Judas ou les Conditions de la Rédemption 2

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Judas ou les Conditions de la Rédemption 2 (seconde partie) par Jean Pierre Bonnerot.

Le mystĂšre de la sainte communion de Judas s’inscrit dans une thĂ©ologie du tĂ©moignage, car si le Christ a vĂ©cu toutes les situations humaines, les ApĂŽtres ont rĂ©sumĂ© et tĂ©moignĂ© chacun dans des domaines particuliers, toutes ces mĂȘmes situations, humaines, et si notamment – sans n’ĂȘtre que cela -, Pierre reprĂ©sente l’ecclĂ©sia de ceux qui, un temps, reniĂšrent le Christ, Paul reprĂ©sente l’Ă©glise de la conversion, Matthias ceux qui seront appelĂ©s aprĂšs la RĂ©vĂ©lation des oeuvres divines, Judas est notamment l’expression de cette ecclĂ©sia du dĂ©sespoir, dont on ne peut douter que les membres soient sauvĂ©s, Thomas l’Église du doute, et ainsi de suite; chaque ApĂŽtre rĂ©capitulant un type de notre humanitĂ©.

Pour qu’il soit permis Ă  Judas de connaĂźtre le dĂ©sespoir, il convenait que le Christ, par avance, lave le clichĂ©, – au sens oĂč ce terme est entendu dans le vocabulaire de l’Ă©sotĂ©risme chrĂ©tien -, lorsqu’il priait Ă  GethsĂ©mani, la face contre terre. Il importe toutefois de prĂ©ciser que si le Christ n’avait pas besoin de tomber sur le chemin du calvaire, il n’avait pas connu, au sens oĂč l’homme l’entend, le dĂ©sespoir : Monsieur Philippe a dĂ©clarĂ© : « Le passage de l’Évangile oĂč il est dit que JĂ©sus fut dĂ©sespĂ©rĂ© est mal interprĂ©tĂ©. La tristesse a pu entrer dans son Ăąme Ă  un certain moment, comme elle prend toutes les grandes Ăąmes qui viennent ici, mais Il n’a jamais dĂ©sespĂ©rĂ©. S’il y avait eu dĂ©sespoir, il y aurait eu doute et le Christ ne pouvait douter. Il n’a jamais priĂ© que cette coupe s’Ă©loigne de Lui, mais Il a demandĂ© que le sang versait servit Ă  l’humanitĂ© entiĂšre ». (23)

 Cette conscience du Salut Universel, et l’Église Gnostique Apostolique en sa Divine Liturgie, la possĂšde, et si dans le cadre de notre Ă©tude sur Le Prologue de Saint-Jean dans la Tradition chrĂ©tienne et l’exĂ©gĂšse scripturaire nous en avons offert des exemples (17), il convient encore de citer cet autre, quant Ă  la priĂšre du cĂ©lĂ©brant, lors de l’Ă©lĂ©vation du pain, Ă  l’Offertoire : « Recevez PĂšre Saint, Dieu Ă©ternel et tout puissant, cette offrande sans tĂąche, que moi votre indigne serviteur, je vous prĂ©sente Ă  Vous Mon Dieu, vivant et vrai. Je vous l’offre pour mes pĂ©chĂ©s, offenses et nĂ©gligences sans nombre, pour tous ceux qui m’entourent, pour tous les FidĂšles vivants et morts, et pour toutes les intentions de cette Divine Liturgie : Qu’elle serve au Salut Universel et au mien, pour la vie Eternelle. Amen ». (15)

Le problĂšme de la libertĂ© est fort complexe : n’en dĂ©plaise aux PĂšres de l’Église et Ă  OrigĂšne notamment – qui traitera longuement du libre arbitre en sa Philocalie -, Monsieur Philippe dĂ©clarait par exemple : « L’homme est libre d’accepter ou de refuser un clichĂ©. Mais cette libertĂ© est relative, et le rĂ©sultat final est toujours lĂ . S’il refuse le clichĂ© du mal, il subira quand mĂȘme la souffrance comme s’il l’avait reçue. Ce n’est pas la vraie libertĂ©. Celui-lĂ  seul est libre qui peut faire tout ce qu’il veut sans rendre de compte Ă  personne ». (24)

Avant de conclure provisoirement sur ce problĂšme de la libertĂ©, il convient de rĂ©flĂ©chir sur le mystĂšre des noms de Judas et Matthias, et de ne pas oublier le dialogue du Christ avec l’Ăąme privilĂ©giĂ©e que fut soeur JosĂ©pha MĂ©nendez.

