus tard à s’établir en Algérie et à y passer la moitié de sa vie. Sensibilisé au sort des vaincus de la Commune — et même proscrit selon le Lotus —, il fait un reportage sur les exilés en Suisse et en Belgique (« Voyage au pays des proscrits »), et devient socialiste à leur contact. Il fonde en Algérie un premier Cercle d’études sociales, noyau du Parti ouvrier algérien, et sera en 1882 délégué au Congrès ouvrier de St Étienne. Toujours en Algérie, il crée en 1879 la Voix du Pauvre, qui lui vaut des inimitiés dans le monde colonial en raison de ses sympathies pour les « indigènes ». Selon Malon, « le Droit des Arabes et des Berbères algériens à l’émancipation politique a été fondé : il aura son jour ». Sur l’antisémitisme (où Malon et certains collaborateurs de la Revue socialiste furent compromis [2]), Malon écrit que Dramard « ne comprenait pas l’antisémitisme sous prétexte de race ou de religion », même « s’il détestait le Juif, pris comme synonyme d’usurier, de spéculateur » — ce qui est une formule typique de l’antisémitisme de gauche de cette époque souvent trouble du socialisme d’avant l’affaire Dreyfus.

Il rencontre Malon en 1880 et participe à la fondation de la Revue socialiste. Malon précise leur programme : « Nous nous dîmes dès lors que le socialisme renaissant ne devait pas, par une réaction exagérée contre l’ancien socialisme utopique, se limiter aux questions purement économiques et qu’il devait se préoccuper de toutes les grandes questions philosophiques, politiques et sociales du temps présent ». Intéressé par la science, notamment par les sciences naturelles, l’évolutionnisme, les débats autour de Lamarck et de Darwin, Dramard donne en 1881 une étude sur « Transformisme et socialisme ». Après une interruption la Revue socialiste reprend en 1885 : il y participe à travers des études sur l’occultisme, ou en rendant compte du combat antivivisectionniste de Marie Huot [3] ; il publie également dans la Revue du mouvement social, et consacre dans la Revue moderne — entre de la poésie symboliste d’Ephraïm Mickaël ou des hommages à Victor Hugo — un long article sur « la science occulte ». Il s’intéresse aussi à la littérature et avait le projet, pour la Revue socialiste, d’une étude sur Edgar Poe.

En effet Dramard selon Malon était « insatisfait » et nourrissait, en libre-penseur, des aspirations philosophiques que, peut-être, la franc-maçonnerie (à laquelle participait son ami Malon) ne pouvait remplir. Malon lui fait connaître en 1884 l’existence de la Société théosophique créée en 1875 à New York, et qui commence à s’établir en France. Il s’y engage totalement et devient en 1887 le président de la branche Isis — bientôt seule reconnue par les fondateurs américains ; dans la logique de sa double appartenance, il donnera dès lors des articles occultistes à la Revue socialiste, et socialistes à l’organe théosophique français Le Lotus [4]. Socialiste communaliste et théosophe, socialement petit colon en Algérie où il a acquis un petit vignoble et où à la fois il défend « la cause des Arabes opprimés » (Le Lotus), mais est, un temps au moins, antisémite : autant d’éléments contradictoires qui auraient pu peut-être le faire glisser vers l’une des formes françaises de pré-fascisme. On peut faire l’hypothèse que, outre un entourage socialiste de plus en plus conscient des dangers de fusions entre révolte sociale et nationalisme [5], l’idéologie théosophique, dans sa dimension morale néo-bouddhiste ou néo-hindouiste, l’absence aussi chez lui de cynisme individualiste, lui ont fait s’efforcer de transcender ces contradictions par le haut, à travers un occultisme (pensé comme une science selon le discours de l’époque) à contenu également moral : « le principe fondamental de l’occultisme est l’unité originelle et finale de tout ce qui existe ». Il meurt le 15 mars 1888 à Alger [6].

Denis Andro

La Doctrine Esotérique

Discover what will destroy your life and your art a great man ! — what will prolong it, and you are an imposter ! Discover some invention ie machinery, that will make the rich more rich, and the poor, more poor, and they will builn you a statue ! Discover some mystery in art, that would equalize physical disparities, and they will pull down their own houses to stone you – Bulwer Lytton, Zanoni.

Avant-Propos

Ce n’est pas sans appréhension que, sur les instances de quelques-uns de nos lecteurs, nous abordons ici l’étude des sciences improprement appelées occultes, puisque le mot science implique toujours l’idée de connaissance, quelque restreinte ou limitée qu’elle puisse être.

