Une liturgie de Mithras, Auteur Anonyme.
Cette liturgie a été souvent mentionnée dans certaines littératures du monde anglophone, et dont une traduction intégrale en anglais a été réalisée par le professeur Marvin W. Meyer. Elle mérite une certaine attention puisqu’elle permet de découvrir les tendances religieuses basées sur un syncrétisme mêlant foi, magie, astrologie et hermétisme (dans le sens de la littérature hermétique issue des traités de Nag Hammadi).
Cette Liturgie fait partie du codex magique de Paris (Papyrus 574 de la Bibliothèque Nationale). On peut la dater du IVe siècle de notre ère. Le nom même de « liturgie » lui a été donné en 1903 par A. Dieterich dans son ouvrage Eine Mithras Liturgie.
Les spécialistes se querellent toujours quant à la validité de ce texte comme canon mithriaque. Nous les laisserons trouver une réponse, nous contentant d’offrir ce texte aux païens modernes ou aux chaotes qui cherchent sans cesse de nouveaux matériaux afin de construire leurs propres rituels. À notre humble avis, nous basant sur les quelques informations en notre possession, cette liturgie peut être validée – même comme ne représentant qu’une frange du courant mithriaque — puisqu’elle contient des éléments que l’on retrouve dans le compte-rendu d’auteurs anciens (tel Origène) et que l’on y retrouve cette doctrine de l’ascension extatique de l’âme (comme dans le Rituel Mithraïque publié par Mead).
Planche XVII de l’Atlas de l’Origine de tous les cultes ou Religion universelle, par Charles-François Dupuis, an III (1795). Extrait du site de Claude Retat.
Soyez Bienveillantes, ô Providence et Psyché, tandis que j’écris ces mystères qui sont offerts non pour le profit matériel, mais pour l’instruction des fidèles ; et comme enfant je demande l’immortalité, ô initiés à ce pouvoir dont notre Grand Dieu Helios Mithras a ordonné sa révélation à ma personne par son archange, afin que moi seul puisse m’élever aux Cieux comme un investigateur et que je puisse observer l’univers.
Voici l’invocation de la cérémonie :
« Premier – origine de mon origine, AEEIOYO, premier commencement de mon commencement, PPP SSS PHR, esprit de l’esprit (1), premier de l’esprit en moi, MMM, feu donné par dieu à la mixtion des mixtions en moi, le premier du feu en moi, EY EIA EE, eau de l’eau, le premier de l’eau en moi, OOO AAA EEE, substance terrestre, le premier de la substance terrestre en moi, YE YOE, mon corps entier (Moi, …. dont la mère est ….), qui fut formé par un bras noble & par une main droite incorruptible dans un monde sans lumière & cependant radieux, sans âme et cependant vivant avec âme, YEI AYI EYOIE : maintenant, si c’est votre volonté, METERTA PHOTH (5) YEREZATH, donnez-moi la naissance immortelle et, suivant cela, à ma nature sous-jacente, afin que (6), après ce pressant besoin qui me pousse, je puisse regarder sur le commencement immortel avec l’esprit immortel, ANCHREPHRENESOYPHIRIGCH, avec l’eau immortelle, ERONOYI PARAKOYNETH, avec l’air le plus inébranlable, EIOAE PSENABOTH ; que je puisse naître à nouveau en