Judas est un prĂ©destinĂ©, son nom pourrait bien provenir de Yehud’el, Dieu soit louĂ©, et c’est par Judas, que s’accomplira non seulement la glorification du Fils de l’Homme, mais le scĂ©nario qui permettra notre RĂ©demption.

Par ailleurs, il est dans l’Ancien Testament un Judas appelĂ© le MaccabĂ©e, troisiĂšme Fils du prĂȘtre Matthatias (I MaccabĂ©es II, 4), autrement dit Matthias…, et parmi ses nombreuses actions que relatent les deux livres des MaccabĂ©es, il procĂšde Ă  la purification du temple et dĂ©dicace un nouvel autel, et de cet Ă©pisode, que relate I MaccabĂ©es IV, 36-61, il convient de mĂ©diter ces versets : « Puis ils dĂ©libĂ©rĂšrent au sujet de l’Autel de l’holocauste qui avait Ă©tĂ© profanĂ©, pour savoir ce qu’ils en feraient ; ils prirent l’heureuse dĂ©cision de la dĂ©truire de peur qu’il ne leur devĂźnt un opprobre, du fait que les gentils l’avaient souillĂ©. Ils dĂ©truisirent l’Autel et ils dĂ©posĂšrent les pierres sur la Montagne de la Maison, dans un endroit convenable, en attendant que vĂźnt un prophĂšte qui donnerait une rĂ©ponse Ă  leur sujet. Ils prirent des pierres intactes, conformĂ©ment Ă  la Loi et ils construisirent un nouvel Autel, conforme au prĂ©cĂ©dent ».

Judas le MaccabĂ©e dĂ©truit l’Autel et dĂ©pose les pierres en attendant que vienne un prophĂšte qui dirait, par son tĂ©moignage, ce que deviendraient les anciennes fondations ; cette actualisation sera vĂ©cue par Judas Iscariote dĂ©truisant apparemment le temple qu’est le Christ et de par son action, il participera Ă  la RĂ©demption du monde puisqu’il permettra que le temple soit reconstruit aprĂšs trois jours : par la mort et la rĂ©surrection du Christ, les anciennes ou symboliques pierres de l’ancien temple connaissent alors la RĂ©demption, car elles symbolisent la crĂ©ation, et il convient de ne pas oublier cette parole du sauveur : « DĂ©truisez ce temple, rĂ©pondit-il, et en trois jours je le relĂšverai ». (Jean II, 19). Avant d’aller plus outre, il convient de noter ce ton, qui s’assimile Ă  un ordre !

Le mystĂšre de l’obĂ©issance, de la soumission Ă  la VolontĂ© divine, Soeur JosĂ©pha Menendez l’a vĂ©cu, et n’est pas sans rappeler la priĂšre de Judas Ă©voquĂ©e par Pagnol et surtout cette rĂ©ponse de l’ApĂŽtre Ă  Pierre : « … Si j’avais su ! … J’aurais reniĂ© les prophĂštes, j’aurais refusĂ© la mission, et dans le grenier de mon pĂšre j’aurais cachĂ© la lumiĂšre du monde… » (25).

Mais Judas s’est soumis, comme JosĂ©pha se soumettra, lorsqu’elle dĂ©clarera : « … Mon Dieu ! si j’avais su, je ne serais pas venue ici ! Cette idĂ©e me tourmente, car je crois que si j’Ă©tais restĂ©e dans le monde, rien de tout cela ne serait arrivĂ© et chaque jour mon angoisse augmente Ă  ce sujet. Je retournerais sĂ»rement en arriĂšre si Dieu ne me tenait attachĂ©e Ă  Lui. Mais je me sens liĂ©e d’une maniĂšre incomprĂ©hensible et l’amour de ma vocation grandit en moi ». (26)

Sans cesse, durant l’Ă©preuve du doute, JosĂ©pha entend le Christ lui dire : « Pourquoi crains-tu ? me dit sa voix ne sais-tu pas que c’est ici le lieu de ton repos… N’oublie pas que je te veux victime de mon Amour ». (27)