La période d’obscuration que vient de traverser l’humanité, domptée par l’Empire, abrutie par le Christianisme, semble, il est vrai, toucher à sa fin. Les in pace, les bûchers du prêtre, les bastilles, les échafauds du prince sont rentrés dans les ténèbres ; et, comme l’enfant dont le radieux soleil levant dissipe les frayeurs nocturnes, les hommes d’aujourd’hui, souriant des faiblesses d’hier, font parade de leur scepticisme et de leur incrédulité.

Qu’ils sont loin, cependant, de posséder cette indépendance d’esprit qu’on affiche partout sans la comprendre ! Ce n’est pas en quelques jours qu’on passe de la crédulité la plus enfantine, à la liberté intellectuelle. La pensée, comme les organes physiques, a besoin d’un long exercice pour fonctionner librement ; et combien peu, de nos jours, ont exercé convenablement leur esprit ? La libre-pensée ne consiste pas à répudier des croyances absurdes, pour adopter, non moins aveuglément, une opinion à la mode ; elle exige, en premier lieu, l’élimination de tout jugement dont la démonstration n’a pas été faite, puis l’examen sans parti-pris de toute idée nouvelle, si incroyable qu’elle puisse sembler au début. Or, en dehors de quelques progrès indéniables, les préjugés n’ont guère fait que changer de forme ; pour bien des gens, le journal a remplacé la chaire, et peu de consciences savent se passer de directeurs. Voilà pourquoi nous hésitons à présenter ici des idées absolument étrangères au milieu qui nous entoure, bien qu’elles reposent à la fois sur l’observation, l’expérience, la logique, la concordance avec toutes les manifestations de l’univers extérieur et du sens intime de l’homme.

Le dogmatisme, quel que soit son masque, tel est le véritable ennemi, survivant à la chute des idées qu’il incarne. C’est par lui que toutes les bastilles religieuses se sont succédées sans trêve dans l’histoire, et que l’exclusivisme universitaire fait aujourd’hui la besogne du cléricalisme, en attendant l’occasion de prendre un nouveau déguisement, le jour où la réaction fatale de la pensée humaine ramènera l’idéalisme outré des âges précédents. Mais la loi d’oscillation, qui, en dépit du jargon des écoles, régit aussi bien l’esprit humain que le pendule, diminue constamment l’amplitude de cet écart alternatif en deçà et au-delà du vrai. Telle est la loi cyclique du progrès, dont nous étudierons ci-dessous le fonctionnement, avec ses phases de lente éclosion, de brillante maturité, puis de déclin et de régression apparente ; telle est la loi cosmique d’Évolution vers l’unité, qui régit la course des astres comme celles de l’atome et de l’homme.

Arrière donc tout respect humain, toute concession lâche aux préjugés mobiles de l’époque ! Il a existé, nous en donnerons les preuves, une antique synthèse si solidement étayée, que chaque découverte moderne en est venue confirmer les conséquences, tandis que les systèmes philosophiques ou religieux s’évanouissaient successivement au grand jour de la science. Transmise à travers les âges de barbarie, d’obscurantisme et de persécution, par diverses associations occultes, cette doctrine passablement altérée a été en outre grossièrement exploitée par les charlatans et les imbéciles, à la faveur du mystère imposée aux vrais adeptes. Voilà pourquoi les sciences dites occultes sont dédaignées par les esprits qui s’intitulent positifs et voilà pourquoi nous croyons utile de les étudier au grand jour, afin d’étudier toutes les notions intéressantes qu’elles contiennent et d’illuminer tous les recoins de la caverne où se cachent encore aujourd’hui les exploiteurs de merveilleux. N’hésitons pas à remplir notre devoir de socialiste et de libre penseur, prenons pour unique critérium les lois immuables qui régissent l’univers, et sans souci des anathèmes ou du ridicule encore redouté, arborons hautement la noble devise des Maharajahs de Bénarès :

« There is no religion higher than true »

I – Origine de l’Esotérisme

Quand on cherche à remonter jusqu’à l’origine des grandes découvertes, des hautes vérités qui ont transfiguré l’humanité barbare et marqué les étapes du progrès, on voit tous les fils conducteurs de l’investigation converger invariablement vers une civilisation mystérieuse et gigantesque qui florissait en Orient dans les temps préhistoriques.

