La Lettre Lamed par Gabri-el, Spartakus FreeMann & Prospéro.
La lettre Lamed signifie « aiguillon », et plus précisément l’aiguillon à bétail. Sans le gardien qui manie cet instrument, un troupeau n’a aucun moyen d’avancer dans la direction désirée, c’est pourquoi l’autre sens du Lamed est d’enseigner. L’image du professeur ou d’un mentor trouve aisément sa place ici ; celui qui dirige son étudiant vers un but, quitte à infliger une piqûre plus ou moins douloureuse en cas d’égarement. Mais enseignement et apprentissage sont indissociables, et c’est là une autre signification de Lamed. Lorsqu’il est utilisé en préfixe, il indique « selon », en faisant référence au mot qui le suit.
La valeur de Lamed (למד) est 30, nombre auquel se réduit également Judah (יהודה) que Virya nous décrit comme étant la tribu motrice des autres tribus d’Israël.
Lamed est associée à la carte de la Justice. La Balance est donc tout logiquement son signe zodiacal. Dans le Livre de la Formation, on peut lire : « Il fit régner la lettre Lamed, la couronna et avec elle, il forma la Balance dans l’univers, Tishrei dans l’année et le foie dans Nephesh ». L’association avec le foie sera discutée plus en profondeur plus bas.
Lorsque les lettres s’avancèrent devant le Saint, béni soit-Il, afin qu’Il choisisse avec laquelle Il commencera la création, Lamed n’eut pas la chance de plaider sa cause. En effet, elle et Kaph furent rejetés en même temps que Mem ainsi qu’il est dit : « […] le monde a besoin d’un Roi. Retourne donc à ta place, ainsi que le Lamed et le Kaph, puisque le monde ne peut exister sans un Melekh (Roi) ».
DuQuette fait remarquer que Lamed est à mettre en relation avec Aleph, puisque tous deux forment EL אל (l’association inverse de Lamed et de Aleph, לא, indique une négation, et se retrouve dans les Dix Commandements.) Ce nom divin correspond à Hessed, et représente la Miséricorde absolue, même à l’égard de ceux qui ne la méritent pas. C’est la puissance de El qui fige les actions des trois cent dix légions qui correspondent à l’attribut Din, la Justice, un autre nom de Geburah. C’est pourquoi il est imploré de la sorte : « Mais toi, Adonaï, El miséricordieux et Clément, lent à la colère, rempli de Bonté et de vérité » (Psaumes 86 : 15).
Ainsi, lorsque le souffle divin Aleph pénètre dans la rigueur du Lamed – qui avait conduit vers la Sephirah Geburah -, il équilibre celle-ci en lui apportant la miséricorde.
Lamed est donc bien le chemin de rigueur qui nous pousse à nous soumettre au Jugement du Créateur. Il nous pousse à la rigueur, envers nous-mêmes, et envers les autres également. Il est l’aiguillon qui nous fait quitter le statisme bienheureux de Tiphereth pour continuer notre chemin.
Au vu de la signification du Lamed, il me paraît possible de l’associer avec le martinet utilisé par certains magiciens. Aleister Crowley décrit cet instrument ainsi : « Le martinet est le soufre : son application excite nos natures faignantes ; et il peut également être utilisé comme instrument de correction, pour châtier les volontés rebelles. Il s’applique à Nephesh, l’Ame animale, les désirs naturels ». Il le décrit composé de plomb, de cuivre et de fer, qu’il associe à l’austérité, l’amour, et la sévérité.
On retrouve une fois encore un instrument destiné à briser le statisme de la pensée et de l’être et de se lancer, encore et toujours, à la recherche de la réalisation de soi.
Le soufre est, toujours selon Crowley, associé au Feu, un élément souvent attribué à Shin, dans le sens de Feu Créateur, ou Feu d’illumination. Ouaknin souligne que la forme du Lamed est celle d’un Kaph surmonté d’un Vav, ce qui nous amène à 26, valeur du Tétragramme. Or, YHVH, par le système Ath-bash, se transforme en MTzPTz (מצפצ), de valeur 300, comme Shin. Le lien entre Lamed et Shin est encore affirmé lorsque l’on sait que les trois « têtes » du Shin sont Abraham, Isaac, et Jacob, et que Abraham a hérité de l’attribut de El.
Au début de cet article, il est dit que Lamed est associé au foie, et c’est cet organe qui est chaque jour dévoré du flanc de Prométhée, pour le punir d’avoir livré à l’homme le feu. Le mot hébreu pour « foie » est KBD, dont la valeur est 26. Encore une fois la valeur du Tétragramme.
