Idra Rabba Kadisha 1.
Grande et Sainte Assemblée
Zohar, III, 127b – 145a
Traduction de Jean de Pauly
Nous avons appris que Rabbi Siméon dit aux collègues : jusqu’à quand nous tiendrons-nous sur une tribune soutenue par un seul pilier ? L’Écriture dit : « C’est le temps de travailler pour le Seigneur, car ils ont violé la loi. » Les jours sont courts, le créancier presse, la proclamation retentit chaque jour, les « Cultivateurs des champs » (les initiés) sont peu nombreux et ils se tiennent aux abords de la vigne ; ils ne savent quelle direction prendre pour arriver à leurs fins. Réunissez-vous, collègues, à l’Idra, revêtus de cuirasses et portant en vos mains des épées et des lances ; armez-vous de circonspection, de sagesse, d’intelligence, de savoir, de clairvoyance et d’activité des bras et des jambes et reconnaissez le règne de Celui qui disposé de la vie et de la mort. Préparez-vous à entendre des paroles de vérité que les Saints supérieurs entendent avec joie et s’efforcent de comprendre. Rabbi Siméon se mit à pleurer en s’écriant : malheur à moi, si je révèle ces mystères, et malheur à moi si je ne les révèle pas ! Les collègues qui étaient présents gardèrent le silence. Rabbi Abba se leva et dit à Rabbi Siméon : s’il plaît au Maître de révéler des mystères, il peut le faire sans inconvénient, attendu que l’Écriture dit : « Le Seigneur révèle son décret à ceux qui le craignent. » Or, les collègues craignent le Saint, béni soit-Il, et ils ont déjà pénétré dans l’« Idra deiMaschcana », où beaucoup sont entrés et d’où quelques-uns aussi sont sortis. Les collègues furent alors comptés en présence de Rabbi Siméon ; ils se composaient de Rabbi Éléazar son fils, de Rabbi Abba, de Rabbi Yehouda, de Rabbi Yossé fila de Jacob, de Rabbi Isaac, de Rabbi Hizqiya fils de Rab, de Rabbi Hiyâ, de Rabbi Yossé et de Rabbi Yessa. Ils tendirent leurs mains vers Rabbi Siméon tout en tournant leurs doigts vers le ciel, et ils entrèrent dans le champ où ils s’assirent au milieu des arbres. Rabbi Siméon se leva et fit sa prière. Ensuite il s’assit au milieu d’eux et dit : que chacun de vous mette sa main sur mon genou. Ils tendirent les mains, et Rabbi Siméon les saisit. Il commença ensuite à parler ainsi : « Maudit soit l’homme qui fait une image de sculpture ou jetée en fonte, ouvrage de la main d’un artisan [128a] et qui la met dans un lieu secret ; et tout le peuple répondra et dira : amen. » Rabbi Siméon continua : « C’est le temps de travailler pour le Seigneur ; car ils ont violé ta loi. » Pourquoi est-ce le temps de travailler pour le Seigneur ? L’Écriture répond : « … Parce qu’ils ont violé ta loi. » La mauvaise conduite de l’homme ici-bas viole et détruit la Loi d’en haut. Les paroles sont adressées à l’Ancien des temps. En un endroit, l’Écriture dit : « Heureux Israël, qui est semblable à toi ? » Et, en un autre endroit, l’Écriture dit : « Qui d’entre les forts est semblable à toi, ô Seigneur ? » II appela Rabbi Éléazar son fils et le fit asseoir devant lui, et il fit asseoir Rabbi Abba du côté opposé en disant : nous sommes la synthèse de tout, et nous sommes préparés. Les collègues ayant gardé le silence, ils entendirent une voix, et leurs genoux commencèrent à s’entrechoquer. Quelle était la voix qu’ils entendirent ? C’était le bruit de l’Assemblée céleste qui se réunissait pour entendre les paroles de Rabbi Siméon, Rabbi Siméon se réjouit et dit : « Seigneur, j’ai entendu ta parole, et j’ai été saisi de crainte. » La crainte convenait bien à Habacuc ; mais nous, nous n’avons pas besoin de craindre, attendu que nous sommes dans l’amour, ainsi qu’il est écrit : « Et tu aimeras le Seigneur ton Dieu. » Et ailleurs : « … À cause de son amour pour vous. » Et ailleurs : « Je t’ai aimé, dit le Seigneur. »
Rabbi Siméon commença alors à parler ainsi : « Le traître révèle les secrets, mais celui qui a la fidélité dans le cœur garde avec soin la parole qui lui a été confiée. » L’Écriture emploie le terme « holekh rakhil » (qui marche ça et là) pour désigner le traître, parce que l’homme qui n’a pas de foi n’a pas non plus l’esprit assez serein pour saisir le sens des mystères, et tout ce qu’il entend tourne dans sa tête comme une outre dans l’eau, et il finit par jeter dehors tout ce qu’il a dans son esprit. Mais, de l’homme dont l’esprit est serein, l’Écriture dit : celui qui a la fidélité dans le cœur garde avec soin la parole qui lui a été confiée. » Et ailleurs l’Écriture dit : « Que la légèreté de ta bouche ne soit pas à ta chair une occasion de tomber dans le péché. » Le monde ne subsiste que par le secret. Si le secret est nécessaire dans les choses profanes, à plus forte raison est-il nécessaire dans le Mystère des mystères de l’Ancien des temps qui n’est pas même confié aux anges supérieurs.