pensée, KRAOCHRAX R OIM ENARCHOMAI (7) & que l’esprit sacré puisse souffler en moi, NECHTHEN APOTOY NECHTHIN ARPI ETH ; afin que je puisse m’émerveiller du feu sacré, KYPHE ; que je puisse regarder l’insondable, fabuleuse eau de l’aurore, NYO THESO ECHO OYCHIECHOA, et que l’éther vivifiant puisse m’entendre, ARNOMETHPH ; car aujourd’hui, je suis sur le point de voir, avec des yeux immortels – je suis né mortel d’une matrice mortelle, mais j’ai été transformé par la puissance prodigieuse & par la main droite incorruptible ! — et avec un esprit immortel, l’immortel Aion et le maître des ardents diadèmes – moi, sanctifié par les saintes consécrations ! – tandis qu’elle subsiste en moi, sainte, pour un court instant, mon âme, que je recevrai à nouveau après la présente amertume et l’implacable nécessite qui me presse — Moi, …….. dont la mère est ….. selon le décret immuable de dieu, EYE YIA EEI AO EIAY IYA IEO ! Puisqu’il est impossible pour moi, né mortel, de m’élever avec la brillance dorée de la lumière immortelle, OEY AEO EYA EOE YAE IAE. Ô nature périssable des mortels garde-moi sain et sauf de ce besoin inexorable et pressant. Car je suis le fils de PSYCHON DEMOY PROCHO PROA, je suis MACHARPHON MOY PROPSYCHON PROE ! »
Inspire trois fois aussi profondément que tu le peux, & tu te verras comme élevé et t’élevant vers les hauteurs, qu’ainsi tu sembleras comme au milieu de l’air. Tu n’entendras rien ni d’homme, ni de tout être animal, et à cette heure tu ne verras rien des affaires mortelles sur terre, mais plutôt tu verras toutes les choses immortelles. Car, en ce jour et à cette heure, tu verras l’ordre divin des cieux : le dieu gouverneur s’élevant dans les cieux et d’autres choses encore. Alors, la course des dieux visibles t’apparaîtra au travers du disque de dieu, mon père ; et de la même manière les « tuyaux », l’origine du ministère du vent. Car tu le verras suspendu au disque du soleil comme un tube. Tu verras l’écoulement de cet objet vers les régions de l’ouest, illimité comme un vent d’est, s’il avait été assigné aux régions de l’est – et l’autre de la même manière. Et tu verras les dieux t’observant intensément et se ruant vers toi. alors, mets ton doigt de la main droite sur tes lèvres et dis :
« Silence ! Silence ! Silence ! Symbole du vivant, dieu incorruptible ! Garde-moi, Silence, NECHTHEIR THANMELOY ! »
Alors, produis un sifflement long, ensuite un son bref et dis :
« PROPROPHEGGE MORIOS PROPHYR PROPHEGGE NEMETHIRE ARPSENTEN PTTETMI MEOY ENARTH PHYRKECHO PSYRIDARIO TYRE PHILBA ».
Alors, tu verras les dieux te regardant avec bienveillance, ne se ruant plus vers toi, mais retournant à leurs affaires. Ainsi, lorsque tu verras que le monde au-dessus est clair, et qu’aucun dieu ou ange ne te menace, attends-toi à entendra un grand craquement de tonnerre, comme pour te choquer. Alors, dis à nouveau :
« Silence ! Silence ! Silence ! Symbole du vivant, dieu incorruptible ! Garde-moi, Silence, NECHTHEIR THANMELOY ! Je suis une étoile se mouvant avec vous & resplendissant de l’abysse, OXY O XERTHEYTH ».
