De la Constellation du Miroir

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L’Archidoxe Magique : De la Constellation du Miroir par Paracelse. 

Livre V de l’Archidoxe Magique

Voici d’abord la manière de préparer cet instrument royal : le commencer indifféremment chaque mois pendant toute l’année, mais regarder soigneusement le signe en ascendant dans le ciel ; observer attentivement le commencement de chaque signe, son degré au-dessus de l’horizon ensemble les signes méridiens comme on nomme le milieu du ciel. En outre, savoir la partie du ciel où se trouve la Planète en question, à l’heure et au jour du commencement ou « inchoation » de ce mystère. De même, si la planète est au-dessus de la terre ou au-dessous, el quand elle doit monter à notre horizon. De plus, savoir les conjonctions des Planètes, ou dans quel signe ou degré se trouve le Soleil ou la Lune. Il faut aussi repérer avec grand soin les phases et mutations de la Lune, de même les Équinoxes, sans se servir pour cette computation des règles et tables de Ptolémée. Les tables de Ptolémée ont été faites en l’an du Christ 140. À ce moment, l’équinoxe fut le 31 mars 2 h. 4 m. du milieu du jour. C’est pourquoi, dans notre siècle, à savoir l’an 1537, il y a environ 5 jours 7 h. 36’ d’intervalle. Or, dans la machination de celle œuvre si admirable, il faut prendre garde au véritable Équinoxe ; le lieu de l’Équinoxe doit être pris dans l’Écliptique du 8e Ciel, que j’appelle commencement du Bélier à cause de la division ou répartition. En effet, la première partie dans l’équinoxe à partir de l’Écliptique contient 24 minutes de déclinaison. Et nous avons ce jour de l’Équinoxe.

Là, le lieu du Soleil est proche de la division de l’Écliptique et du sixième cercle de l’Équinoxe dans le huitième ciel. Et ce point est certain. Or partons où se place le Soleil, soit à l’ascension, soit au milieu du ciel, soit au déclin, là sera le commencement du Bélier et des Signes. Et le Soleil placé en ce lieu, on connaît clairement l’heure du jour d’après lequel le commencement du Bélier et des Signes, partout où ils se trouveront dans le ciel, pourra se savoir d’après le lieu sensible et se découvrir selon l’ascendance dans l’Orient, pendant toute l’année, d’après le mouvement et le lieu du Soleil. Il faut aussi prendre quelques lieux de Planètes selon l’égalité de l’Écliptique. Cette égalité de description dans le huitième ciel a été formulée par moi Théophraste. Mais toutes ces choses exposées par leur mode et leur marche, passons à l’œuvre en elle-même. Les sept métaux doivent se prendre suivant le poids prescrit, de telle façon pourtant que chacun soit purifié et depuré de la manière que nous indiquons ci-après :

Or parties ou 1/2 onces. 10 Argent » 10 Cuivre » 5 Etain » 2 Plomb » 2 Fer » 1 Mercure » 5

Tous ces métaux, une fois purifiés, devront être gardés séparément dans un papier. Il est aussi question d’un miroir. En effet, une telle quantité d’or sert à faire un miroir dont la taille est à peu près celle que nous donnons ci-après :