Rabbi Siméon dit en outre : je n’invite pas les cieux à venir m’écouter, ni la terre à m’entendre, à l’exemple de Moïse ; car nous sommes les sentiers du monde. Nous avons appris dans le livre relatif au Mystère des mystères que, lorsque Rabbi Siméon commença à révéler le Mystère des mystères, le sol fut ébranlé et les collègues furent saisis de tremblement. Rabbi Siméon commença à parler ainsi : il est écrit : « Tels sont les rois qui régnèrent au pays d’Édom, avant que les enfants d’Israël eussent un roi. » Heureux votre sort, ô justes, à qui le Mystère des mystères est révélé, alors qu’il ne l’est pas même aux Saints supérieurs.
Quand l’homme est jugé digne de pénétrer ce mystère, il donne la preuve de sa foi parfaite. Puisse-t-il plaire au ciel de ne pas m’imputer à pécher la révélation de ce mystère !
Calligraphie hébraïque de Michel d’Anastasio. Visiter son site.
Le verset précité a déjà causé des difficultés aux collègues, attendu que déjà, avant la venue des enfants d’Israël, plusieurs rois ont régné dans ce pays ; et en outre dans quel but l’Écriture nous le dit-elle ? Mais ce verset cache le Mystère des mystères que les hommes ne peuvent connaître et comprendre au moyen de leur propre intelligence. Nous avons appris que l’Ancien des anciens, le Caché des cachés, n’avait ni commencement ni fin, avant qu’il n’ait établi son règne et mis la Couronne. Il grava ainsi et renferma l’illimité dans des limites. Il tira devant lui un rideau à travers lequel commença à se dessiner sa Royauté. Mais la compréhension était encore imparfaite, ainsi qu’il est écrit : « Tels sont les rois qui régnèrent au pays d’Édom avant que les enfants d’Israël eussent un roi. » L’Écriture parle du Roi primitif et des enfants d’Israël primitifs. Tous ces êtres n’existaient que virtuellement, par leur nom seulement ; leur existence réelle ne pouvait se manifester qu’après l’apparition de Dieu à travers le nuage, à travers le voile. Nous avons appris en outre que, lorsqu’il a plu à la Volonté suprême de créer la Loi qui était cachée deux mille ans avant la création du monde, celle-ci lui dit : celui qui veut établir quelque chose doit commencer par établir son propre être.
Nous avons appris dans le Livre Occulte que l’Ancien des anciens, le Mystérieux des mystérieux, le Caché des cachés est imparfaitement [128b] déterminable. On sait seulement que c’est le Vieux des vieux, l’Ancien des anciens, le Caché des cachés. C’est par ses œuvres qu’on entrevoit faiblement son être. Il est le « Maître au manteau blanc et au visage resplendissant ». Il est assis sur le trône formé de gerbes de feu, pour les subjuguer. La Diane de son œil forme quatre cent mille mondes, et les justes dans le monde futur héritent de quatre cents mondes éclairés de la lumière de ce blanc de l’œil, ainsi qu’il est écrit : « … Quatre cents sicles d’argent en bonne monnaie, et de valeur marchande. » Treize mille fois dix mille mondes ont leur base et leur appui dans la Tête de l’Ancien des temps. Une rosée sort de cette Tête chaque jour et se répand à l’extérieur de la Tête, ainsi qu’il est écrit : « Car ma tête est toute chargée de rosée. » C’est cette rosée qui sort de la Tête qui ressuscitera les morts dans les temps futurs, ainsi qu’il est écrit : « Car la rosée qui tombe sur vous est une rosée de lumière. » C’est la lumière qui sort du blanc de l’œil de l’Ancien. C’est par cette rosée que subsistent les saints supérieurs ; dans le monde futur, elle constitue la manne moulue des justes. Cette rosée tombe dans le « Verger des pommes sacrées », ainsi qu’il est écrit : « Et la surface de la Terre était couverte de rosée ; et on vit paraître dans le désert quelque chose de menu et comme pilé au mortier. » La couleur de cette rosée est blanche et ressemble à la couleur de la pierre bdellium, dans laquelle on aperçoit toutes les nuances, ainsi qu’il est écrit : « Et la manne était comme la graine de la coriandre, et sa couleur comme du bdellium. » La blancheur de la Tête éclaire treize directions, dont quatre sont devant, quatre du côté droit, quatre du côté gauche et une au-dessus de la Tête ; de là vient que la longueur du visage s’étend à trois cent soixante-dix fois dix mille mondes. C’est vu sous cette forme qu’il est appelé « Long Visage » (Grande Figure) ; c’est l’Ancien des anciens qui porte le nom de « Long Visage », alors que, vu du dehors, c’est-à-dire à travers les rideaux, il porte le nom de « Petite Figure ». La « Petite Figure » correspond exactement à l’Ancien, au Vieillard, au Saint des Saints ; et, quand la « Petite Figure » regarde l’Ancien, sa figure s’épanouit et grandit de temps à autre, mais non toujours, comme celle de l’Ancien ; et à ce moment tout ce qui est ici-bas est affermi. Un filet blanc passe de la Tête de l’Ancien à celle de la « Petite Figure », et passe de celle-ci aux innombrables têtes du monde d’en bas. Aussi chaque tête ici-bas donne-t-elle, au moment du dénombrement, son tribut à la Tête de l’Ancien des temps. C’est à ce tribut que correspondait « l’impôt de la tête » payé par tous ceux qui entrèrent dans le dénombrement.