Immédiatement après que tu as dit ces choses, le disque du soleil s’étendra. Et ensuite, lorsque tu auras dit la seconde prière, celle où il y a « Silence ! Silence ! » et les mots qui l’accompagnent, siffle deux fois & produis deux fois un son bref, et tu verras immédiatement cinq étoiles venant du disque et emplissant tout l’air. Alors, tu diras à nouveau « Silence ! Silence ! » Et lorsque le disque sera ouvert, tu verras un cercle sans feu, et les portes ardentes fermées. À nouveau, ferme les yeux et récite la prière suivante. La troisième prière :
« Prête-moi l’oreille, prête-moi attention à moi, ….. dont la mère est …., ô Seigneur, toi qui as lié avec ton souffle les piliers ardents de la quadruple racine, ô Marcheur-du-Feu, PENTITEROYNI, Faiseur-de-Lumière, SEMESILAM, Souffleur-de-Feu, PSYRINPHEY, Feu, IAO, Souffleur-de-Lumière, OAI, Enchanteur-du-Feu, ELOYRE, Belle Lumière, AZAI, AION, ACHBA, Maître du Feu, PEPPER PREPEMPIPI, Corps-du-Feu, PHNOYENIOCH, Donneur-du-Feu, Semeur-de-Feu, AREI EIKITA, Conducteur-du-Feu, GALLABALBA, Forceur-de-Lumière, AIO, Tourneur-du-Feu, PYRICHIBOOSEIA, Celui qui bouge la Lumière, SANCHEROB, Secoueur-du-Tonnerre, IE œ IOEIO, Lumière-de-Gloire, BEEGENETEE, Accroisseur-de-Lumière, SOYSINEPHIEN, Mainteneur-du-Feu-Lumière, SOYSINEPHI ARENBARAZEI MARMARENTEY, Dompteur d’Étoile : ouvrez pour moi, PROPROPHEGGE EMETHEIRE MORIOMOTYREPHILBA, car, j’invoque les noms immortels, vivants et honorés, qui jamais ne passent par la nature mortelle & qui ne sont pas déclarés par une parole articulée par la langue humaine ou par le discours mortel ou par un son mortel : EEO OEEO IOO OE EEO EEO OE EO IOO OEEE OEE OOE IE EO OO OE IEO OE OOE IEO OE IEEO EE IO OE IOE OEO EOE OEO OIE OIE EO OI III EOE OYE EOOEE EO EIA AEA EEA EEEE EEE EEE IEO EEO OEEEOE EEO EYO OE EIO EO OE OE EE OOO YIOE. »
Dis toutes ces choses avec le feu et avec l’esprit jusqu’à ce que tu aies terminé la première parole ; alors, de la même manière, commence la seconde, jusqu’à ce que tu complètes les sept dieux immortels du monde. Quand tu auras dit ces choses, tu entendras un tonnerre & un tremblement dans le royaume ; et tu te sentiras de même agité. Alors, dis à nouveau la prière : « Silence ! » Ensuite, ouvre les yeux et tu verras les portes ouvertes et le monde des dieux qui est derrière elles, et ainsi, par le plaisir et la joie de cette vue, ton esprit ira de l’avant et s’élèvera. Tiens-toi alors immobile et prends ton souffle à partir du divin. Alors, quand ton âme sera restaurée, dis : « Viens, Seigneur, ARCHANDARA PHOTAZA PYRIPHOTA ZABYTHIX ETIMENMERO PHORATHEN ERIE PROTHRI PHORATHI ».
Lorsque tu auras dit cela, les rayons se tourneront vers toi ; regarde en leur centre. Car, lorsque tu auras fait cela, tu verras un dieu jeune, beau d’apparence, avec des cheveux de feu & vêtu d’une tunique blanche et d’un manteau écarlate, portant une couronne brillante. Salue-le avec les salutations du feu :
« Salut, ô Seigneur, Toute-Puissance, Grand Pouvoir, Roi, Plus Grand des Dieux, Helios, le Seigneur des Cieux et de la Terre, Dieu des dieux : puissant est Ton souffle ; puissante est Ta force, ô Seigneur. Si c’est Ta volonté, annonce-moi au Dieu suprême, Celui qui T’a engendré et qui T’a fait : qu’un homme – moi, …. dont la mère est …, qui est né de la matrice mortelle de …. et du fluide de la semence, et qui, depuis qu’il est rené devant Vous aujourd’hui, est devenu un immortel parmi les nombreuses myriades en cette heure selon le désir de Dieu, le Très Miséricordieux – se détermine à T’adorer, et à prier avec toute sa force humaine que Tu puisses prendre avec Toi l’horoscope du jour et de l’heure d’aujourd’hui qui a pour nom THRAPSIARI MORIROK et qu’il puisse apparaître et révéler durant les heures propices, EORO RORE ORRI ORlOR ROR ROI (655) OR REORORI EOR EOR EOR EORE ! »
Après que tu aies dit ces choses, il viendra du pôle céleste, et tu le verras marchant comme sur une route. Regarde intensément et produis un hurlement, comme celui d’une corne, en relâchant tout ton souffle ; et embrasse les amulettes et dis, d’abord à ta droite : « Protège-moi, PROSTHYMERI ! » Après avoir dit cela, tu verras les portes ouvertes, et sept vierges venant de ce qui est derrière elles, habillée de toiles et avec des visages d’aspics. Elles sont nommées Destinées des cieux, et elles portent des baguettes d’or. Lorsque tu les verras, salue-les de cette manière :
« Salut, ô vous les Sept Destinées des cieux, ô Nobles et Bonnes Vierges, ô Sacrées et Compagnes de MINIMIRROPHOR, ô très Saintes Gardiennes des Quatre Piliers ! »
« Salut à Toi, la première, CHREPSENTHAES !