JosĂ©pha reprĂ©sente un tĂ©moignage d’autant plus intĂ©ressant qu’elle s’est assimilĂ©e Ă  Judas, dans ces propos que cite Christoflour, et que nous n’avons pas immĂ©diatement retrouvĂ©s dans son Message : « Seigneur, je vous aime. Mais je vous en prie, laissez-moi dans ces grĂąces. Je vous trahirais. Je les perdrais. Et tant d’autres en profiteraient ! »

« Aime et ne crains rien. Je veux ce que tu ne veux pas. Mais je peux ce que tu ne pourras pas. Il ne t’appartient pas de choisir, mais de t’abandonner. » (8)

Judas, comme Soeur JosĂ©pha, comme tous les missionnĂ©s dans le domaine spirituel, ont acceptĂ© la VolontĂ© de Dieu, et c’est lĂ  que rĂ©side l’expression fondamentale de la Communion.

 *

* *

 II – Judas est troublĂ© en son esprit

À l’occasion de la lecture de Jean XIII, 18-29 oĂč JĂ©sus annonce la ‘trahison’ de Judas, – passage de l’Évangile que Jean Chrysostome traduit par ces termes : « JĂ©sus en le voyant se troubla et dit Ă  ses apĂŽtres : un de vous doit me trahir » (29) JĂ©sus est troublĂ© en son esprit.

Il est au moins deux autres Ă©pisodes oĂč JĂ©sus se trouve troublĂ© intĂ©rieurement, et l’examen de ces trois situations va nous permettre de comprendre le sens que l’on doit percevoir Ă  l’Ă©gard de ce trouble ressenti par le Sauveur.

Alors que Lazare est mort, celui qui Ă©tait le FrĂšre de Marthe et de Marie, voyant les deux femmes et les juifs se lamenter, JĂ©sus, « frĂ©mit en lui-mĂȘme et se troubla intĂ©rieurement ; puis oĂč l’avez-vous mis ? » dit-il. « Seigneur viens et vois ! » rĂ©pondirent-ils. Et JĂ©sus pleura ». (Jean XI, 33-36).

Puis il ressuscita Lazare dont le nom venant d’ElĂ©azar, El’azar, signifie Dieu a secouru…

– Le lundi Saint, JĂ©sus dĂ©clare Ă  AndrĂ© et Philippe : « L’heure est venue que soit glorifiĂ© le Fils de l’Homme. En vĂ©ritĂ©, en vĂ©ritĂ©, je vous dis : si le grain de Froment tombĂ© sur la terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte un fruit abondant. Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie en ce monde, la gardera pour une vie sans fin. Si quelqu’un est mon serviteur ; si quelqu’un me sert, le PĂšre l’honorera. Maintenant mon Ăąme est troublĂ©e. Et que dirais-je ? PĂšre, sauve-moi de cette heure ! Mais c’est pour cela que je suis venu : pour cette heure ! PĂšre glorifie ton nom ! Et la voix vint du ciel : Je l’ai glorifiĂ© et je le glorifierai de nouveau. La foule qui Ă©tait lĂ  debout, ayant entendu, disait que c’Ă©tait un coup de tonnerre, et d’autres : un ange lui a parlĂ©. JĂ©sus rĂ©pondit : Ce n’est pas pour moi que cette voix s’est fait entendre ; mais pour vous ». (Jean XII, 23-31)

 A. La glorification comme tĂ©moignage

1. À l’occasion de la rĂ©surrection de Lazare, JĂ©sus manifeste la gloire de Dieu en disant Ă  Marthe : « Ne t’ai-je pas dit, rĂ©pond JĂ©sus, que si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ». (Jean XI, 40)

2. À l’occasion de la rĂ©ponse du Christ Ă  AndrĂ© et Philippe, une voix vient du ciel : « Je l’ai glorifiĂ© et je le glorifierai de nouveau ». (Jean XII, 28)

3. À l’occasion de l’annonce, le Jeudi Saint, selon lequel Judas devait livrer le Fils de l’Homme, alors que l’ApĂŽtre s’en Ă©tait allĂ© pour accomplir l’oeuvre dont il avait la charge, JĂ©sus ajoute : « Maintenant le Fils de l’Homme a Ă©tĂ© glorifiĂ©, et Dieu a Ă©tĂ© glorifiĂ© en Lui ». (Jean XIII, 31)