Dans la cavité crânienne, une membrane couvre la Sagesse suprême qui ne cesse jamais de fonctionner et qui n’est jamais mise à nu. Cette membrane couvre le Cerveau qui est la Sagesse mystérieuse, afin qu’elle ne soit jamais mise à nu. Le Cerveau, qui est la Sagesse mystérieuse, repose à sa place, comme le bon vin sur la lie. De là vient le proverbe : « Les pensées du vieillard sont cachées, et son cerveau est aussi caché, car il repose sur sa place. » Cette membrane sépare le Cerveau de la « Petite Figure », et de là vient que son Cerveau se sépare en trente-deux sentiers, ainsi qu’il est écrit : « Et un fleuve sort de l’Éden… » Cela se produit parce que la membrane cesse à la « Petite Figure » et n’en couvre pas le Cerveau. Ceci corrobore cette autre tradition aux termes de laquelle la lettre Thav est la marque de l’Ancien des temps et indique que nul ne lui est égal.
Nous avons appris qu’un million de lois dix mille, plus sept mille cinq cents cheveux blancs et purs comme la laine pure lorsqu’elle n’est pas emmêlée, pendent à la Tête ; aucun cheveu ne se mêle à un autre, mais chacun se tient distinct de l’autre, chaque mèche est composée de quatre cent dix cheveux qui correspondent à la valeur numérique du mot « Kadosch » (saint). Chaque cheveu [129b] éclaire quatre cent dix mondes. Chacun de ces mondes est caché et mystérieux et n’est connu de nul autre hors de lui, l’Ancien des temps. Chaque cheveu projette sa lumière en cent vingt directions, et chaque cheveu forme un canal par où le Cerveau mystérieux coule et entre dans les cheveux de la « Petite Figure » dont le Cerveau est constitué de cette sorte. Une fois entré dans la cavité crânienne de la « Petite Figure », le Cerveau se divise en trente-deux sentiers. Chaque mèche est resplendissante et pend le long de la Tête dans un bel ordre. Elles couvrent la Tête en l’entourant de tous côtés. Une tradition nous apprend que chaque cheveu est appelé canal, parce que c’est parla que coule l’essence mystérieuse du Cerveau caché. La tradition nous apprend en outre qu’on peut juger par les cheveux d’un homme qui a passé l’âge de quarante ans, s’il est sous la domination de la Rigueur ou sous celle de la Clémence ; on peut faire ce pronostic, même d’un jeune homme, d’après les poils de sa barbe et ceux de ses sourcils. Les mèches de cheveux pendent dans un ordre parfait, telle de la laine pure, jusqu’aux épaules. Est-ce réellement jusqu’aux épaules ? Non, jusqu’à la région où commencent les épaules, afin que la nuque ne soit pas mise à nu en raison des paroles de l’Écriture : « Car ils mont tourné la nuque et non le visage. » Les cheveux des tempes sont pliés derrière les oreilles pour ne pas les couvrir, ainsi qu’il est écrit : « … Afin que tes oreilles demeurent ouvertes. » Les cheveux de derrière l’oreille sont disposés harmonieusement ; l’un n’empiète pas sur l’autre ; ils sont disposés dans un bel ordre agréable à voir et qui fait les délices des justes qui contemplent la « Petite Figure ». Le désir ardent des justes, c’est de s’attacher à l’Ancien mystérieux qu’ils entrevoient, parce qu’il leur est caché en partie, et de s’attacher en même temps à la « Petite Figure ». C’est à la « Petite Figure » que les cheveux commencent à être divisés en côté droit et en côté gauche » ; car la « Petite Figure » a treize cheveux de chaque côté de la tête. Tandis que, chez l’Ancien mystérieux, il n’y a pas de côté gauche ; tout est droit chez lui. C’est à la suite du grand désir de s’attacher à l’Ancien mystérieux et à la « Petite Figure », que les enfants d’Israël voulaient sonder leur cœur, ainsi qu’il est écrit : « Le Seigneur est-il en nous, ou néant (ayn) ? » La « Petite Figure » est appelée « Seigneur » et la « Grande Figure » est appelée « Néant » (ayn). Pourquoi fut-il puni pour cela ? Parce qu’il ne s’attachait pas à Dieu en amour ; mais il voulait d’abord une preuve. Au milieu des cheveux, il y a un chemin (une raie) qui éclaire deux cent soixante-dix mondes. Ce chemin de la « Petite Figure » éclaire également le juste dans le monde futur, ainsi qu’il est écrit : « Et le sentier des justes est comme une lumière brillante qui s’avance et qui croît jusqu’au pur parfait. » C’est ce chemin qui se divise en cent treize sentiers (commandements) de l’Écriture, qui émane du partage des cheveux de la « Petite Figure » ; c’est de lui que l’Écriture dit : « Toutes les voies du Seigneur ne sont que miséricorde et vérité, etc. »
