Le Reiki

 Le Reiki du « quatrième » degré (Gokui kaiden)

Je mets ce quatrième degré entre guillemets, car il s’agit d’une continuité directe du troisième degré. Si beaucoup d’enseignants séparent les deux, c’est principalement dans un souci de clarté pour le shinpiden nouvellement initié, qui a déjà beaucoup à faire au sortir de sa syntonisation.

Le degré d’enseignant n’est pas une nouvelle initiation, c’est l’apprentissage des méthodes pour syntoniser d’autres personnes qui se fera souvent par l’observation et le questionnement.

Encore une fois, la dimension spirituelle de ce degré dépasse sa technicité. La méthode d’initiation en elle-même est surtout un fil rouge ; en étant à l’écoute de son ressenti durant la syntonisation qu’il effectue, le praticien se rendra rapidement compte qu’il sera poussé à faire tel ou tel geste plutôt qu’un autre, insister sur une certaine partie du corps, voire même carrément abandonner l’initiation en cours. C’est peut-être pour cette raison qu’il existe de nombreuses variantes du déroulement de la syntonisation, et qu’elles sont presque toutes valables.

Une fois qu’il commence à syntoniser d’autres personnes, le praticien devra s’engager à transmettre un savoir aussi complet que possible, sans volonté de garder ses connaissances pour lui, ou pire, de s’en servir pour gagner un aval sur ses élèves.

Je suis de ceux qui croient qu’un lien se créé entre l’enseignant et l’élève au cours de chaque syntonisation. Il peut être plus ou moins fort selon les cas, mais le maître est toujours responsable dans une certaine mesure de l’usage du Reiki que feront ses initiés. Car si le Reiki en tant que tel ne peut causer de tort, on peut hélas s’en servir pour sa propre gloriole, ou gagner de l’argent en utilisant le désespoir des malades lourds. C’est à l’enseignant de faire en sorte que ces dérives n’adviennent pas.

 … Et ensuite ?

C’est la question que certains se poseront peut-être après avoir été initiés au troisième degré. Si on me la posait, je répondrais en résumant par « Pratique, apprends, sois », le Reiki ne finissant pas avec le passage au degré du maître, mais ne faisant bien au contraire qu’y commencer.

Il est vrai que le chemin jusque-là bien balisé devient brusquement flou. Il n’y a plus de normes, plus d’indications de ce qui peut être fait, avec quelle position de mains, à quel moment, avec quel symbole. Le Reiki devient un chemin de vie personnel à expérimenter et redécouvrir jour après jour. Une démarche en toute simplicité dont la portée intérieure dépasse de loin celle de sa pratique extérieure.

Pour certains il est inconcevable que le Reiki puisse se réduire à n’être que cela. On assiste alors à un foisonnement continu de sous-systèmes, de scissions, fusions, et autres ajouts divers. Des dizaines de nouveaux symboles apparaissent, des nouveaux degrés, des éléments d’une religion ou d’une autre, des secrets oubliés, des couleurs, des flammes, l’Atlantide, des anges, des totems,… tout semble bon pour combler le vide de cette si puissante simplicité.

Le Reiki d‘Usui est vierge de dogmes et de croyances. Son essence fait qu’il n’y a nul besoin de faire autre chose que tendre ses mains et laisser le Reiki œuvrer, et apaiser les maux. C’est ainsi qu’Usui l’a reçu, l’a pratiqué et l’a transmis. Il me paraît donc sage de cesser de vouloir en faire le jouet de nos convictions, et le laisser être simplement ce qu’il est ; l’énergie universelle. N’est-ce pas largement suffisant ?

Un véritable canif suisse énergétique

Le Reiki peut être utilisé pour une multitude d’usages qui sortent du cadre de la guérison. De nombreux praticiens s’en servent par exemple pour purifier l’aura des personnes, des animaux, des objets, ou des endroits. Certains rapportent qu’administrer du Reiki aux aliments leur donne plus de goût. De par son caractère universel, il peut également être associé à presque toutes les pratiques énergétiques.

Si l’amalgamer à la pratique d’une religion peut le détourner de sa nature non dogmatique, il n’en reste pas moins qu’il y trouvera facilement une place. Pour citer quelques exemples courants, on peut penser notamment au shéfa décrit par les kabbalistes juifs, dont la description rappelle étrangement celle du Reiki. On se souvient également du pouvoir guérisseur des mains du Christ. Quant au bouddhisme mahayana, ses bouddhas de médecine sont à fait en adéquation avec les principes de compassion et de guérison du Reiki.

