Mais pourquoi donc écrire Magic avec un k ? Par Dave Evans.
Magick avec un « k » n’est pas un nouveau mot (1). À la fin du Moyen Âge l’épellation avec ou sans un « k » était commune et ce jusque vers 1625 (2). Cependant, il est probable que ce mot soit une variante phonétique sans aucune différenciation de signification comme ce fut l’intention de Crowley. Le mot utilisé par Crowley & qui s’écrit avec un « k » dérive de l’analyse kabbalistique alphabétique & numérique (3) . « K » (כ) est la 11e lettre de l’alphabet et le nombre 11 est important en occultisme, désignant les demi-démons habitants le côté sombre du monde de la Kabbale appelé « Qlipoth » (4), côté avec lequel Crowley prétendait avoir eu de nombreux contacts. Nombre de rituels de Crowley impliquent l’utilisation de 11 coups sur l’autel, de 11 coups de cloche afin d’attirer ces forces (5).
Le « k » au sein des hiéroglyphes égyptiens représente une coupe ou un bol. Cela semble tout à fait approprié pour une magick influencée par l’Égypte utilisant des actes sexuels ritualisés, le « k » étant alors le réceptacle placé à la fin du mot et donc à la fin de l’oeuvre entre les mains de l’officiant. De plus, Crowley voulait différencier son Art de la simple magie de cabaret (6).
Ce n’est pas le but de ce court article de décrire la magick sexuelle, cependant, une brève clarification est nécessaire. Dans l’occultisme, depuis 1850 jusqu’à nos jours, le suffixe « k » (en anglais) n’apparaît qu’en relation avec Crowley, cependant, les techniques de magie sexuelle étaient connues de l’Occident dès cette époque, sans qu’aucune différenciation ne soit faite dans son écriture. La « Sex magick » est basée largement sur les traditions du Moyen-Orient et de l’Asie – comme le tantra (7) et le Kama Sutra (8). Grant décrit les fonctions du groupe de magie sexuelle de Crowley, l’OTO comme … destinées à promulguer en Occident certaines formules secrètes de la magie jalousement conservées pendant des siècles par les initiés de l’est, et particulièrement dans le sud de l’Inde, au Bengale, en Assam… en Mongolie et au Tibet. Les initiales OTO signifient… l’Ordre des Templiers de l’Orient ou Ordre des Templiers Orientaux… (9)
Dans le climat moral strict des années 1950, Grant se devait d’écrire prudemment et ne pouvait être clair, mais ces « formules secrètes » étaient largement sexuelles. Les techniques de magick sexuelles impliquent une spiritualité rituellement élevée impliquant des formes variées d’activités sexuelles employées comme sacrements religieux. Le plaisir physique de l’acte est secondaire ou absent dans le processus. La Magie sexuelle n’est pas une excuse à l’orgie que l’on déguiserait comme cérémonies sacrées comme certains ont pu le faire (10) . Ce n’était sûrement pas une technique exclusivement hédoniste ou facile, qui satisferait les pervers et ceux qui cherchent des sensations fortes sans aucune capacité à l’application et au dur labeur, puisque des préliminaires à l’instruction de la magie sexuelle étaient nécessaires et ces préliminaires étaient longs et pénibles avant d’atteindre la maîtrise du yoga. Grant (11) nous donne des détails approfondis de ce genre de pratiques et Crowley en était un pratiquant avancé, cherchant l’extase sexuelle comme fonctionnellement identique à l’extase divine.
Plus sur le sujet :
Pourquoi écrire Magic avec un k ? Ce texte est extrait du livre Aleister Crowley and the 20th Century Synthesis of Magick : Strange Distant Gods That Are Not Dead Today, de Dave Evans.
Traduction française par Spartakus FreeMann, juin 2003 e.v.
Image par loulou Nash de Pixabay
NOTES :
1 En anglais ce mot n’est pas nouveau. Il sonne toutefois un peu plus étrange à nos oreilles francophones.
2 E.g. Lombard, R. This booke is called the treasure of spirits : and but few men have the right practice of this book, & all that is contained therein is wrought by the art of magick. Exeter Cathedral Library MS 3549F. 1603 / 1625.
3 AC6
4 Comme le mot Kabbale, le mot Qliphoh varie souvent.
5 AC1, p 211
6 Wilson, R.A. Cosmic trigger. London. Abacus. 1977, p 56
7 King, F.X. Tantra for westerners. Wellingborough, Northants. Aquarian. 1986, p 72
8 Burton, R & Arbuthnot, F.F. (trans.) The kama sutra of Vatsyayana. Allen & Unwin. 1980. Original 1893.
9 Bosc. Gr-W 25-6-51
10 Fortune, D. Sane occultism. Wellingborough, Northants. 1967, Chapter 13.
11 Grant, Mauve zone, pp 128-154 14 Regardie, Eye, p 347