Salut à Toi, la seconde, MENESCHEES !
Salut à Toi, la troisième, MECHRAN !
Salut à Toi, la quatrième, ARARMACHES !
Salut à Toi, la cinquième, ECHOMMIE !
Salut à Toi, la sixième, TICHNONDAES !
Salut à Toi, la septième, EROY ROMBRIES ! »
Viendront alors sept autres dieux, qui ont des faces de taureaux noirs, habillés de toile et portant sept diadèmes d’or. Ils sont les Seigneurs du Pôle des cieux, que tu dois saluer de la même manière, chacun par son nom :
« Salut, ô Gardiens du Pivot, ô braves et sacrés Jeunes, qui tournez l’axe de la voûte des cieux, qui envoyez le tonnerre et les éclairs et les remous des tremblements de terre et les tourbillons contre les nations des impies, mais pour moi, qui suis pieux et dans la crainte de dieu, vous m’octroyez santé et solidité du corps, et bonne ouïe et bonne vue, et calme dans ces heures présentes, ô mes Seigneurs et Puissants Dieux gouverneurs !
Salut à Toi, le premier, AIERONTHIS !
Salut à Toi, le second, MERCHEIMEROS !
Salut à Toi, le troisième, ACHRICHIOYR !
Salut à Toi, le quatrième, MESARGILTO !
Salut à Toi, le cinquième, CHICHROALITHO !
Salut à Toi, le sixième, ERMICHTHATHOPS !
Salut à Toi, le septième, EORASICHE ! »
À présent, lorsqu’ils auront pris leur place, ici et là, en ordre, regarde dans l’air et tu verras les boules de feu descendre, et les lumières explosant, et la terre tremblante, et le Dieu qui descend, un dieu immensément grand, ayant une éclatante apparence de jeunesse, se déplaçant en haut et en bas selon l’heure. Alors, tu verras les boules de feu jaillir de ses yeux et des étoiles de son corps. Produis alors un hurlement, pressant ton estomac, afin d’exciter les cinq sens : embrasse encore les amulettes et dis :
« MOKRIMO PHERIMOPHERERI, ma vie à moi, …. Reste ! Réside en mon âme ! Ne m’abandonne pas, je T’en supplie, ENTHO PHENEN THROPIOTH »
Et regarde vers le Dieu tandis que tu hurles ; et salue-Le de cette manière :
« Salut, ô Seigneur, ô Maître de l’eau !
Salut, ô Fondateur de la terre !
Salut, ô Gouverneur du vent !
Ô Brillant Illuminateur, PROPROPHEGGE EMETHIRI ARTENTEPI THETH MIMEO YENARO PHYRCHECHO PSERI DARIO PHRE PHRELBA !
Donne-moi la Révélation ô Seigneur, concernant l’affaire de……
Ô Seigneur, alors que je naissais à nouveau, je passe outre ; alors que j’ai grandi, je meurs ; alors que je suis né de la vie génératrice de naissance, je passe, abandonné à la mort – comme tu l’as décrété et comme tu as établi ce mystère. Je suis PHEROYRA MIOYRI. »
Plus sur le sujet :
Une liturgie de Mithras. Liturgie issue du Codex de Paris.