Le Front de la Tête est la région de l’extrême Clémence, et la Clémence de la « Petite Figure » n’est que le reflet du Front de la Tête, ainsi qu’il est écrit : « Il l’aura toujours sur son front, afin que le Seigneur leur soit favorable. » Le Front est une des parties découvertes de la Tête ; il est parfois couvert de quatre cent vingt mondes. Mais quand il est découvert, les prières d’Israël sont exaucées. Quand est-il découvert ? Rabbi Siméon garda le silence. Quelqu’un demanda pour la seconde fois : quand est-il découvert ? Rabbi Siméon dit alors à son fils Rabbi Éléazar : quand est-il découvert ? Celui-ci répondit : à l’heure de la prière des vêpres au jour du Sabbat. Rabbi Siméon lui demanda : pourquoi ? Il répondit : Parce que, durant la semaine, la Rigueur est suspendue à la « Petite Figure », tandis que, le jour du Sabbat, elle apparaît le front découvert et est appelée « Clémence » ; à cette heure toute irritation cesse ; la Clémence se répand et les prières sont exaucées, ainsi qu’il est écrit : « Mais pour moi, Seigneur, je t’offre ma prière en te disant : Voici le temps, ô Dieu, de faire éclater ta clémence. » En effet, c’est l’heure de la Clémence, lorsque l’Ancien des temps découvre son Front. C’est pourquoi il a établi que l’on récite ce verset aux vêpres du Sabbat. Rabbi Siméon dit alors à son fils, Rabbi Éléazar : Sois béni, mon fils, par l’Ancien des temps, et puisse le « Front » t’être toujours clément, lorsque tu auras besoin de clémence. Remarquez qu’ici-bas au front découvert est parfois un indice d’insolence, ainsi qu’il est écrit : « Tu as pris le front d’une femme débauchée. » Mais en haut, le Front découvert est toujours l’indice d’amour et de clémence parfaite qui font taire en les dominant toutes les irritations. Ce Front éclaire quatre cents tribunaux, et quand il apparaît découvert, tous les tribunaux cessent de prononcer leurs sentences de rigueur, ainsi qu’il est écrit : « Le jugement s’arrêta. » [129b] La tradition nous apprend que, durant cette heure de clémence, les cheveux (les rigueurs) restent couverts, afin de ne pas permettre aux Maîtres de la rigueur de sévir. La tradition nous apprend en outre que le Front répand sa lumière en deux cent soixante-dix mille rayons dirigés vers l’Éden d’en haut, lequel transmet ces rayons à l’Éden d’en bas. Car il y a un Éden qui éclaire l’autre. L’Éden supérieur est caché et aucune voie ne le traverse, alors que l’Éden inférieur contient trente-deux sentiers. Malgré ces sentiers, nul ne connaît cet Éden, hors la « Petite Figure », et nul ne connaît l’Éden supérieur, hors la « Grande Figure », ainsi qu’il est écrit : « C’est Élohim qui comprend quelle est sa voie, et Lui connaît sa place. » Élohim, c’est la « Petite Figure » qui connaît l’Éden d’en bas, et « Lui », c’est l’Ancien des temps, le Mystérieux, qui connaît la région de l’Éden supérieur.
Les Yeux de la Tête sont blancs et diffèrent des autres yeux ; ils n’ont ni paupières ni cils. Pourquoi ? Parce qu’il est écrit : « … Car celui qui garde Israël ne s’assoupit ni n’endort. » L’Écriture parle d’« Israël d’en haut ». Et ailleurs il est écrit : « Tes yeux sont ouverts. » Une tradition nous apprend que la Clémence n’a ni paupières ni cils ; et, à plus forte raison, la Tête blanche n’a-t-elle pas besoin d’être gardée. Rabbi Siméon dit à Rabbi Abba : quelle est la créature qui peut servir d’emblème à la Tête blanche ? Rabbi Abba répondit : le poisson de la mer qui n’a ni paupières ni cils sur les yeux, qui ne dort pas, et qui pourtant n’a besoin d’aucuns préservatif pour l’œil. À plus forte raison l’Ancien des anciens n’a-t-il pas besoin de préservatifs pour les yeux. En un endroit, l’Écriture dit : « Les yeux du Seigneur sont tournés vers ceux qui le craignent, sur ceux qui mettent leur espérance en sa miséricorde. » Et, en un autre endroit, l’Écriture dit : « Ce sont là les yeux du Seigneur qui parcourent toute la terre. » Il n’y a aucune contradiction : Le premier verset parle de la « Petite Figure », et le second verset de la « Grande Figure ». Bien que les Yeux soient au nombre de deux, leur blancheur les fond ensemble ; car