Introduction à la Lectura Geomantiae
Il s’agit un traité en latin portant sur la géomancie astrologique. Il s’agit du manuscrit de la Bibliothèque Nationale de France n° 7349 que l’on trouve dans l’édition critique de Thérèse Charmasson du « Hermes Trismegistii, Astrologica et Divinatoria » (Brepols, Turnhout, 2001 in Corpus Christianorum. Continuatio Medievalis, 144C, pp. 349-397).
Les extraits de la Lectura Geomantiae présentés ici sont le Prologue et la section sur les 12 Maisons géomantiques.
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« La géomancie est une technique divinatoire basée sur le tirage au hasard de figures, chacune composée de quatre étages pouvant comporter un ou deux points. Le terme vient du bas latin geomantia, lui-même issu du grec « géo-mantéia ». Il signifie littéralement « divination par la terre ».
Dans l’Antiquité, il réfère à l’interprétation des signes naturels liés à la terre : éruptions volcaniques, tremblements de terre, etc. Son emploi pour désigner « l’art de faire des points dans le sable » daterait du Moyen Âge, époque où l’on prend l’habitude de classer les méthodes de divination suivant les 4 éléments. Puisqu’on a l’hydromancie, la pyromancie et aéromancie, il peut sembler commode d’ajouter un quatrième compère avec rime en –mancie. À la Renaissance, le terme « géomancie » ne s’appliquera désormais plus qu’à la technique orientale de divination par les points.
Si les origines de cet art continuent à alimenter les querelles d’historiens, certains la souhaitant chinoise, indienne, perse ou grecque, on sait par contre avec certitude qu’elle a trouvé sa théorisation et son développement dans le monde arabe. Au XIIe siècle, elle arrive en Europe avec les sarrasins. Les figures prennent alors des noms latins. Ces appellations demeurent, parallèlement avec leur traduction dans la langue en usage dans chaque pays : fortuna, cauda draconis, etc. ».
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Prologue.
Ici commence le Traité sur la Géomancie selon Hermès le Philosophe, son premier inventeur, tel qu’à lui révélé par un ange invoqué sur une certaine montagne. La raison pour laquelle cette science fut découverte est la suivante : le grand philosophe avait un fils qui résidait à l’étranger et il désirait savoir s’il était mort ou non, pour ce faire il gravit cette montagne.
Là, la science lui fut révélée par les mots de l’ange qui se tenait devant du sable et qui traça 4 lignes de points sous la forme d’une main gauche sans le pouce : la première ligne était longue, la seconde plus longue que la première, la troisième plus courte que la seconde, et la quatrième plus courte que la troisième afin de ressembler à ceci :
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Alors, l’ange lui dit : « Efface les points, que reste-t-il ? » Les points qui demeurent avaient la forme d’une foule. L’ange dit alors : « C’est appelé Foule » et c’est la première figure : Populus. Et la suivante a la forme d’une route et est appelée Route ou Via. La troisième n’est pas de la même sorte et est appelée Prison ou Carcer. La quatrième a la forme d’une conjonction car elle est constituée de la même manière que le sont les conjonctions dans l’écriture et elle est donc appelée Conjunctio.
Et ce sont les quatre premières figures qui sont appelées axiales, et elles sont appelées ainsi tout aussi longtemps qu’elles sont semblables quelle que soit la manière dont on les tourne ou, elles peuvent être appelées « axiales » car elles sont les mères qui donnent naissance à toutes les autres figures.
Remarque que l’on doit toujours tracer les points de gauche à droite et effacer de droite à gauche.
Note que l’on doit toujours placer les mères à droite et les filles à gauche. Et elles doivent être ordonnées de cette manière dans toutes les divinations.
Remarque aussi que si l’une des Mères n’est pas répétée dans la ligne des Filles, alors le schéma ne répond pas à la question ; si l’une des mères y est, alors l’on ne devrait pas l’interpréter car la réponse est douteuse ; s’il y a deux mères, alors on peut émettre un bon jugement ; et s’il y en a trois, alors le jugement peut être en encore plus fiable, et s’il y en a quatre, le jugement en est excellent, et ce sont les règles générales de cet art.