Dans le cadre de nos travaux antĂ©rieurs, particuliĂšrement en notre Ă©tude sur Satan (13), nous avons montrĂ© que la manifestation de la gloire de Dieu – qui conclut alors les trois manifestations de Satan – est le signe que le Christ a vaincu le monde ! Une fois de plus nous en avons la preuve par ces trois situations :

 1. La rĂ©surrection de Lazare comme promesse de notre rĂ©surrection.

 2. La rĂ©ponse du Christ Ă  AndrĂ© et Philippe, comme tĂ©moignage, pour notre Foi, du motif de l’Incarnation du Fils : Sa mort et Sa rĂ©surrection.

 3. Le discours de JĂ©sus lors de la CĂšne, comme tĂ©moignage selon lequel il fallait que le Fils de l’Homme fut livrĂ© pour accomplir l’oeuvre de RĂ©demption : « Car le Fils de l’Homme doit passer par ce qui a Ă©tĂ© Ă©tabli ». (Luc XXII, 22).

 Il existe une progression dans le scĂ©nario de ces trois situations, dont les deux premiĂšres ont pour vocation d’asseoir puis de consolider notre Foi, et la troisiĂšme, d’actualiser le contenu de celle-ci :

 1. La rĂ©surrection de Lazare relĂšve de la thĂ©ologie des miracles rĂ©alisĂ©s dans l’Évangile par le Sauveur en ce qu’ils entraĂźnent des conversions et prouvent que JĂ©sus-christ a en Lui la Puissance du PĂšre et qu’Il est Dieu : « PĂšre, je te rends grĂące de ce que tu m’as exaucĂ©. Moi je savais que toujours tu m’exauces ; mais j’ai dit cela pour cette foule qui est lĂ  tout autour, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyĂ© ». (Jean XI, 41-43)

 2. S’il semble que cela soit Ă  AndrĂ© et Philippe que s’adresse la voix qui rend tĂ©moignage, c’est en faveur de toute la CrĂ©ation qu’elle se manifeste, de telle sorte que la foi de ceux qui douteraient encore, reçoive en toute libertĂ© des Ă©lĂ©ments qui la puisse s’affermir : « La lumiĂšre est au milieu de vous pour un peu de temps encore. Marchez pendant que vous avez la LumiĂšre, afin que les tĂ©nĂšbres ne vous prennent pas en faute ; car celui qui marche dans les tĂ©nĂšbres ne sait pas oĂč il va. Tandis que vous avez la LumiĂšre croyez Ă  La LumiĂšre, afin que vous deveniez des Fils de lumiĂšre ». (Jean XII, 35-36)

 3. Le discours de JĂ©sus lors de la CĂšne accomplit les bases de la Foi en ce que le Fils de l’Homme s’est incarnĂ© pour rĂ©parer la trahison du couple primitif, Adam et Eve qui avaient refusĂ© la vie divine, et Judas a pris sur lui, lui l’ApĂŽtre, toute la trahison de l’humanitĂ© qu’il reprĂ©sentait, pour actualiser dans ce scĂ©nario, le pĂ©chĂ© de nos premiers parents : « Il s’est manifestĂ© une fois pour toutes afin d’abolir les pĂ©chĂ©s par Son sacrifice ». (HĂ©breux IX, 26)

 Parmi les ApĂŽtres, qui pouvait ĂȘtre mieux dĂ©signĂ© que le TrĂ©sorier, celui qui Ă©tait le trĂ©sorier au service de JĂ©sus et de la communautĂ©, pour rendre au Sauveur les comptes terrestres, les comptes des hommes qui justifiaient l’Incarnation ?

 Judas en venant reconnaĂźtre JĂ©sus, est venu, comme TrĂ©sorier de l’humanitĂ©, rendre ses comptes Ă  Son MaĂźtre, et lui livrer toute la trahison de l’humanitĂ© !

Judas ou les Conditions de la Rédemption 2

Giotto, ScĂšnes de la vie du Christ : la trahison de Judas. 1304-1306.

 B. Les raisons du trouble de JĂ©sus

 JĂ©sus n’est pas troublĂ© pour lui-mĂȘme : le Fils de l’Homme est troublĂ© du manque de Foi !