Prenons, au hasard, parmi les découvertes de premier ordre, les vérités astronomiques qui découlent de la loi de gravitation ; nul n’ignore qu’avant les parrains officiels de ces découvertes, Kopernic, Képler, Galilée, Newton, bien des savants, bien des rêveurs, bien des martyrs, les avaient déjà plus ou moins rigoureusement formulées. Citons, au début de la Renaissance, le cardinal de Cusa, Giordano Bruno qui fut brûlé vif, Campanella qui fut torturé, et tant d’autres ! Dès le début de notre ère, ces vérités furent proclamées par l’illustre Aristarque de Samos et par les Cabalistes, auteurs du Zohar. Les simples manuels d’histoire signalent, 500 ans av. J.-C., les révélations astronomiques des Grecs Hicétas et Philolaüs qui vulgarisèrent plus ou moins bien la doctrine secrète de Pythagore. On sait d’ailleurs que pendant toute la durée des civilisations grecque et romaine, les Initiés aux mystères se transmettaient soigneusement ces vestiges d’une antique science, rapportée d’Égypte et d’Orient par Orphée en premier lieu, puis par un certain nombre de sages grecs. Pythagore avait vu, dans le temple d’Echatane, le mécanisme ingénieux au moyen duquel des sphères dorées imitaient les mouvements des planètes autour du soleil ; ces mêmes mouvements étaient représentés dans les sanctuaires d’Égypte par les danses symboliques des Initiés. Enfin, dans le Ramayana, poème populaire des Valmiki, composé 600 ans av. J.-C., et mieux encore dans les livres sacrés de l’Inde, on peut constater que les principales vérités astronomiques étaient vulgarisées en Orient bien avant la période dite historique.

Nous ne pouvons recommencer, au sujet de chaque prétendue découverte moderne, l’examen rétrospectif, fastidieux, quoiqu’incomplet, que nous venons de faire. Toutefois, pour ne parler ici que des faits connus de tout le monde, nous pouvons affirmer que les recherches sur les découvertes de la boussole, de la poudre à canon, de l’imprimerie, de la vapeur, conduiraient au même résultat.

Dans la Mission des Juifs, M. Saint-Yves d’Alveydre fait, sur le même sujet, quelques citations bien faciles à contrôler et de nature à étonner singulièrement les gens qui croient avoir étudié à fond l’antiquité, sur les bancs du collège. Nous en reproduirons quelques-unes :

« Agathias, de rebus Justin, liv.V, ch.4, rapporte qu’Anthème de Tralle, architecte de Sainte-Sophie, se servait de l’électricité avec une puissance que nous ne connaissons pas encore ; il le montre projetant les éclairs et la foudre sur la maison de Zénon et faisant usage de la vapeur pour déplacer un toit entier.

Dans l’histoire ecclésiastique de Sozomène, liv.IX, ch.6, on peut voir la corporation sacerdotale des Étrusques défendant à coups de tonnerre, contre Alaric, la ville de Narnia qui ne fut pas prise. »

De plus, ces prêtres initiés offrent aux chrétiens de Rome de venir sauver leur métropole assiégée ; mais ces ignorants, qui attribuent la science au diable, refusent, et Rome est prise.

« Dans Tite Live, liv.I, ch.33, dans Pline, hist. nat., liv.II, chap. 53 et liv. XXVIII, chap. 4, on peut suivre bien plus haut, à travers d’anciens annalistes, la trace de la science étrusque, en ce qui regarde l’électricité seule. »

Or, Tite Live et Pline sont des auteurs classiques et figurent dans les programmes universitaires ! On trouve aussi dans Ovide des détails analogues.

« Josèphe, Guerre des Juifs, liv. V, ch. 14, rapporte que le temple de Jérusalem, bâti par des architectes sacerdotaux de Tyr et de Memphis, avait, comme les temples de Junon en Italie, de Hêrê en Grèce et en Ionie, une armature métallique à pointes d’or : vingt-quatre paratonnerres communiquant à des puits. »

« Le manuscrit d’un moine de l’Athos, Panselenus, révèle, d’après d’anciens auteurs ioniens, l’application de la chimie à la photographie. Ce fait a été mis en lumière à propos du procès de Niepce et de Daguerre. La chambre noire, les appareils d’optique, la sensibilisation des plaques métalliques y sont décrits tout au long. »

La pyrotechnie, connue depuis les temps les plus reculés existait encore à Byzance.

