La lettre Ayin par Spartakus FreeMann.
En hébreu, la valeur de la lettre est de 70 et sa valeur développée est de 130.
Son symbole est l’oeil ce qui relie la lettre directement à la lumière dont l’oeil est le réceptacle. C’est l’organe qui permet la perception du monde et qui est le « miroir de l’âme » (et il est intéressant de noter que la valeur développée totale de la lettre est de 256 qui est la numération de « Ruach Eloha », l’âme de l’homme et de « Ruach Ama », l’âme de la mère). Virya, en son ouvrage Kabbale Extatique et Tserouf, nous dit d’elle : « C’est un oeil. Il apporte la vision nécessaire pour sortir de l’enfermement du Samek ; les idées fausses se brisent et les oeillères tombent. Le sens de Ayin est aussi la source, donc Ayin est la “vision de la source”, la contemplation directe sans intermédiaire ».
En son graphisme, la lettre se décompose en un Zaïn (ז) à gauche et un Vav (ו) légèrement recourbé. La valeur totale de ces deux lettres est 13 (7 + 6), valeur qui fait allusion à la valeur développée de la lettre (130). Ce 13 nous reporte aux deux mots Achad (un) et Ahavah (amour) et valeur réduite de « Ruach Eloha ».
Dans le passage du Zohar traitant de la présentation des lettres devant le Trône, il est dit pour Ayin : « Il en alla de même de la lettre Ayin, initiale de Avon, avanie, iniquité. Bien qu’elle se réclamât de Anava, l’humilité, qu’elle comportait. Le Saint béni soit-Il déclara : ce n’est pas avec toi que Je créerai le monde ».
A. Safran (La Sagesse de la Kabbale, pages 153-154) : « Les passions qui animent l’homme contiennent, dans leur essence, une spiritualité qui attend d’être dévoilée par l’homme. Ce dernier doit les conduire à l’aide du “vase” physique, matériel qui l’enveloppe et l’exprime vers la passion de Dieu. La passion humaine étant réalisée, momentanément dans l’amour humain, l’homme doit conduire cet amour à sa source en Dieu, qui est amour et qui veut faire participer l’homme à ce mystère… L’homme parvient ainsi à transformer ce qui peut être une plaie (Nega, Noun Guimel Ayin) maléfique, résultant du mauvais usage des jouissances, en ce qui doit être le terme des jouissances : le plaisir, les délices (Oneg, Ayin Noun Guimel) au plus haut degré… que le Créateur souhaite à l’homme. Il lui confie la tâche de transformer l’éventuelle Nega en un Oneg constant en transposant les lettres qui composent le mot Nega pour constituer le mot Oneg… leur ordonnance dépend du mérite de l’homme qui doit aspirer à les fixer définitivement dans le vocable Oneg ».
Intellect Divin.
La lettre Ayin représente l’aspect superficiel de l’Intellect Divin. Ainsi, on peut rapprocher cette lettre de Da’ath (דעת – Daleth Ayin Tav) qui est une connaissance formulée et prête à la communication. L’Intellect de chaque Sephira est représenté par les lettres Yod (י) et He (ה) qui en vocalisation ont une valeur de 35. Par conséquent, si l’on prend en compte les Sephiroth Hochmah et Binah, l’union de leur intellect est le fondement de Da’ath et leur valeur cumulée est de 70 qui est Ayin.
Dans la Torah, on trouve un Ayin de plus grande taille que les autres lettres du texte. Et le passage où il se trouve est le Shema Israël. Dans le même passage, la lettre finale de Achad, le Daleth est également plus grande. Et si l’on joint ces deux lettres, on obtient Ayin Daleth (עד), ‘Ed, le témoin. Et selon la tradition, la lecture de du Shema est bien un témoignage de l’unicité de Dieu. Ayin a une relation avec Hochmah et Daleth avec Binah, leur union produit bien Da’ath qui est témoignage et communication vers le monde extérieur. Remarquons que 70 est comme nous le verrons synonyme de l’union, du secret…
Lumière et Peau.
Après la Chute d’Adam et d’Eve, « Dieu leur fit des tuniques de peaux », « Kotnoth ‘Or ». Or, le Zohar explique qu’avant la Chute, Adam et Eve étaient revêtus de vêtements de lumière – Aour Aleph Vav Resh – et le mot Aour, lumière, ne diffère que par une lettre du mot peau, ‘Or – Ayin Vav Resh. Le remplacement de l’Aleph, qui désigne l’unité et la transcendance, est la conséquence de la « faute ». Le Ayin est l’antithèse de l’Aleph, lumière devient peau, la peau qui est matérialité et chose de ce monde.
Toutefois, si l’on vocalise le mot ‘Or de manière différente, l’on obtient alors le verbe ‘Our, qui signifie « être éveillé ». Ainsi, cette tunique de peau dont sont revêtus Adam et Eve est également un signe de leur future réintégration, de la possibilité qui leur est offerte de revenir à l’état d’unicité à partir de l’état de multiplicité déterminé par le Ayin.