l’Œil est d’une blancheur qui éclipse toutes les blancheurs, d’une blancheur qui est la quintessence de toutes les blancheurs. La blancheur de l’Œil est de trois nuances : la première nuance projette une lumière qui allume trois « Lampes » appelées Gloire, Majesté et Joie. La deuxième nuance projette une lumière qui allume trois autres « Lampes » appelées Force (Netzach), Grâce (Hessed) et Beauté (Tiphereth). La troisième nuance reflète la lumière cachée du Cerveau et allume la « Lampe » du milieu qui est la septième de l’ordre ; c’est celle qui sert de route au cerveau inférieur, et c’est ainsi que s’allument toutes les « Lampes » d’en bas. Rabbi Siméon dit : ces paroles sont justes. Puisse l’Ancien des temps ouvrir son œil sur toi à l’heure où tu en auras besoin. D’après la tradition, la première nuance de la blancheur allume les « Lampes » du côté gauche, qui sont au nombre de trois ; la deuxième nuance de la blancheur allume les trois « Lampes » du côté droit, et la troisième nuance provient du Cerveau et projette sa lumière sur les cheveux noirs quand le moment l’exige. Ainsi, l’Œil, bien que divisé en deux, n’est qu’un, car il n’y a point de côté gauche ; il ne se ferme jamais pour dormir et n’a besoin d’aucuns préservatif. Nul ne le protège, mais lui protège tout et regarde tout ; c’est par la prévoyance de cet Œil que tous les êtres sont nourris. Si cet Œil se fermait, ne fut-ce que pour un clin d’œil, nul ne pourrait subsister. C’est pourquoi il est appelé : Œil ouvert, Œil suprême, Œil sacré, Œil de Providence, Œil qui ne [130b] s’assoupit, ni ne dort point, Œil qui garde tout, Œil qui soutient tout. C’est de cet Œil que l’Écriture dit : « Le bon œil est béni (ieborakli). » Ne lisez pas « ieborakh » (est béni), mais « iebarekh » (bénit). C’est cet Œil qui porte le nom de « bon œil », et qui bénit tout. Parfois les justes supérieurs sont jugés dignes de contempler cet Œil à l’aide de l’Esprit de la Sagesse, ainsi qu’il est écrit : « Car ils verront œil dans l’œil. » À quel moment ? Lorsque Dieu reviendra à Sion. Si l’Œil d’en haut ne regardait pas l’œil d’en bas, le monde ne pourrait subsister môme un seul instant.
Nous avons appris dans le Livre Occulte que la lumière de l’Œil d’en haut pénètre dans celui d’en bas d’où elle se répand dans toutes les directions, ainsi qu’il est écrit : « Ils verront œil dans l’œil que tu es le Seigneur. » Et ailleurs : « Les yeux du Seigneur sont tournés vers ceux qui le craignent. » Et encore ailleurs : « Ce sont là les yeux du Seigneur qui parcourent toute la terre. » Remarquez qu’ici-bas il y a deux yeux, un à droite et un à gauche, et chaque œil est formé de trois couleurs : rouge, noire et blanche ; ils ne sont pas toujours ouverts. Tandis qu’en haut les deux Yeux ne font qu’un ; car il n’y a point de côté gauche ; l’Œil est toujours ouvert, toujours riant et toujours joyeux. La tradition nous apprend que le nom de l’Ancien des temps n’est connu de nul être et qu’il n’est exprimé dans l’Écriture qu’une seule fois lorsque la « Petite Figure » prêta serment à Abraham, ainsi qu’il est écrit : « Je jure par moi-même (Bi), dit le Seigneur. » Le « Seigneur », c’est la « Petite Figure » ; et « moi-même » (Bi), c’est l’Ancien des temps.
Il est écrit : « J’étais attentif à ce que je voyais, jusqu’à ce que des trônes furent placés, et que l’Ancien des jours s’assit. » Que signifie : « … Que des trônes furent placés… » ? Rabbi Siméon dit à Rabbi Yehouda : Lève-toi, et explique le sujet relatif aux trônes. Rabbi Yehouda dit : L’Écriture ajoute : « Son trône était de flammes ardentes. » Pourquoi l’Ancien des temps est-il assis sur ce Trône ? La tradition nous apprend que, s’il n’y était pas assis pendant un clin d’œil, le monde serait détruit par ce Trône même. L’Ancien des temps s’était donc assis sur ce Trône pour le dompter et l’empêcher de ravager les mondes. Et quand l’esprit qui anime ce Trône sera dompté, l’Ancien des temps retournera s’asseoir sur son premier Trône, sur lequel nul ne peut s’asseoir, hors l’Ancien des temps. Rabbi Siméon dit à Rabbi Yehouda : que l’Ancien des temps ouvre ton esprit. Remarque que l’Écriture dit : « C’est moi (Ani) qui suis le Seigneur, le premier ; et avec les derniers, c’est encore moi (Ani). » L’Ancien des temps est mystérieux et caché.