 Limitations et risques

Dans l’émerveillement qui suit la syntonisation au Reiki et les premières guérisons effectuées, la tentation est grande de croire que le Reiki peut tout guérir d’un claquement de doigt. Le praticien, quant à lui, peut en venir à se considérer comme une sorte d’« élu » guérisseur.

Ce sont là deux grands écueils, directement liés à l’ego, qui guettent les praticiens de tous les niveaux.

Premièrement, pour aussi puissant qu’il soit, le Reiki reste une méthode de guérison naturelle. Ce n’est pas la main de Dieu qui surgit des cieux pour faire disparaître la maladie, c’est le corps qui voit son processus de guérison facilité. Je serai dès lors très catégorique en disant que le Reiki ne doit JAMAIS remplacer un traitement approprié, qu’il soit chirurgical ou médicamenteux. On peut garder ses phantasmes de miracles pour des maux bénins, mais lorsque la vie d’un patient est en jeu, le praticien a pour devoir de l’inciter à tout mettre en œuvre pour favoriser sa guérison.

Lorsque tout échoue vient le moment de nous souvenir que malgré la souffrance et l’incompréhension que l’on peut légitimement ressentir, la mort fait partie intégrante de la vie. Il y a un moment où le corps cède, aucun praticien ne pourra rien y changer. Mais tout comme le Reiki peut aider à guérir, il peut aussi aider à mourir avec plus de sérénité.

Deuxièmement, le praticien est un canal pour le Reiki, ni plus ni moins. Il est le réceptacle d’une énergie universelle, qui baigne tous les êtres. S’il en reçoit plus que les autres, et peut la redistribuer, ce n’est pas un privilège exclusif ; tout le monde a la possibilité de se faire syntoniser et canaliser le Reiki. De même, tout le monde a le droit de profiter de ses bienfaits, sans distinction de conviction ou de « mérite ».

Enfin, le Reiki reste une appellation parmi tant d’autres pour des méthodes faisant appel à la même énergie universelle. Certaines se développent sans besoin d’une initiation extérieure, s’utilisent sans symboles, avec la même efficacité.

Le risque est réel de tomber sur de prétendus guérisseurs de tous les maux qui, en échange d’une somme rondelette, vont promettre que le cancer ne sera plus qu’un mauvais souvenir dans deux mois, sans chimiothérapie ou autre traitement. Ces praticiens sont réellement nuisibles et risquent – à juste escient – de souffrir de conséquences judiciaires.

Moins dangereux, mais plus difficiles à reconnaître, certains praticiens pleins de bonne foi ignorent que le Reiki peut avoir des effets secondaires indésirables. Il faut par exemple se souvenir que les médicaments sont étrangers à l’organisme et naturellement éliminés par notre corps. Or, de par son action purificatrice, le Reiki accélère ce processus. Les médicaments et notamment les antidouleurs auront une durée d’action réduite. Il vaut donc mieux s’abstenir d’administrer du Reiki pendant et directement après une opération chirurgicale, ou lorsque le patient est sous perfusion d’antidouleurs lourds de type morphine.

Les patients souffrant de problèmes cardiaques devront également bénéficier d’une attention toute particulière, puisque le Reiki administré directement dans la région du plexus solaire pourra provoquer de brèves altérations du rythme cardiaque.

Bref, en l’absence de certification reconnue, la prudence et le bon sens sont de mise.

 Le Reiki, panacée ?

Soyons tristement réalistes ; si le Reiki pouvait tout guérir, il y a longtemps qu’il serait reconnu, et ses praticiens auraient remplacé les médecins traditionnels. Nous savons que ce n’est hélas pas le cas, et de terribles maladies continuent d’emporter chaque jour des milliers de personnes.

Dans une mesure plus raisonnable, on pourrait au moins penser que tous les maîtres vivent centenaires, sans jamais tomber malades. Là également, la déception est à la hauteur des espérances. Les praticiens, quel que soit leur niveau, contractent eux aussi des maladies, dont ils meurent parfois. Ils ne sont même pas épargnés par les maux bénins que sont les allergies, les rhumes, ou les mycoses. Usui lui-même est décédé relativement jeune.

Les détracteurs sont plus qu’heureux d’en déduire que le Reiki n’est que de la poudre aux yeux, dont l’efficacité ponctuelle relève plus du placebo que d’une réelle action énergétique. Sans être totalement fausse, cette déduction est fort réductrice, car état d’esprit et énergie sont immanquablement liés.

