Le Temple de Satan – La Justice des Hommes, par Stanislas de Guaita.
Première Septaine du Serpent de la Genèse : Le Temple de Satan.
Chapitre IV : La Justice des Hommes
Le laconique verset de Moïse, qui prescrit de ne pas souffrir que la sorcière vive (textuel !) sert d’épigraphe au fanatique ouvrage du conseiller Pierre de Lancre et tous les jurisconsultes qui ont traité du crime de magie ne manquent jamais de l’invoquer à l’appui de leur thèse sanglante, comme le précepte divin, dont les lois et les ordonnances les plus barbares, portées contre le Sorcier par les divers législateurs, ne seraient que l’adaptation juridique et en quelque sorte l’écho légal, propagé d’âge en âge. Les coutumes de férocité stupide intronisées au moyen âge sont loin de disparaître avec lui : une recrudescence de fanatisme signale tout le XVIe siècle et la première moitié du XVIIe.
Le bûcher semblait alors aux plus modérés une expiation non seulement très juste, mais encore à peine suffisante, d’un tel forfait ; puisque, selon Bodin (l’une des autorités en la matière), le sortilège se décompose en quinze crimes détestables, dont le moindre, à son gré, mérite la mort exquise et à petits cris.
Vers cette époque, deux voix s’élevèrent seules pour protester contre la rigueur excessive dont on avait coutume : celles du médecin Jean Wier ou Wierus et du pasteur protestant Balthazar Bekker.
Wierus, dans son traité de Lamiis, et surtout dans son grand ouvrage des Illusions et impostures du Diable, soutient que le sorcier est, non pas un criminel qu’il faille brûler, mais un malade qu’il faut guérir.
Proposition d’autant plus rare et plus inattendue, que Wier ne conteste ni le pouvoir des démons ni la réalité de la sorcellerie. Ce fut une clameur universelle d’indignation contre ce généreux penseur : plaider la folie des sorciers, n’était-ce point se déclarer pour eux ?… Puis, il était l’élève et l’ami de Cornélius Agrippa, l’auteur de la Philosophie occulte : autre prétexte pour le mettre en suspicion. Bref, on insinua qu’il plaidait pro domo et patria, et que lui-même était un suppôt de l’Enfer.
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