Il doit toujours y avoir trois de ces miroirs. Dans l’un on voit les images des hommes, tels que voleurs, ennemis ou autres ; de même les formes et figures des troupeaux, armes, combats, sièges ; en outre, toutes choses humaines accomplies, ou en cours d’exécution. De jour ou de nuit, cela se réfléchit dans le miroir. Dans le second, on voit tous les discours, paroles, conseils, dits ou écrits, où et quand ils ont été élaborés et enregistrés avec toutes choses décrétées et conclues dans ces conseils, avec leurs causes. Il importe toutefois que ces choses soient faites et passées, car en cette matière rien de futur ne peut être vu ou su. Dans le troisième, seraient toutes choses écrites dans les lettres ou livres et tout ce que la plume a consigné, encore que secret et caché. En résumé, l’homme qui regarde dans cette espèce de miroirs, verra apparaître toutes choses qui se font ou se sont faites sous l’horizon, tant à distance qu’à proximité, de jour ou de nuit, en cachette ou en public. Ces miroirs doivent se fabriquer spécialement pour ceux qui doivent en faire usage. Tous les autres pour qui ils n’ont point été construits, ne peuvent y regarder. À noter que si l’on veut faire de plus grands miroirs, il faut prendre plus de métal. Plus grand est le miroir, plus son champ de réflexion est étendu. Si, en effet, on veut connaître les grandes assemblées, qui se font en temps de guerre, de conflits ou de combats, un espace étroit ne permettrait, ni aux personnes, ni aux chevaux, ni aux troupeaux ni à d’autres semblables spectacles de s’y reproduire aussi distinctement que dans un grand miroir où ces choses s’offrent beaucoup plus agrandies. Et cependant, il faut autant de travail pour un petit miroir que pour un grand. La seule différence est que dans un petit miroir il y a moins de métal et moins de polissage.

Les métaux, une fois formés, purifiés et taillés, doivent pour cette œuvre, être purgés de 1a sorte. Il est de la plus grande importance que chaque métal soit épure à l’heure de sa planète correspondante. Au surplus, il faut observer vis-à-vis de cette planète les aspects bons ou mauvais des autres constellations bonnes ou mauvaises.

Or.

Si l’or a été par trois fois fondu dans l’antimoine, puis passé et épuré par Saturne, l’œuvre n’a besoin d’aucune autre purification. En outre, le battre très mince, faire macérer 24 heures dans l’eau de sel, laver à l’eau pure, essuyer très soigneusement avec un linge de pur lin et mettre de côté pour s’en servir en temps voulu.

Argent.

Voici la manière de purifier l’argent. L’étendre en lame mince, puis le faire cuire dans de l’eau additionnée de tartre et de sel, pendant un quart d’heure. Retirer, laver à l’eau pure, essuyer avec un linge propre et le garder à part pour s’en servir au moment opportun.

Cuivre.

Placer le cuivre dans de l’eau de vitriol (al. de camphre), coupée de vinaigre, et ce pendant 6 ou 8 heures. De la sorte il sera purifié. Laver proprement, sécher, mettre de côté.

Fer.

Limer. Laver soigneusement la limaille, et sécher avec précaution sur des braises.

Plomb.

Liquéfier le plomb dans une cuiller de fer. Y jeter un morceau de cire de la grosseur d’une fève, qui s’y consumera. Puis répandre dans de l’eau pure.

Étain.

Fondre de l’étain, y jeter du suif, de la cire ou du miel qui brûleront sur lui ; répandre l’étain dans de l’eau pure, sécher, mettre de côté.

Vif-argent.

Passer par trois fois au tamis dans un vase de bois propre. Ce qui a passé est suffisamment bon et purifié pour cette œuvre, ce qui est resté dans le tamis est sans valeur. Garder à part ces métaux. Toutes ces choses seront ainsi préparées pour commencer.

Ceci fait, il faut soigneusement et exactement connaître la complexion de la personne, homme ou femme, pour qui ce miroir est fabriqué : à savoir par le thème de la nativité comme nous l’avons plus clairement enseigné ci-dessus ; non pas comme certains le font en dressant ce thème d’après l’heure officielle de l’accouchement, mais en remontant par le calcul (de l’heure de l’accouchement au moment exact de la conception) à l’heure et au point mêmes où le Dieu tout-puissant envoya une âme vivante au fœtus dans le sein de sa mère, et au premier instant où elle commença de vivre. Ces heures se présagent et se devinent d’après les fondements que moi, Théophraste, ai posés et établis exactement et véritablement pour n’importe quel homme, jeune ou vieux. La nativité de l’homme une fois relevée, sa complexion connue, ensemble les planètes et les signes, ce sont des éléments suffisants pour cette œuvre. Il ne s’agit pas ici de savoir sa fortune, son infortune, sa mort, sa vie, ses maladies ; non, il suffit de savoir la révolution de l’année pendant laquelle il est né. Suit la table où apparaît le principe du miroir pour n’importe quel homme et quelle que soit sa planète.