 Le manque de Foi peut s’analyser dans le cadre des trois Ă©pisodes que nous Ă©voquons :

 1. A l’occasion du dĂ©cĂšs de Lazare, Ă  Marthe une premiĂšre fois le Christ dit : « Ton frĂšre ressuscitera, lui dit JĂ©sus. Je sais reprit Marthe, qu’il ressuscitera Ă  la RĂ©surrection, au dernier jour ». (Jean XI, 23-25) et JĂ©sus quelques instants plus tard s’approche de Marie : « Lorsqu’il la vit se lamenter et les Juifs venus avec elle se lamenter aussi » (Jean XI, 33) ; parce qu’il y avait ces pleurs et Ă  l’inverse de Marthe de ce fait, un manque de Foi, en la rĂ©surrection Ă  venir, le Christ donc « se troubla intĂ©rieurement » : ces gens ne vivaient pas cette adresse, de Jacques I, 2 : « Ne voyez que joie, mes frĂšres, dans les diverses Ă©preuves que vous rencontrez ».

 2. À l’occasion de sa rĂ©ponse Ă  AndrĂ© et Philippe, JĂ©sus qui est troublĂ© en ce qu’Il constate le manque de Foi de la foule qui l’interrogea, comme le relate la suite de cet Ă©pisode en Jean XII, 31-37, amĂšne l’ApĂŽtre Ă  conclure : « Ainsi parla JĂ©sus, et, s’en allant, il disparut pour eux. MalgrĂ© les signes Ă©clatants qu’Il avait opĂ©rĂ©s pour eux, ils ne croyaient pas en Lui ». (Jean XII, 36-38).

 3. À l’occasion de la CĂšne JĂ©sus constate le manque de Foi de ses disciples en ce fait qu’alors que la Sainte CĂšne actualise le Sacrifice du Calvaire, alors que Marie-Madeleine, le premier jour de la semaine, revenait du tombeau annoncer la rĂ©surrection du Christ, parce qu’elle l’avait vu, ceux-ci ne la crurent pas : « Celle-ci passa l’annoncer Ă  ceux qui avaient Ă©tĂ© avec Lui et qui faisaient deuil et pleuraient. Mais quand ceux-ci entendirent qu’Il vivait et qu’Il avait Ă©tĂ© vu par elle, ils se mĂ©fiĂšrent ». (Marc XVI, 10-12).

 Il y aura en outre un manque de Foi sur le MystĂšre Eucharistique qui justifiera – au niveau de la communautĂ© – ce rappel de l’ApĂŽtre : « … car celui qui mange et boit indignement mange et boit sa condamnation, en ne discernant pas le corps du Seigneur ». (I. Corinthiens XI, 27).

 *

* *

Le trouble de JĂ©sus qui s’accompagne de larmes en ce qui concerne l’Ă©pisode sur la rĂ©surrection de Lazare – dans cet Ă©pisode semble-t-il uniquement -, est Ă  relier Ă  ce tĂ©moignage de Soeur Marie AimĂ©e de JĂ©sus qui dĂ©clarait que le Christ lors de son arrestation, regarda Judas avec des yeux pleins de larmes. (30)

Le sens des larmes que l’on peut dĂ©couvrir dans les Psaumes, vient confirmer notre comprĂ©hension du trouble de JĂ©sus-christ, lorsqu’il est dit :

« Mais yeux ruissellent de larmes parce qu’on n’observe pas ta Loi ». (Ps. CXIX, 136).

Or, nous savons que la Loi, c’est la crĂ©ation (31) et nous ne reviendrons pas sur ce point : JĂ©sus est troublĂ© parce que l’homme manque de Foi, il n’observe pas la Loi Divine qui est la CrĂ©ation en tout son devenir, et puisque la CrĂ©ation, c’est aussi la LumiĂšre, en refusant la Foi, les hommes ont provisoirement refusĂ© Dieu, car : « Ce qui est venu dans le monde c’est la LumiĂšre et les hommes ont mieux aimĂ© la TĂ©nĂšbre que la LumiĂšre, parce que leurs oeuvres Ă©taient mauvaises ». (Jean III, 19)

Lire la suite de cet article : Judas ou les Conditions de la Rédemption [3].

Revenir à la premiÚre partie de cet article : Judas ou les Conditions de la Rédemption [1].

