Le Mutus Liber – Planche 10 par Serge Hutin.
Cette planche représente les étapes qui mènent aux Noces Chimiques, à la conjonction hermétique des deux natures antagonistes. MAGOPHON donne l’élucidation complète des parties supérieure et moyenne, au point de vue strictement opératif. Laissons-lui, une fois de plus, la parole.
La première figure expose, dans les plateaux d’une balance, le sel indiqué par l’étoile, de l’autre le soufre désigné par une fleur qui, avec le cœur, forme sept pétales. Ce sont les proportions du rapport. (Ce n’est pas simple hasard si les alchimistes arabes parlent quelquefois de leur « science de la balance » : la possibilité d’arriver aux proportions exactes dans les mélanges employés et absolument nécessaire à la réussite des opérations du laboratoire. L’expression « science de la balance » pouvant aussi, cela va de soi, être utilisée sur les autres plans d’application du Grand Œuvre).
Un homme (l’alchimiste) verse sur cette fleur un liquide enfermé dans un flacon. C’est le Mercure. Il tient, de l’autre main un récipient plein d’esprit astral pour l’utiliser selon le cas. La femme place tous ces produits dans un matras à long col ; mais qu’on se rappelle ici ce que nous avons dit du rôle de la femme dans l’Œuvre : les deux agents personnifiés de la sorte sont les matières elles-mêmes, et les divers accessoires qui les accompagnent déclarent leur état d’exaltation.
A la seconde rangée, l’artiste scelle le matras du sceau d’Hermès. Il en présente le col à la flamme d’une lampe de manière à ramener le verre à un état pâteux et ductile. Il doit l’étirer ensuite avec précaution de manière à l’amenuiser au point voulu, tout en s’assurant qu’il ne se produit aucune capillarité par où pourrait s’échapper l’esprit du compost. Les choses en étant là après avoir sectionné le verre il en renverse sur elle-même la partie adhérente au matras pour en former un épais bourrelet.
C’est alors que, l’œuf philosophique étant placé dans l’athanor (2ème figure de la partie médiane), la coction pourra commencer.
À gauche du la partie inférieure, trône l’athanor, avec toutes ses particularités très précises. On remarquera, sur son flanc gauche, la présence d’un diagramme circulaire qui semble être un rappel des plans supérieurs montrés dans la troisième planche du Mutus Liber. Il nous rappelle, bien salutairement, la nécessité de toujours faire entrer en ligne de compte les différents niveaux d’application où se développe la quête hermétique.
La dernière figure de la planche montre que la conjonction des deux natures s’est effectivement opérée : le Soleil et la Lune se sont unis.
On remarquera la présence, sur le sol, de chiffres 10, et le sera utile de repenser encore au petit diagramme à gauche de l’athanor. MAGOPHON précise à ce sujet :
Le travail a donné les couleurs requises. Elles sont ici synthétisées dans un cercle d’abord noir, puis blanc et enfin jaune et rouge. Le produit obtenu multiplié à dix, comme l’énoncent les chiffres.
Mais la dernière figure, devrait également être interprétée en un sens rituel : L’alchimiste et son épouse personnifiant, respectivement, le Soleil et la Lune – Apollon et Diane.
Plus sur le sujet :
Le Mutus Liber – Planche 10, par Serge Hutin, extrait de 25 commentaires sur le Mutus Liber.