C’est sans doute pour cette raison que de Souzenelle nous dit du foie qu’il est l’endroit où s’accumule la lumière de l’accompli. En faisant le foie, et donc Lamed, rejoindre Teth, dont elle dit qu’il représente les énergies accomplies, elle nous offre un meilleur aperçu de la région de l’Arbre concernée. Celui qui se trouve en Tiphereth suit le chemin vers la Rigueur, par la voie du Lamed, et arrive à Geburah. Lorsqu’Aleph équilibre Lamed, il nous montre la voie vers la Miséricorde, et ce chemin est celui du Teth, énergie d’accomplissement.
Que la Torah se termine par un Lamed donne un aperçu de la démarche à effectuer pour arpenter le chemin.
« Le Baal haTourim, fait remarquer que le lamed est formé par un caf de valeur 20 , surmontée d’un vav, de valeur 6, nous permettant de retrouver la valeur 26 du tétragramme. »
« Le nombre 30, valeur du lamed, représente le parfait équilibre de l’agencement céleste. L’impulsion, qui motivait le mouvement de l’ensemble des tribus d’Israël, était donnée par la tribu de Yéhoudah, dont la valeur est 30. »
« La racine lamad est porteuse des significations suivantes :
Être instruit, apprendre par expérience, unir, attacher, frapper.
L’aiguillon, sens généralement attribué à lamed vient effectivement de la racine lamad, toutefois il faut ajouter un mem devant : malmad. L’aiguillon du lamed, apportent la notion de faire passer d’un état passif à un état actif. »
« Lamed dit quelques mots du cœur humain considéré comme le microcosme de l’homme, de même que l’homme est le microcosme de l’univers » Karppe – Aleph Beth de Akiba.
La Lettre Lamed, Gabri-el
Le Lamed
Nous voulons ici compléter le post de Gabri-el sur la symbolique de la lettre Lamed. Rien de bien original, mais une vision personnelle.
La Valeur numérique : 30, ce sont donc trois IOD unis, le trois transposé dans le monde des dizaines, celui des réalisations. C’est donc le nombre de la pure activité du ternaire dans la monade. Il est à noter que c’est à l’âge de 30 ans que le Christ sera baptisé par Jean-Baptiste, qu’Ezéchiel a commencé à prophétiser…
M.A. Ouaknin dans sa préface à La Méditation et la Bible remarque à ce sujet : « Le fait que le Lamed soit la somme de trois Iod nous enseigne qu’il faut comprendre le Lamed non comme résultat, mais dans son processus de formation, dans sa genèse. Ainsi, il se conçoit comme le résultat de deux « éclatements ». Éclatement de l’unité en triade, passage d’un Iod à trois, et éclatement de l’unité en multiple : les trois se lisent trente. L’ouverture du un s’effectue dans deux dimensions, dans le temps et dans l’espace. En effet, la triade est celle de la structure temporelle du présent, du passé et du futur. La première dimension du Lamed est donc celle du temps (l’étude requiert du temps). La seconde dimension est le passage de l’un au multiple, explosion du sens, c’est-à-dire interprétation. Le développement d’un sens en plusieurs autres. Cette expansion est spatiale, il s’agit ici de l’espace de l’Écriture. Le temps et l’interprétation constituent la structure du Lamed, de l’étude ».
On considère également que le Lamed est formé d’un Vav qui se relie à un Kaph et numériquement l’addition de ces deux lettres 6 et 20 nous donne 26, qui est la valeur numérique du Tétragramme.
Selon le Sicle du Sanctuaire : « Ainsi, le secret du lamed et le secret de Binah est un, mais dans le secret du nom, le He est le Souffle supérieur… »
Dans le songe de Job, l’échelle repose sur la terre, LUZ (Lamed Vav Zaïn), l’amandier , dont l’amande est le symbole de la lumière et de l’éternité cachées dans la coque des ténèbres… Et poursuivant le chemin de ces marches nous arrivons alors au mot LUL (Lamed Vav Lamed) qui est l’escalier en spirale, symbolisant le mouvement de la vie et c’est au bas de cet escalier que nous trouverons la nuit LEYLAH (Lamed Iod Lamed He) où l’homme rencontre le He, la Femme Supernelle, c’est au fond de cette nuit que la lumière éclate, dans les ténèbres le Germe…
Le Lamed est la Voie du Cœur, il est le Cœur de l’alephbeth, mais aussi le cœur lui-même puisqu’il constitue le mot hébreu LEB (Lamed Beth), cœur., le courage et le lamed est donc le cœur au plan physique, le courage au plan psychique, la conscience au plan spirituel. Le Leb représente par sa valeur numérique (32), les 32 sentiers de l’Arbre de Vie. Ces 32 sentiers étant souvent compris comme les 22 lettres et les 10 numérations, mais que l’on peut comprendre aussi comme les 22 lettres et les 10 signes voyelles qui leur donnent vie. Il est, en outre, à noter que ces deux lettres (Lamed et Beth) sont les lettres qui, respectivement, ferment et ouvrent la Torah. Cœur qui a pour valeur 32 revient également 32 fois dans le Pentateuque Et ainsi Roland Bermann écrit dans son Voie des Lettres, voies de sagesse : « Cette double constatation revient à dire qu’établir dans son cœur est aussi, et surtout, établir dans et par l’Écriture ».
