La Méthode intérieure au sein du Dhikr

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La Méthode intérieure au sein du Dhikr, Soror Liliaël.

« Dis : Lui Dieu est Un » (Coran 112) « Shema Ysrael, Adonai elohehinou, Adonai e’had »

Chers Amies et Amis, si nous savons aujourd’hui ce qu’est le dhikr, du moins exotériquement – et par les travaux qui précédèrent la réunion d’aujourd’hui -, comment pouvons-nous le pratiquer ésotériquement par le Coeur et par le Verbe ?

Le choix existe, essentiellement sous deux méthodes : la première est celle de la conscience intérieure de Dieu en soi, conscience dans tous les actes de la vie et dans chaque geste posé dans le monde ; la seconde méthode est un ensemble de techniques rituelles, de mécanismes individuels ou collectifs qui aident à développer la première méthode.

Au sein de ce court exposé, nous allons nous attacher exclusivement à la première méthode.

La grande question qui nous occupe est donc : « Comment pouvons-nous nous souvenir de Dieu dans le courant d’une journée normale de notre vie, sans pour autant nous retirer du monde, et être du monde tout en communiquant avec les sphères supernelles ? » Car, depuis que l’homme cherche la spiritualité en ce bas monde, le problème du non-retrait de la vie mondaine se pose sans cesse. En effet, comment se spiritualiser, comment opérer l’alchimique union du Coeur, sans perdre le contact avec nos soeurs et nos frères humains, sans perdre pieds en ce monde et sombrer dans la solitude et le retrait absolu des contingences matérielles, toutes aussi nécessaires à notre avancée que nos recherches métaphysiques ? Comment s’assurer que notre vie familiale, professionnelle, sociale ne sombre pas sous le fardeau de la pratique constante du dhikr ?

Il existe quatre stades de conscience que l’on doit s’efforcer de développer par le souvenir de certains principes qui doivent être fondus dans le Coeur et l’Esprit du pratiquant. Les voici, ils sont issus de la tradition soufie la plus pure, avec mes propres sentiments exprimés ici et là :

1. Dites, à chaque instant de la journée : « Je suis en la Présence de Dieu ; Il me voit ». Et comme le dit si bien le Coran (58, 7) : « S’il arrive que vous soyez seul, Il est le second et si vous êtes deux, Il est le troisième. Il est avec vous où que vous soyez ». Dieu est partout et Son royaume est en nous. L’homme se souvenant d’où il vient et où il va est sur le chemin. Dieu est, et nous sommes de Lui, si, dans chaque acte mondain posé, nous arrivons à penser à son Amicale Présence alors, tout acte devient spirituel sans perdre son caractère utilitaire premier. Cette phrase, gravée en votre Coeur (dhikr), deviendra alors le guide et le souffle de vie. Il faut toutefois garder à l’esprit que le but de sentir la Présente de Dieu à chaque moment de sa vie, ne doit pas être compris comme un jugement permanent des actes…

2. Dites : « Tout ce que j’ai me vient de Dieu ». Car tout ce qui existe, de la plus infime poussière d’étoile à la galaxie la plus étendue vient de Dieu. Nous sommes les possédants, les usufruitiers de ce monde et de l’autre. En aucun cas, nous ne pourrons jamais prétendre « avoir » quelque chose qui ne préexistait et ne subsistera à nous. Humilité et gratitude face à la vie. Dans les épreuves comme dans les moments de grâces, nous sommes les gardiens de ce qui est de Dieu. « Tout ce qui est fut créé par Lui et sans Lui Rien est », telle est une de nos maximes, arcane de nos Coeurs unis. Dieu donne, Dieu reprend, il se peut que nous ne puissions comprendre cela aujourd’hui, en cette vie, mais dans le schéma absolu, tout, toujours et de toute éternité, vient et retourne à Lui. Par conséquent, nous devons sans cesse faire « barakhah » ou bénédiction sur ce que nous obtenons de ce monde, car cela vient en fait de la Source. Ces bénédictions ne sont pas marques de soumissions infantiles à Lui mais reconnaissances que nous faisons partie d’une famille dans laquelle Celui qui donne doit recevoir gratitude et remerciement. En ce sens, se souvenir (dhikr) de Dieu passe par les formules rituelles de gratitude (adhkar) : Alhamdu lillah, Subbanal’Llah, en sont deux exemples. S’il arrivait que vous n’ayez rien pour justifier d’un remerciement à Dieu, et donc d’un souvenir de Lui, gardez à l’esprit que votre coeur bat 72 fois par minutes, chaque minute est un Grand Nom de Dieu qui soutient votre vie, remerciez-Le donc pour ce simple fait. Car, même dans le plus grand malheur, tant qu’il y a de la vie, et donc un battement de coeur, il y a de l’espoir.

3. Dites : « Rien en ce monde ne peut advenir sans Sa permission ou Sa volonté ». Tout vient de Lui, tout y retourne et rien, même le mal, ne peut advenir sans qu’Il le veuille. Mais cette volonté Divine doit sans aucun doute être appréhendée en dehors de notre entendement car ce n’est pas Dieu qui nous veut du mal, ou qui provoque notre malheur, tout cela participe du Monde du Beth, du monde de la Création qui laisse l’univers se régir et se purifier selon des règles par nous inconnaissables. Garder à l’esprit (dhikr) cette sentence c’est savoir intimement qu’Il est, et que ce qui est ou adviendra en bien ou en mal a pour origine Celui qui Est. Cela doit nous aider à relativiser les événements de notre vie. Il est proche de nous, tout vient de Lui, rien n’advient qu’Il ne le veuille. Gratitudes pour les bienfaits mais questionnement sur les malheurs… Ce point est l’interrogation humaine face à l’inconnaissable. Nous n’avons pour notre part aucune réponse permettant de délimiter la part de bien et de « mal » en l’oeuvre divine. Comme dit le Prophète : « O Dieu, tout ce que Tu veux me donner, personne ne peut l’empêcher et tout ce dont Tu veux me priver personne ne peut me le donner ».

4. Dites à vous-même : « Je vais retourner à Dieu un jour et ce jour peut-être aujourd’hui ». C’est là l’essence de la précarité de notre existence ici-bas. Vivre chaque minute comme si elle pouvait être la dernière. Tout devient alors relatif au regard de l’éternité. Chaque acte est pesé en conséquence… Il y a donc quatre états de conscience qui peuvent nous aider à obtenir une vie emplie du dhikr de Dieu, une vie tendant vers Lui à chaque instant. Et aller vers Lui c’est aller vers nous, telle la parole sur le Mont Sinai : « Lekh lekha », vas vers toi ! Et aller vers soi c’est se rendre au Pardes qui nous est voilé…

« Dis Dieu et laisse-les à leurs vains discours » (Coran 6, 91)

Nous venons de dire pour 13 et par 13.

Plus sur le sujet :

La Méthode intérieure au sein du Dhikr, Soror Liliael, octobre 2004 e.v. Loge Pantagruelle au Nadir d’A.

Image par Hans Braxmeier de Pixabay

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