Si l’homme en question est Saturnien, la première opération doit se faire si la planète Saturne est dans sa propre maison, c’est-à-dire dans le Verseau ; ou si, en raison du temps, ce n’est pas la maison de Saturne de telle sorte pourtant qu’il soit au moins dans la maison céleste, maison de l’infortune, de l’inimitié, de l’envie, bref de tous les maux, et que le Soleil soit dans le 5e, degré du Verseau, la Lune au contraire au milieu ou dans le 12e degré, prends d’abord du plomb pur et purgé au même point et moment où la Lune apparaît dans la première limite du 12° du Verseau ; mets-le au feu dans un creuset d’argile ; il convient que toutes ces choses aient été apportées et préparées à l’avance. Le plomb liquéfié, et au premier point de la liquéfaction, écarte-le du feu et couvre rapidement le vase d’argile et le mets de côté. Laisse-le aussi longtemps que la Planète n’aura pas atteint le 11e domicile du ciel ou 11° du Sagittaire et la Lune 19° du <-> ; le Soleil au 3° de sa course dans ce même signe du Sagittaire. Prends alors l’étain auparavant purgé et purifié, pour l’avoir sous la main. Le susdit plomb fondu sera de nouveau liquéfié dans son creuset ; remets au feu, de telle façon qu’il coule ; tu y jetteras l’étain pour qu’ils soient liquéfiés ensemble. Si tu as agité ces deux métaux avec du bois pour bien les faire couler, tu retireras et couvriras comme avant, et laisseras reposer jusqu’à Mars de la manière susdite. On en use de la sorte avec les autres métaux suivant la teneur de la table, jusqu’à ce que tous les métaux soient fondus et en cohésion.

Mais si la maîtresse de la Nativité est Vénus, commence par le cuivre et observe le processus suivant : Vénus, Mercure, Soleil, Lune ; et comme plus haut à partir de Saturne la numération se fait par Jupiter et Mars et jusqu’à Vénus, et qu’en comptant tous soient répétés si l’on commence seulement toujours par le seigneur de la complexion et de la nativité. Mercure seul, s’il est le seigneur de la nativité, est toujours le dernier, parce que son métal ne reste pas dans le feu, mais se répand partout en vapeur. Alors il est le dernier et cependant en son temps.

Les sept métaux, comme nous l’avons dit, ayant tous été rassemblés, que deux tables de fer polies soient à la portée ; tout d’abord avec un fil de fer, tu formeras un moule qui ait la largeur du miroir, de façon que, jeté entre les deux tables de fer, le miroir infusé dans ce moule acquiert sa largeur exacte et déterminée. Que l’orifice (ou entrée) soit étroit d’en haut afin que les métaux puissent y être coulés comme le montre la figure ci-dessous, semblable à une bouteille : Tu chaufferas les tables de fer avant la coulée, et les oindras de suite afin que les métaux n’adhèrent pas et que le miroir en sorte poli et nettement clair.

Forme de la bouteille à fusion, dans laquelle est formé le miroir.

Toutes ces choses accomplies, il faut faire grande attention au temps. Si le maître de la nativité est versé en deçà de la terre, c’est-à-dire dans les l, 2, 3, 4, 5, ou 6e maison du ciel, la Lune dans le 10° de la maison du maître de la nativité et qu’il n’y ait en outre aucun mauvais aspect tel que et ou ; alors répands dans la forme au nom du Seigneur, les métaux qui ont tous été congréés ensemble dans le vase d’argile. Le premier miroir est celui dans lequel on voit toutes choses qui doivent s’y réfléchir corporellement et substantiellement, hommes, images, édifices, animaux. Que la fusion se fasse au point et moment où la Lune atteint le 10°. Peu importe que cela soit de jour ou de nuit. Puis retire le miroir de la forme et mets-le de côté. Fonds dans un vase d’argile les grains et rognures restants, pas avant la conjonction du Seigneur de la Nativité et de la Lune. À l’heure de cette conjonction, fonds de nouveau les métaux en une seule masse. Une fois fondus ensemble, laisse dans le vase d’argile et prépare le moule. Le maître de la nativité dans la 10e maison du ciel, c’est-à-dire dans le milieu du ciel ou au zénith, fonds le second miroir. À ce moment, la Lune doit se placer dans la 2e maison ou signe de la Planète qui est maîtresse de la Nativité. De même que la Lune était antérieurement dans le 10° du Capricorne, elle doit être dans le 10° du Verseau. Si Saturne était maître de la nativité, il aurait deux domiciles, à savoir le Capricorne et le Verseau. Si le Soleil et la Lune président à la Nativité, ils ont au moins une maison : pour le Soleil le Lion, et pour la Lune le Cancer. De cette façon, trois miroirs sont à fondre, si la Lune marche dans le 10° du Lion et le 10° du Cancer. Le miroir se fait de la manière susdite ; avec lui, on peut savoir tous les discours, paroles, chants déjà passés, en y joignant les jours, temps ct heures auxquels ces choses ont eu lieu.