Le cœur est le siège de la passion, Ahava = 13 = Achad = Unité qui conduit à Aleph, à Dieu. Le Cœur est ainsi le lieu central de réintégration de l’homme dans le divin.
Le cœur de l’homme est souvent orthographié avec un double Beth – LEVAV – ce qui nous indique qu’il y a dans le cœur de l’homme deux penchants, l’un pour le Yetser Hara ou mauvais côté et l’autre pour le Yetser Tov, le bon côté. Sous cette forme, la valeur numérique est alors de 34, ce qui met le mot en relation avec Babel, la tour ce qui revient à signifier Lamed elle-même dont c’est un des noms.
Et cependant, pour revenir à notre texte de prédilection, il est écrit dans le Cantique des Cantiques (5:2) « Je dors mais mon cœur veille » où « Je dors » est féminin car c’est la Sulamite qui parle alors que « mon Cœur » (Lebi) est masculin. Signifiant l’union, la complémentarité de l’actif et du passif représenté par le parallèle féminin-masculin.
Et nous disons, à la suite de Roland Bermann : « Si le Lamed est l’enseignement de la voie du cœur, alors à nous de prendre conscience que ce cœur, tout comme celui de la Sulamite est à l’état de veille, même si cette veille est rendue difficilement perceptible dans le quotidien ».
La Lettre Lamed, Spartakus FreeMann.
Sans vouloir revenir, de quelque manière que ce soit, sur les interventions de Gabriel et de Spartakus, je voudrais juste ajouter deux choses :
1 – Au sujet de la graphie, le Lamed est constitué d’un DALETH surmonté d’un VAV et ce graphisme possède donc une signification précise. Le Daleth, représentation de l’attribut de Malkhouth, symbolise le plan récepteur et le Vav est la lettre qui désigne par essence la coordination, le lien, la transmission des connaissances. Et ceci concorde assez bien avec la valeur ésotérique de cette lettre, le Lamed, qui de par sa racine L-M-D (qui signifie apprendre, enseigner) indique bien l’acte d’intérioriser et de servir d’intermédiaire entre des valeurs transcendantes et leur idéation ou conceptualisation. L’intériorisation est le fait de l’attribut de Binah et dans le jeu d’intermédiaire, nous sommes en présence de deux dimensions de Kether, la volition pure (Atik) et la volonté formulée (Arikh).
Ainsi donc, dans son rôle d’intermédiaire, le Lamed peut désigner la dimension de l’âme ‘Hayah qui opère la jonction entre les trois dimensions sensibles (Nefech, Roua’h et Nechamah) et l’essence de l’âme, Ye’hidah.
2 – Quant à la correspondance entre la lettre Lamed et la sephirah Binah :
a- il y a identité entre la signification de la lettre – apprendre, enseigner – et le rôle de Binah ;
b- Binah possède le rôle d’intermédiaire entre la faculté conceptuelle – ‘Hokhmah – et la conscience – Daath – conformément au rôle d’intermédiaire de Lamed.
c- les deux lettres qui désignent les fonctions de l’intellect se trouvent associées dans les mots LO (Lamed – aleph) et AL (aleph – amed). Aleph désigne la ‘Hokhmah car sa vocalisation vient d’une racine qui signifie « apprendre » et le Lamed désigne la Binah comme je l’ai dit plus haut.
« Ou-mélamed Léénoch Binah » – Et tu enseignes à l’homme la compréhension.
« La forme du Lamed représente l’aspiration du disciple sincèrement dévoué d’apprendre de la bouche du professeur. » Rabbi Y. Ginsburgh
Psaume 34 : 12
Venez, enfants, entendez-moi, je vous enseignerai à frémir d’Adonaï.
Lechu Benim Shim u Li Yirath YHVH Elemadkem
Rois II
« Alors le roi d’Assyrie commanda, disant, amenez ici un des prêtres que vous avez amenés de là bas ; et laissez-le aller et demeurer ici, et laissez-le leur enseigner les manières du Dieu du pays. Alors, l’un des prêtres qu’ils avaient amenés de Samaria vint et demeura en Bethel, et leur enseigna comment ils devraient craindre le Seigneur ».
Psaume 144 : 1
« Adonaï est béni, ma force, qui enseigne mes mains à guerroyer, et mes doigts à combattre ».
Plus sur le sujet :
La Lettre Lamed, Prospéro Image par beate bachmann de Pixabay