Le nez constitue l’expression essentielle du visage. Voyons donc d’abord quelle est la différence [130b] entre le Nez de la « Petite Figure » et celui de l’Ancien des temps. Des deux Narines de l’Ancien des temps ne sort que vie ; d’une Narine sort la vie, et de l’autre la Vie de la vie ; c’est cette dernière Narine qui forme la fenêtre par où souffle l’Esprit de vie qui descend à la « Petite Figure ». C’est pourquoi nous l’appelons « Esprit de la rémission des péchés ». Des deux Narines, sortent deux esprits ; l’un anime la « Petite Figure » dans le Jardin de l’Éden, et l’autre est destiné à inspirer la Sagesse au Fils de David ; ce dernier esprit qui sort du Cerveau mystérieux est destiné à reposer sur le Roi Messie, ainsi qu’il est écrit : « Et l’Esprit du Seigneur se posera sur lui, l’Esprit de Sagesse et d’Intelligence, l’Esprit de Conseil et de Force, l’Esprit de Science et de Crainte du Seigneur. » Dans ce verset, on mentionne quatre esprits, alors que nous ne parlions que d’un seul ; quels sont les trois autres ? Rabbi Siméon dit : Lève-toi, Rabbi Yossé, et réponds. Rabbi Yossé se leva, et dit : aux jours du règne du Roi Messie, nul ne dira à son prochain : apprends-moi la Sagesse, ainsi qu’il est écrit : « Et nul n’aura plus besoin d’enseigner son prochain et son frère, en disant : Connais le Seigneur, parce que tous me connaîtront, depuis le plus petit jusqu’au plus grand, dit le Seigneur. » À cette époque, l’Esprit qui sort du Cerveau mystérieux de l’Ancien des temps descendra en bas, et tous les autres esprits s’éveilleront avec lui. Quels sont ces autres esprits ? Ce sont les six esprits mentionnés dans le verset d’Isaïe et qui correspondent aux couronnes de la « Petite Figure ». C’est à ces six que correspond le trône du Roi Salomon, ainsi qu’il est écrit : « Le trône avait six degrés. » Le Roi Messie était destiné à s’asseoir sur le septième degré formé par l’Esprit de l’Ancien des Temps. Rabbi Siméon lui dit : ton esprit jouira du repos dans le monde futur. Remarque que l’Écriture dit : « Alors, le Seigneur me dit : Esprit, viens des quatre vents, et souffle sur ces morts, afin qu’ils revivent. » Que viennent faire ici les quatre vents du monde ? Ce sont les quatre esprits mentionnés précédemment qui sont destinés à se poser sur le Roi Messie, et dont l’un, celui qui vient de l’Ancien des temps, les embrasse tous. C’est cet Esprit qui est destiné à descendre avec le Roi Messie pour l’accomplissement des paroles de l’Écriture : « Et nul n’aura plus besoin d’enseigner son prochain et son frère en disant : Connais le Seigneur, parce que tous me connaîtront, depuis le plus petit jusqu’au plus grand, dit le Seigneur. » C’est l’Esprit de tous les esprits qui suffira à chacun pour connaître le Seigneur. Or, voici la différence entre le Nez de l’Ancien des temps dont les deux Narines ne projettent que vie, et celui de la « Petite Figure », dont l’Écriture dit : « La fumée de ses narines s’est élevée en haut, et un feu dévorant est sorti de sa bouche, etc. » Ainsi, d’une seulement des Narines de la « Petite Figure » sort la vie, tandis que, de l’autre, c’est la mort qui sort. Une tradition nous apprend que trois cent soixante-quinze mondes sont remplis du Nez de l’Ancien des temps. Rabbi Siméon commença ensuite à parler ainsi : malheur à celui qui étend la main irrévérencieusement vers la Barbe glorieuse et sublime de l’Ancien sacré, caché et mystérieux, Barbe vénérable, Barbe le plus caché et le plus précieux de tous les ornements, Barbe que ne connaissent ni les êtres d’en haut, ni ceux d’en bas, Barbe qui constitue la louange des louanges, Barbe dont nul prophète et nul saint n’approchera pour la contempler, Barbe dont les poils pendent jusqu’au nombril, Barbe aussi blanche que la neige et constituant la Gloire des gloires, le Mystère des mystères, la quintessence de toute foi. Il est enseigné dans le Livre Occulte [131a] que la Barbe, essence de la foi, commence à hauteur des Oreilles, descend et fait le tour de la Bouche sacrée et remonte ensuite jusqu’à la hauteur de l’autre Oreille ; elle est blanche et elle descend, sous la forme des deux plateaux de la balance, jusqu’au nombril.
Dans cette Barbe glorieuse, synthèse de la Foi parfaite, coulent treize rivières d’huile parfumée. Elle a treize parures : la première parure est formée par les favoris qui commencent à la hauteur des Oreilles et descendent en ligne droite, comme les plateaux de la balance, jusqu’à la commissure des lèvres.
La seconde parure est formée par les poils de la Barbe allant d’une commissure des lèvres à l’autre, en faisant le tour du menton.
La troisième parure est formée par les moustaches séparées au milieu par une raie.
La quatrième parure est formée par les extrémités des moustaches.
La cinquième parure est formée par la touffe de barbe qui croît au-dessous de la lèvre inférieure.
La sixième parure est formée par les touffes de barbe qui croissent sur les joues.