Remarque également que dans chaque question il y a toujours quatre angles, quatre maisons mineures et quatre maisons intermédiaires. Les angles sont la première, quatrième, septième et dixième maison ; les maisons mineures sont la seconde, la sixième et la douzième ; et les maisons intermédiaires sont la troisième, la cinquième et la onzième. Ainsi, nous avons douze maisons, comme les astrologues.
Remarque aussi que lorsque Rubeus se trouve dans l’angle du schéma, le schéma peut être valablement jugé, mais si elle apparaît dans deux angles, ou trois, ou dans les quatre, alors le schéma ne peut pas être jugé, mais doit être brûlé car il signifie un grand mal, etc.
Remarque aussi que lorsqu’une personne trace le schéma, elle ne doit rien dire et qu’elle doit garder son esprit concentré sur la question, etc.
Remarque également que par le mot grec « uzda » nous pouvons découvrir la maison de la figure, c’est-à-dire, à quelle maison la figure appartient, car si le premier point dans la première figure entre dans la ligne supérieure cela signifie 2 ; dans la seconde ligne, 7 ; dans la troisième ligne, 4 ; et dans la quatrième et dernière, 8. Ainsi, nous pouvons découvrir les maisons correctes des figures par ces nombres ; par « u » nous comprenons 2, par « z » 7, par « d » 4 et par « a » 8 comme dans notre exemple « uzda ».
Remarque encore que lorsque Cauda Draconis se trouve plusieurs fois dans une question, alors nous devons en juger que de nombreux mensonges sont dits.
Remarque encore que lorsque Populus se trouve plusieurs fois dans une question, c’est un signe que de nombreuses personnes parlent au sujet du demandeur.
Remarque enfin que lorsque Cauda Draconis ou Amission se trouvent dans la troisième maison, c’est un signe que le demandeur dépense plus qu’il ne gagne.
Les Maisons.
Remarque tout d’abord que selon les astrologues il y a 12 Maisons, tout comme il y a 12 signes. Selon les géomanciens, il y a 16 maisons, tout comme il y a 16 figures.
Dans la première maison, nous questionnons sur les conditions du demandeur et au sujet de sa personnalité et de tout ce qui tourne autour de sa personne.
Dans la seconde maison, nous questionnons sur l’argent du demandeur, au sujet de ses biens, des fausses nouvelles et de la pluie et du temps en général, et de tout ce qui relève du monde naturel.
Dans la troisième maison, nous questionnons au sujet des voyages, des frères et des sœurs et de tous les autres parents, sauf au sujet de la mère et du père qui ne sont pas examinés dans cette maison. Nous posons également des questions au sujet de l’église et des amis proches.
Dans la quatrième maison, nous questionnons au sujet des héritages, des pères et de leurs richesses, des trésors perdus, des femmes enceintes.
Dans la cinquième maison, nous questionnons au sujet des nouvelles et des messagers, des rêves et de toutes les tâches non encore achevées, et au sujet des fils et des filles.
Dans la sixième maison, nous questionnons au sujet des serfs, des serviteurs et des servants et des petites bêtes comme les cochons, les moutons, les chèvres et les autres animaux. Nous posons des questions au sujet de la maladie et de l’emprisonnement.
Dans la septième maison, nous questionnons au sujet des épouses et des femmes, excepté les filles et les servantes, et de toutes ces choses que l’on recherche et au sujet de tous les conflits.
Dans la huitième maison, nous questionnons au sujet de la mort du demandeur et de toutes ces choses qui le mettent en danger.
Dans la neuvième maison, nous questionnons au sujet de la conduite du demandeur, des charges qu’il détient et de tous les longs voyages.
Dans la dixième maison, nous questionnons au sujet des rois et des princes et des officiels et de tous ceux qui ont le pouvoir sur le pays, qu’ils soient nobles ou officiers, et au sujet de l’or et de toutes les choses nobles.
Dans la onzième maison, nous questionnons au sujet des espoirs et des amis absents et au sujet de toutes les choses futures.
Dans la douzième maison, nous questionnons au sujet des trahisons et des conspirations, au sujet des grosses bêtes comme les vaches, les mules, les chevaux ainsi qu’au sujet des ennemis.
Plus sur le sujet :
Lectura Geomantiae – traité de Géomancie. Traduction française : Spartakus FreeMann, août 2008 e.v.