Enfin refonds les métaux au moment d’une conjonction directe comprenant le Seigneur de la Nativité. Il en est de même si la Lune est en conjonction avec une autre planète. Le miroir enlevé se garde à part, et de nouveau reçoit sa forme comme il est dit précédemment. Si la Planète pénètre dans les 7, 8, 9, 10, 11 ou 12e maison, elle est déjà au-dessus de la Terre. En outre, si la Lune est de nouveau dans le 11e signe ou maison, la Planète est au 11e degré, et que nul mauvais aspect n’intervienne, on opère la fonte du miroir. Dans celui-là se voient toutes choses écrites, dessinées, peintes, dans les lettres et dans les livres, el sommairement toutes les choses cachées qui vivent et sont faites par les vivants. Après cela, s’il reste encore du métal, tu peux l’employer à ce que tu voudras. Les miroirs doivent être gardés dans l’ordre de leurs numéros.

Si le Soleil est entré dans le signe ou la maison de la Nativité du Seigneur, il faut, lisser les miroirs et les polir finement d’un côté à la pierre d’émeri, de façon qu’on ne puisse découvrir aucune aspérité ou tache, car ce serait un grand obstacle au succès de l’opération. Cela fait, ne point les poser les uns sur les autres, mais les mettre de coté chacun à part ; le polissage doit être entrepris suivant le temps. Encore que tous les trois n’aient pas été fondus ensemble, cela ne présente pas d’inconvénient, mais il faut se dépêcher. Ces miroirs rendus nets, il faut faire attention à la future nouvelle Lune après le polissage. Alors on les brunit. Au moment de la nouvelle Lune, on met un peu de poudre sur du bois mou, on frotte très doucement le premier miroir ; il deviendra clair et brillant. Au point de la nouvelle Lune suivante, il faut polir les 2e et 3e miroirs dont on avait jusque-là ajourné le polissage, de telle façon qu’ils ne soient ni joints ni réunis, mais soient gardés séparément.

Si, en outre, le Seigneur de la Nativité se trouve dans la 4° maison, c’est-à-dire dans la maison de tout secret et chose cachée, si le Soleil et la Lune demeurent, eux, autant de temps jusque-là dans les maisons du Seigneur de la Nativité et qu’ait lieu une conjonction de deux bonnes Planètes, alors ces trois miroirs doivent être placés ensemble dans de la claire eau de fontaine, pure, fluide, de telle façon qu’ils se rencontrent enfin’ de nouveau sous l’eau. On les y laissera environ deux heures jusqu’à la fin de la conjonction ; puis on retire, on les roule et on les garde dans un linge de pur lin.

Ainsi donc cet Instrument loyal peut être fait en treize mois, si l’opération commence en temps voulu et qu’on observe exactement les époques (astrologiques). On peut le faire chaque année. Cependant il y en a de plus favorables que d’autres, surtout si le maître de la Nativité gouverne l’année ou est maître de la Partie de Fortune.

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Livre III.

Introduction.

Plus sur le sujet :

De la Constellation du Miroir, extrait de l’Archidoxe Magique de Paracelse, traduction française de Marc Haven, 1909. Image par Dmitri Posudin de Pixabay

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