C’est typique de l’occident de penser que les maladies apparaissent quasi spontanément, uniquement sujettes à des facteurs extérieurs, tels que le froid ou la pluie. On a parfois l’impression que les symptômes ont une existence propre, indépendante de leur hôte. Ils seront soignés par administration de médicaments jusqu’à leur disparition complète, sans grande distinction de la personne.

Dans les cours extrême-orientales, les médecins n’étaient payés que lorsque tout le monde était en bonne santé. Dès que quelqu’un tombait malade, on estimait qu’il avait mal fait son travail et il était puni.

Cette anecdote illustre l’attention portée en Asie sur la prévention et la personne plutôt que sur le traitement des symptômes. Soulié de Morant résume cette approche en disant : « il n’y a pas de maladies, il n’y a que des malades. »

Bien évidemment, l’existence des microbes, virus, et conditions extérieures qui favorisent leur développement est indéniable. Mais ce sont des facteurs secondaires pour la médecine orientale, qui privilégie le renforcement préventif de la personne. Pour résumer : laisser le moins possible de possibilités aux maux de se développer.

Dans le cadre du Reiki, on encouragera les non-praticiens à adopter une hygiène de vie soutenue, notamment par l’application des cinq principes. Ceux-ci aideront à adopter une attitude mentale propice à la bonne santé. Un esprit serein, sans stress ou colère, épargnera au corps la plupart des maux chroniques de notre siècle. Et une attitude positive et ouverte renforcera nos défenses naturelles, comme le démontrent de plus en plus d’études modernes.

Le corps, quant à lui, profitera d’une alimentation saine et d’exercices quotidiens, même légers. Recevoir régulièrement du Reiki viendra compléter ce programme préventif.

Celui-ci s’applique d’autant plus aux praticiens, qui pourront plus spécifiquement se tourner vers le Tai Chi, le Yoga, et l’Aikido, trois activités se mariant particulièrement bien avec la pratique du Reiki. Ensuite, et tout particulièrement à partir du troisième grade, il leur sera possible de plonger au plus profond de la pratique du Reiki.

L’essence du Reiki n’est en effet pas tant dans la guérison que dans l’écoute de soi. Comme je l’ai déjà écrit plus haut, le shinpiden Reiki est avant tout le maître de sa propre existence. En restant attentif à son corps, à son esprit, et à la vie qu’il mène, il pourra arriver à comprendre les raisons qui amènent au développement de ses maux.

Il ne s’agira plus alors de vouloir guérir à tout prix, ou de ne plus jamais tomber malade, mais de développer une relation consciente avec son propre corps. Ne plus le voir comme un simple véhicule, qu’on maudit pour ses faiblesses ou flatte pour ses mérites, mais comme une partie intégrante de son être.

Cela semble être une évidence, mais une courte réflexion suffit à réaliser à quel point la dichotomie corps-esprit est ancrée dans notre culture. Par le biais du Reiki, on peut apprendre à réconcilier les deux, et en redevenant à l’écoute de notre corps, de ses besoins, et des messages qu’il nous adresse, nous pouvons développer une vie harmonieuse avec nous-mêmes.

 Cette démarche inclura parfois d’accepter la maladie et les défaillances du corps, sans chercher à blâmer celui-ci, mais avec compréhension et sérénité. Nous réaliserons alors que nous sommes responsables d’une manière ou d’une autre de bien des maux dont nous souffrons. Ce sera alors à nous de faire en sorte qu’ils n’aient plus de raisons d’apparaître.

 Pour l’homme et la femme du 21e siècle, c’est loin d’être facile. Notre mode de vie est tel qu’il est souvent impossible de ne pas avoir notre lot de stress et de contrariétés, et l’écoute attentive du corps passe après des contraintes plus pressantes. Quant à la sérénité de l’esprit, on y pensera quand les factures seront payées.

 Dans ces conditions, le Reiki ne peut être qu’un moment de répit et de courte guérison. Certes, c’est toujours mieux que rien, mais pour celui qui décide de maîtriser sa vie et – surtout ! – de faire ce qu’il faut pour, le Reiki révélera des trésors inestimables.

 « Peu importe où vous l’avez lu, qui l’a dit, peu importe si je l’ai dit, ne croyez rien qui ne soit agréé par votre propre raison et votre bon sens. » – Gautama Bouddha.

Des méthodes alternatives : Le soin par le souffle théurgique.

Entretien avec Mathieu de Reiki Picardie.

Le Reiki © Christophe, 2009. Lire également : Le Reiki, Présentation, par Christophe. Image par Okan Caliskan de Pixabay

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