Traduction par Gabri-el d’un texte qui aborde le thème du Gilgoul, la réincarnation des âmes.
Le sujet du gilgul neshamot, la réincarnation des âmes, n’est pas mentionné explicitement dans la Torah. La raison en est que Dieu veut que l’homme soit complètement libre de faire ce qu’il veut, de sorte qu’il soit totalement responsable de ses actions. Si une personne savait explicitement qu’elle se réincarnerait si elle échouait dans la rectification de ses actions, elle pourrait choisir de rester indifférente et apathique. Elle ne pourrait pas alors accélère sa propre évolution en pensant qu’il ne peut avoir d’influence sur le cours de sa vie, et ainsi décider de tout laisser entre les mains du destin.
Dans le Shaar HaGilgulim, il est expliqué qu’Adam avait une âme universelle, Neshamah klalit, qui incluait tous les aspects de la création ; chaque ange individuel, chaque animal, etc., donna une partie de son essence à Adam, de sorte qu’en tant que miniature de la création, il soit connecté à son entièreté, et soit l’élever, soit la rabaisser. Son âme incluait également toutes les âmes de l’humanité dans une unité supérieure. C’est la raison pour laquelle une action de sa part pouvait avoir un puissant effet. Après qu’il ait mangé de l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal, son âme se fragmenta en milliers de milliers d’étincelles qui devinrent incarnées dans chaque être humain qui fut jamais né et vivant. La tâche principale de ces étincelles d’âmes est d’accomplir le Tikkun qu’Adam devait accomplir seul.
Il est important de comprendre la différence entre une grande âme incluant toutes les autres et cette même âme divisée en plusieurs parties. Dans la grande âme, il est difficile de distinguer les parties, les âmes individuelles car elles sont toutes liées dans une grande unité. Ce n’est plus le cas lorsque chaque étincelle s’incarne dans un corps séparé, où nous pouvons distinguer le caractère unique de chacune. À la fin, toutes les âmes retourneront au niveau supérieur d’unité d’où elles émanent, mais à un plus haut niveau, car elles garderont leur individualité spécifique qu’elles acquirent. Cette progression se nomme Klal (émanant d’une unité primordiale) U’Prat (vers une brisure de l’unité), U’Klal (et de retour vers le niveau d’unité), Vé Atah Dan Ela K’Ein HaPrat (le dernier niveau de l’unité n’annule pas l’individualité gagnée durant la phase de la brisure.) La seconde différence est qu’il est plus facile pour des âmes multiples d’accomplir ce que l’âme unie devait accomplir. Ceci est semblable à une lourde charge qui doit être menée d’un endroit à un autre, et qu’il est plus facile à une multitude de personnes de déplacer qu’à une seule.
Ceci arriva à Adam lorsqu’il mangea de l’arbre. Son âme fut fractionnée de sorte que chaque partie puisse accomplir sa propre portion, avant d’éventuellement se réunir. C’est également pour cette raison que les premières générations vivaient plusieurs centaines d’années, elles qui possédaient une portion plus importante de l’âme primordiale, et avaient donc besoin de plus de temps pour s’accomplir. Mais comme elles échouèrent, les âmes furent de nouveau fractionnées en âmes plus petites. Le tikkun devint plus facile à accomplir, et donc nécessitant moins de temps de vie.
Tous les corps sont donc des manifestations d’une même grande âme. La différence entre ces âmes réside dans les corps dans lesquelles elles se sont incarnées, car un corps ne ressemble jamais à un autre et chaque incarnation est unique. C’est pourquoi nos corps doivent être enterrés pour retourner aux éléments basiques desquels ils sont composés. L’âme, en contrepartie, est éternelle.
La loi physique de la conservation de l’énergie explique cela ; lorsqu’un corps est brûlé ou pourrit, son énergie n’est pas détruite, elle se transforme. Il est dit la même chose des âmes, puisqu’une âme est de l’énergie, comme le dit la Torah en parlant du souffle de vie insufflé à Adam.
Il arrive parfois que plus d’une âme habitent le même corps, une réincarnation appelée Ibur. Le gilgul se déroule lorsqu’une personne quitte ce monde, après la mort du corps, moment où l’âme migre vers un autre corps. Mais Ibur implique de recevoir une nouvelle âme durant son existence, et donc devenir « enceinte » de cette nouvelle âme. Ce phénomène explique comment certaines personnes font des changements drastiques à un moment de leur existence, car elles passent par un changement d’état de conscience, et accèdent donc à un nouveau niveau spirituel. Ceci prend place lorsque la personne est prête à avancer dans son évolution d’âme, et agissent désormais en tant que véhicule pour la rectification de cette nouvelle âme. C’est pourquoi l’âme a cinq noms, chacun plus haut que l’autre ; Nefesh, Ruach, neshamah, hayah et yechidah. Selon le Zohar, les quatre plus hauts niveaux entrent habituellement dans une personne durant son existence en Ibur : premièrement, une personne reçoit nefesh lorsqu’elle naît. Ensuite, si elle le mérite, elle reçoit Ruach. Puis Neshamah. Puis Hayah. Plus le niveau est haut, plus l’arrivée est rare. Peu ont mérité neshamah, et encore moins hayah. Personne n’a jamais atteint le plus haut niveau, yechidah. Adam l’aurait reçu s’il n’avait pas péché.
Moïse fut le gilgul de Hevel (abel) et Shet (set), comme son nom l’indique ; Mem pour Moïse, Shin pour Shet, et Hé pour Hevel. Lavan se réincarna en tant que Bilaam et Naval. Rabbi Akiva fut le gilgul de Yaakov Avinu. Les dix frères de Joseph, qui le vendirent, furent punis en se réincarnant dans les dix martyrs tués par les Romains. C’est également la raison pour laquelle Dieu permet à de jeunes enfants de mourir, car ce sont des âmes qui doivent descendre sur terre pour peu de temps et accomplir une petite rectification avant d’être libres de partir.
Nous avons mentionné le principe selon lequel chaque chose contient une puissance qui le vivifie. Dans un être humain, cette puissance est véritablement divine, et est appelée Neshamah. Les animaux on aussi une âme appelée Nefesh ha’behemit. La matière inerte contient également une portion de cette puissance nommée Nefesh.
Une âme humaine peut s’incarner dans une de ces formes inférieures en punition de ses péchés. Ce n’est qu’après un long parcours que cette âme peut reprendre une forme humaine et éventuellement retourner elle aussi à la Source.
La réincarnation des âmes, traduction par Gabri-el.
Image by Barbara A Lane from Pixabay