À la septième parure, les poils s’arrêtent et laissent voir deux pommettes qui répandent un parfum et qui sont agréables à voir.
La huitième parure est formée par un fil de la barbe qui descend en ligne droite comme un plateau de balance jusqu’au nombril.
La neuvième parure est formée par l’enchevêtrement des poils de la barbe.
La dixième est formée des poils qui couvrent le cou.
La onzième parure est constituée par la régularité des poils dont pas un n’est dépassé par l’autre.
La douzième parure, c’est la Bouche, dont les contours sont nettement dessinés et que les moustaches ne cachent point.
La treizième parure est constituée par les deux moitiés de la Barbe qui descendent majestueusement de chaque côté du tronc jusqu’au nombril.
Toute la Figure est couverte par la Barbe et on n’aperçoit que les deux pommettes blanches et belles d’où jaillit la vie pour le monde ; et c’est cette partie de la « Figure » qui est visible à la « Petite Figure ». De ces treize parures, émanent les treize sources d’huile parfumée qui éclairent tous ceux qui sont en bas et qui les parfument. Les treize parures forment la Barbe de l’être le plus mystérieux, de l’Ancien des anciens. Les deux pommettes éclairent la « Petite Figure » ; et toute lumière et toute joie procèdent de là. Et tout homme qui voit cette Figure est appelé homme de foi. Les treize parures sont énumérées dans le Livre Occulte. Aussi la promesse faite en touchant la barbe de la main doit-elle être exécutée, comme si l’on avait juré par les treize parures.
Calligraphie hébraïque de Michel d’Anastasio. Visiter son site.
Rabbi Siméon dit à Rabbi Isaac : Lève-toi et expose la manière dont sont faites les treize mèches de cheveux du Roi sacré. Rabbi Isaac commença à parler ainsi » : « Qui est semblable à toi, ô Dieu, qui effaces l’iniquité et qui oublies les péchés du reste de ton héritage ? … Il aura encore compassion de nous… Tu donnes la vérité à Jacob, la miséricorde à Abraham, selon que tu l’as juré à nos pères depuis les temps primitifs. » On a enseigné que ce verset cache le mystère des treize voies de miséricorde qui sortent des treize sources d’huile parfumée constituant la Barbe sainte [131b] de l’Ancien des anciens, du plus mystérieux. Ces parures sont à la fois mystérieuses et révélées connues et ignorées. Nous avons dit que chaque cheveu est séparé de l’autre et que l’un n’est jamais attaché à l’autre. Or, on peut demander : d’où vient que les cheveux de la tète sont plus longs et plus souples que ceux de la barbe ? C’est que les maîtres de la rigueur des régions (qui correspondent aux cheveux) de la Tête sont moins rigoureux que ceux des régions auxquelles correspondent les poils de la Barbe. L’Écriture dit : « Les sagesses chantent dans la rue, et elle fait entendre sa voix. » Le verset commence par un pluriel et finit par un singulier, parce que la « Petite Figure » émane de la « Grande Figure » à travers les cheveux de la Barbe ; et les deux Figures se confondent. Les cheveux sont plus souples, ainsi qu’il est écrit : « Les paroles des sages sont émises avec douceur. » Celui qui a des cheveux crépus n’est pas apte à s’instruire. Il ne faut pas entremêler les cheveux de la Tête avec ceux de la Barbe ; mais il faut les rejeter derrière l’Oreille. Nous avons déjà dit que le Cerveau de la « Petite Figure » vient du Cerveau de la « Grande Figure »). Il en est de même des cheveux. Dans le verset cité, sont énumérées les treize voies de miséricorde ; et c’est pourquoi Moïse ne pouvait les prononcer, parce qu’il a vécu à une époque de rigueur. [132a] On demandera peut-être : D’où vient que les cheveux de la « Petite Figure » sont noirs, ainsi qu’il est écrit : « Ses cheveux sont noirs comme un corbeau », tandis que les cheveux de l’Ancien des temps sont blancs, ainsi qu’il est écrit : « Et les cheveux de sa tête étaient comme la laine la plus blanche et la plus pure » ? Les cheveux blancs deviennent noirs, quand la rigueur sévit.
La première parure embrasse mille mondes mystérieux et cachetés avec le cachet de l’anneau. Le nombre des mèches est de trente et un, nombre correspondant à la valeur numérique du mot « El ». Chaque mèche est composée de trois cents et quatre-vingt-dix cheveux. Dans le premier monde de la première partie existent des millions de chefs de la rigueur. Dans le second monde de la même parure, existent soixante-quinze mille degrés de rigueur. Enfin, dans le troisième monde de la même parure existent quatre-vingt-seize mille chefs de gémissements. Une tradition nous apprend que, si l’Ancien sacré n’était pas orné de ces parures, tout ce qui existe n’aurait pas plus de valeur que s’il n’existait pas. Le reflet de la splendeur d’en haut n’apparaît ici-bas qu’autant [132b] que les treize parures brillent ensemble. C’est dans ce nombre treize qu’on trouve la figure du Roi ancien, le plus glorieux de tout ce qui existe. Le Grand Prêtre d’en haut est orné de treize parures, alors que le grand prêtre d’ici-bas n’est orné que de huit parures (les huit habits sacerdotaux). Rabbi Siméon dit à Rabbi Isaac : tu es digne de parler des parures de l’Ancien des temps. Heureux ton sort et heureux aussi notre sort dans le monde futur !