« Porphyre, dans son livre sur l’administration de l’Empire, décrit l’artillerie de Constantin Porphyrogénète. »

« Celle de Léon le philosophe se laisse aisément entrevoir, ainsi que sa mousqueterie dans les institutions militaires de ce prince. »

« Ammien Marcellin, liv. XXIII, ch.6, Pline, liv.II, ch.104, indiquent assez clairement que les Perses se servaient d’armes à feu. »

« Valerianus, dans sa vie d’Alexandre, nous montre les canons de bronze des Indiens. »

« Dans Ctesias, on retrouve le fameux feu grégeois, mélange de salpêtre, de soufre et d’un hydrocarbure, employé bien avant Ninus en Claldée, dans l’Iran, dans les Indes, sous le nom de feu de Bharawa. Ce nom qui fait allusion au sacerdoce de la race rouge, premier législateur des noirs de l’Inde, dénote à lui seul une immense antiquité. »

« Hérodote, Justin, Pausinias, parlent des mines qui engloutissent sous une pluie de pierres et de projectiles sillonnés de flammes, les Perses et les Gaulois envahisseurs de Delphes ».

« Servius, Valerius Flacus, Jules l’Africain, Marcus Groecus, décrivent la poudre d’après les anciennes traditions ; le dernier donne même nos proportions d’aujourd’hui. »

« Homère indique clairement la boussole dans l’Odyssée, liv. VII, liv VIII et liv. XIII. Iamblique également dans sa vie de Pythagore, ch. 27 ; ainsi qu’Hérodote, liv. XV, § 36 ; Diodore de Sicile, liv. III, ch. 2 ; Suidas, etc. »

« Claudien décrit les feux d’artifice, les soleils tournants, antiques amusements de l’Égypte, de la Chine et du reste de l’Asie. »

« Dans Plutarque, vie d’Alexandre, ch.29 ; dans Hérodote, liv. VII, ch. 74 ; dans Sénèque, questions naturelles, liv. III, ch. 25 ; dans Quinte Curce, liv. X, ch. dernier ; dans Pline, hist. nat., liv. XXX, ch. 16 ; dans Pausanias, Arcad, ch. 25 ; on peut retrouver nos acides, nos bases, nos sels, l’alcool, l’éther, en un mot les traces certaines d’une chimie organique et inorganique, dont ces auteurs n’avaient plus ou ne voulaient pas livrer la clef. »

Enfin, dans le poème de Lucrèce, que tous les lycéens doivent avoir lu, on trouve des données générales sur la biologie et l’anthropologie, hors de proportion avec les connaissances de l’époque et qui sont des échos affaiblis d’une ancienne science poussée fort loin. Le professeur Hoeckel n’hésiterait pas à signer aujourd’hui le passage de Lucrèce relatif à l’Évolution du langage.

Il est temps de clore cette fastidieuse série de citations qu’il nous serait facile de continuer indéfiniment, au sujet du télégraphe, par exemple, ou du chemin de fer chez les anciens. Nous pourrions prouver aussi clairement l’antiquité de l’optique, de l’acoustique, de la musique la plus savante et de tout le groupe, qui semble aujourd’hui perdu, des sciences psychurgiques, depuis l’ontologie jusqu’à la cosmologie. Nous avons tenu, néanmoins, en dépit de la monotonie du sujet, à accumuler, dès le début de notre étude, des preuves indéniables, matérielles, palpables, de la réalité du fait sur laquelle elle repose : l’existence, dans les temps préhistoriques, d’une synthèse scientifique plus complète que la nôtre.

Tout esprit libre n’aurait besoin, sans doute, pour reconnaître cette vérité, que de considérer les monuments qui ont survécu aux civilisations éteintes et dont le caractère indestructible, presque surhumain, s’accroît en proportion de leur enfouissement dans la nuit du passé. Supposons l’Europe dépeuplée : les traces de sa civilisation ne seraient-elles pas depuis longtemps effacées, alors que l’antique Égypte parlerait encore, aussi haut qu’aujourd’hui, au souvenir des hommes ? Indépendamment des monuments de pierre, n’a-t-on pas retrouvé ces langues admirables, dont tous les idiomes, historiques et modernes, ne sont que d’impurs dérivés et dont la construction savante dénote la plus haute intellectualité ? Enfin toutes les religions, toutes les doctrines philosophiques passées et présentes, ne sont-elles pas des fragments isolés, plus ou moins altérés, d’une puissante synthèse antérieure ? De telles preuves l’emportent de beaucoup sur mille pages de citations ; mais la logique pure a peu de prise sur les préjugés, et comme nous ne pouvons, dans une étude succincte, citer les autorités au fur et à mesure que nous avancerons un fait nouveau, nous avons voulu, dès le début, en finir avec les railleries banales d’un scepticisme routinier, et fournir en abondance, aux esprits dits positifs parce qu’ils ne voient qu’une face des choses, les seuls arguments qui soient à leur portée, les faits brutaux. Désormais, nous exposerons purement et simplement la doctrine ésotérique, nous bornant à faire ressortir la confirmation de ses données principales par les dernières découvertes de la science contemporaine.

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