Enfin, si l’on calcule la numération de ‘Or et Aour, on obtient respectivement 15 et 9. L’écart entre les deux étant de 6 qui représente le Vav, axe du monde, lien de l’En haut et de l’En bas…
Notons enfin que la lettre Ayin est l’initiale de Arum, nu, désignant le Serpent de la Genèse qui est le plus Arum des Aroumim, par jeu de mot avec ‘Or et ‘Our, l’éveillé des éveillés… Et dans Job 2:4 : « peau tant qu’il y aura de la peau… » ou encore « aveugle jusqu’à l’éveil » suivant la prononciation que l’on applique au mot ‘Or, Iwer aveugle, ‘ur éveil.
Guematria : Ayin et le nombre 70.
La valeur numérique de Ayin est 70. Ce chiffre a une certaine importance dans la Torah où l’on rencontre :
– les 70 nations du monde ;
– les 70 langues ;
– les 70 sages qui traduisirent la Torah en grec ;
– les 70 anciens d’Israël qui accompagnèrent Moïse sur le Sinaï ;
– les 70 ans de l’exil à Babylone ;
– les 70 jours fériés du calendrier juif.
Selon les sages, ceux qui étudient minutieusement la Torah pourront voir Ses « shivim panim », ses 70 faces.
Mais, allons plus loin :
ADaM V’CHaVaH « Adam et Eve » = 70 (1 + 4 + 40 + 6 + 8 + 6 + 5)
AVI V’IMI « mon père et ma mère » = 70 (1 + 2 + 1 + 6 + 10 + 40 + 10)
SOD « secret » = 70 (60 + 6 + 4) et Yayin « vin » (70) et de cette identité, il est dit dans le Sheqel haQodesh : « Or maintenant, à cause de l’excès de leur désir d’entrer dans le Pardès, il s’y introduisirent et burent du vin bon et précieux ». Le Pardès est le symbole du lieu de la connaissance parfaite des secrets (Sod est une des lettres du mot)…
Hawsaw, HSH « être silencieux » = 70
LYL « nuit », racine de Lilith = 70
TIAMAT « dragon » = 70
NeKeVaH « femelle » = 157
ZaCHaR « mâle » = 227
Dans cette polarité, mâle et femelle, nous pouvons facilement voir que la différence est de 70 (227-157=70). Et cet écart est donc le « secret » dont la valeur est 70.
Dans Genèse 1:1 nous lisons six fois VaYeHI KeN, « et c’était ainsi ». Puisque Kaf = 20 et Nun = 50, nous avons 70 comme valeur de Ken. Cette phrase doit donc être lue de la même manière « et c’était 70 ». C’est ce Ken qui sépara et unifia la Lumière et les Ténèbres, le Matin et le Soir, les Eaux supérieure et les Eaux inférieures, les Océans et la Terre…
Nous pouvons donc voir par ces exemples que la lettre Ayin elle-même contient une partie du secret du nombre 70 (et la lettre Ayin a pour valeur 70). En effet, Ayin ne représente pas uniquement l’« oeil », mais peut également se référer à la source, l’origine, la fontaine.
De plus, 70 joue un rôle significatif s’il est relié avec le 26 (qui est la valeur guématrique du Tétragrammaton), en effet 70 x 26 = 1820. Or, selon les Kabbalistes, le Tétragrammaton est mentionné 1820 fois dans la Torah.
Regardons maintenant la relation entre Yaqob (182) et Ayin : Yaqob est la somme de 7 x 26. Le Zaïn de valeur 7 est l’expression archétypale de l’Ayin. En d’autres mots, Yaqob est en phase avec la Torah et le nombre de fois que le Tétragrammaton est cité en elle.
Notons aussi que l’union de Ayin (70) et de Zaïn (7) nous donne 77 qui est la numération de la force, ‘Oz.
Il apparaît que la valeur 70 se relie à plusieurs principes :
origine / source/ fondation
caché / secret
« Adam et Eve » ainsi que « mon père et ma mère » se réfèrent clairement à nos origines. Nous reconnaissons donc que le secret de nos origines réside dans ce qui sépare et connecte le mâle et la femelle. La fusion de ceux-ci est à l’origine des autres êtres vivants. La neuvième Sephira de l’Arbre de Vie est justement la l’émanation de la fusion et son nom est Yesod, fondation. Si l’on garde à l’esprit que le Yod représente Yad, la main, nous voyons que le mot Yesod est la main, Yad, sur le Secret, Sod. Yesod est donc la fondation représente la fusion de tous les opposés qui se mêlent et dont l’union les fait passer à une nouvelle dimension. Le verbe Yada, Yod Daleth Ayin, « connaître », est formé de Yad, la main, suivi de la lettre Ayin, l’oeil, ce qui nous signifie que la connaissance prise en main donne la vision juste.
Psaume 119. 121 :
Ain.
« J’accomplis le jugement et la justice, ne me laisse pas à mes bourreaux. Cautionne de bien ton serviteur, les superbes cesseront de me torturer.
Mes yeux s’épuisent pour ton salut, pour la parole de la justice.
Agis pour ton serviteur selon ta grâce, à tes lois, initie-moi.
Moi, ton serviteur, fais-moi discerner, je connaîtrai tes témoignages.
C’est le temps d’agir pour Adonaï, ils annulent ta Torah.
Ainsi, j’aime tes ordres, plus que l’or, que l’or fin.
Ainsi, tous tes préceptes, tous, sont à ma droite, je hais tout le sentier du mensonge ».
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La lettre Ayin par Spartakus FreeMann.Image par Barbara A Lane de Pixabay