La seconde parure est formée par les poils de la barbe allant d’une commissure des lèvres à l’autre en faisant le tour du menton. Rabbi Siméon dit à Rabbi Hizqiya : Lève-toi et rends hommage aux parures de la Barbe sacrée. Rabbi Hizqiya commença à parler ainsi : « Je suis à mon bien-aimé, et son désir est concentré sur moi. » Qui est cause que je suis à mon bien-aimé ? L’Écriture répond : « Son désir est concentré sur moi. » Et c’est à cause de cela que je suis à lui. J’ai vu une fois la lumière glorieuse de la « Lampe Suprême » s’élever en trois cent vingt-cinq régions. Une colonne de ténèbres se plongea dans cette lumière, comme un homme se plonge dans l’eau d’une rivière profonde, et j’ai vu cette lumière émerger au bord de la mer profonde d’en haut ; c’est la Porte qui ouvre toutes les portes agréables et glorieuses. Je demandai à ces portes l’explication de ce que je venais de voir ; et elles m’ont répondu : tu as vu Celui qui « efface l’iniquité ». Je me trouvais dans une région où apparut la seconde parure. Rabbi Siméon lui dit : en ce moment, le monde reçoit le baume céleste. Sois béni, Rabbi Hizqiya, par l’Ancien des anciens. Rabbi Siméon s’écria : Écoutez, collègues, vous tous qui êtes des « Lampes » : je jure par les cieux supérieurs et par la terre sacrée d’en haut que j’ai vu maintenant des choses que nul homme n’a encore vues à partir du jour où Moïse remonta pour la seconde fois sur la montagne de Sinaï ; je viens de voir le Visage de l’Ancien des temps resplendissant comme le soleil et destiné à guérir le monde, ainsi qu’il est écrit : « Le soleil de Justice se lèvera pour vous qui avez une crainte pour mon nom, et vous trouverez votre guérison sous ses ailes. » En outre, moi je sais que mon visage luit, tandis que Moïse ne le savait pas, ainsi qu’il est écrit : « Et Moïse ne savait pas que son visage luisait de l’entretien qu’il avait eu avec le Seigneur. » Toute parole qui sort de vos bouches monte en haut et se transforme en une couronne sacrée faisant la parure de l’Ancien des temps. Hâtez-vous, collègues saints, d’exposer les parures de l’Ancien des temps, car cette parure ne sera visible que lors de la venue du Roi Messie. Lève-toi, Rabbi Hizqiya, pour la seconde fois, et explique-nous la troisième parure. À peine Rabbi Hizqiya s’était-il levé qu’une voix céleste retentit faisant entendre ces paroles : Un seul ange ne doit pas accomplir deux missions… (Donc Rabbi Hizqiya non plus n’avait le droit de parier deux fois de suite.)
Rabbi Siméon s’irrita et s’écria : en effet, que chacun s’assoie à sa place, et moi et mon fils, Rabbi Éléazar, et Rabbi Abba, nous achèverons la description de la perfection suprême. Lève-toi, Rabbi Hiyâ. Celui-ci se leva et commença à parler ainsi : « Je lui dis : ah ! ah ! ah ! Seigneur Dieu ; tu vois que je ne sais pas parler, parce que je ne suis qu’un enfant. » Comment ! Jérémie ne savait pas parler ! Il avait pourtant déjà prononcé et énoncé tant d’autres paroles auparavant ! Qu’à Dieu ne plaise d’admettre un mensonge dans la bouche de Jérémie ; mais il y a une différence entre parler « daber », et dire « amar ». Pour « dire », on n’a pas besoin d’élever la voix [133a] tandis que, pour « parler », on a besoin d’élever la voix, ainsi qu’il est écrit : « Dieu parla. » Et nous avons appris que tout l’univers tremblait en entendant le Décalogue. De même, ici, Jérémie dit : je ne sais pas parler, c’est-à-dire : je ne suis pas inspiré par l’Esprit Saint pour pouvoir parler au monde. Pour Moïse, l’Écriture emploie le mot « daber » (parler) : « Et Dieu parla à Moïse. » Dieu « parlait » à Moïse à haute voix, et il ne tremblait pas, tandis que les autres prophètes tremblaient, même quand la parole divine leur était révélée à voix basse.
Plus de textes du Zohar :
- Préliminaires au Zohar ;
- Zohar II, folio 123b – 126a ;
- Traité des Palais de Zohar II – folio 244a à 269a ;
- Zohar I. 1a – 2b – Genèse ;
- Zohar II. 278b – 296a – Tossaphoth ;
- L’Idra de Maskhanah – Zohar II 122b à 123b ;
- Siphra di-Zenioutha – Zohar II 176b-179a ;
- Idra Zouta Kadisha – Zohar III, 287B à 296B.
Plus sur le sujet :
Idra Rabba Kadisha 1. Le Zohar, traduction de Jean de Pauly, éditions Maisonneuve & Larose.