Judas ou les Conditions de la RĂ©demption 2, Jean-Pierre Bonnerot. Paru dans « Cahiers des Études Cathares », hiver 1984, N° 104. Cet article a Ă©tĂ© publiĂ© avec l’aimable autorisation de son auteur, Jean-Pierre Bonnerot, pour le site EzoOccult. ©Jean-Pierre Bonnerot, tous droits de reproduction interdits.

Illustration : GO69 [CC BY-SA 3.0], via Wikimedia Commons

Notes :

(1) Giovanni Papini : Histoire du Christ. Paris, Payot Ed, 1923, page 253.

(2) Alfred Haehl : Vie et Paroles du MaĂźtre Philippe. Lyon, Paul Derain, Ed, 1959, page 100. Nlle Ed. Paris Dervy Livres, pour un accĂšs plus aisĂ©.

(3) Marcel Pagnol : Judas. Monte-Carlo, Editions Pastorelly, 1975, page 23.Lorsque nous citerons ce texte, nous userons en principe de l’Ă©dition originale (sauf avis contraire) publiĂ©e chez Grasset en 1956.

(4) Livre des Deux Principes. Paris, Ed du Cerf, 1973, Coll Sources ChrĂ©tiennes n°198. Du Libre Arbitre, § 63, page 401. Sur le problĂšme du manichĂ©isme Ă©tranger Ă  la philosophie cathare confer notre Ă©tude sur le Prologue de Jean, particuliĂšrement notre rĂ©flexion sur le verset 3 et 4.

(5) Claude Jean-Nesmy : la Tradition mĂ©dite le Psautier ChrĂ©tien. Paris, Editions TĂ©qui, 1973,Tome 1, page 176.

(6) OrigĂšne : Contre Celse II, § 11. Paris Ed du Cerf, 1967, Coll Sources ChrĂ©tiennes n°132 ,page 311.

(7) Paul Reboux : La vie secrĂšte et publique de JĂ©sus-Christ. Son voyage au Tibet. Paris, Editions Niclaus, 1955, page 200.

(8) Charles Guignebert : JĂ©sus. Paris, Albin Michel Ed, Coll l’Evolution de l’humanitĂ©, n° 12, 1969, page 621, note n° 1273.

(9) Georges Aubre : Cet homme nommĂ© Judas. Paris, la Colombe Ed, 1961, page 145.

(10) Anne-Catherine Emmerich : La Douloureuse Passion de Notre Seigneur JĂ©sus-Christ. Paris, Librairie Pierre TĂ©qui, 1942, page 134.

(11) Ibid, page 134.

(12) Alfred Haehl : Op citĂ©, page 100.

(13) Jean-Pierre Bonnerot : Satan, Lucifer, le Principe de ce monde et les dĂ©mons dans la tradition chrĂ©tienne de l’exĂ©gĂšse scripturaireCahiers d’Etudes Cathares n° 96. Ne revenant pas sur ces dĂ©tails fondamentaux pour ne pas allonger ce travail, le chercheur est renvoyĂ© pour une bonne comprĂ©hension de cette prĂ©sente Ă©tude Ă  lire obligatoirement cette prĂ©cĂ©dente Ă©tude.

(14) Alfred Haehl : Op citĂ©, page 100.

(15) Nous remercions Sa BĂ©atitude Tau IrĂ©nĂ©e II, de nous avoir communiquĂ© le texte de la Sainte Messe en usage dans l’Eglise Gnostique Apostolique.

(16) Didyme l’Aveugle : Sur Zacharie Livre VI 313. Paris, Ed du Cerf, 1962, Coll Sources ChrĂ©tiennes n°85, page 965.

(17) Confer notre Ă©tude prĂ©cĂ©dente publiĂ©e dans les Cahiers d’Etudes Cathares : le Prologue de Saint-Jean dans la Tradition ChrĂ©tienne et l’exĂ©gĂšse scripturaire.

(18) Fabre des Essarts : Le Christ Sauveur. Paris, BibliothĂšque Chacornac Ed, 1907, pages 43 et 44.

(19) Confer notre Ă©tude dans les Cahiers d’Etudes Cathares n°98 : Consolamentum, RĂ©incarnation et Ă©volution spirituelle dans le Catharisme et le Christianisme originel, particuliĂšrement ce qui touche le mystĂšre de la conversion et la situation de Paul.

(20) Alfred Haehl : Op citĂ©, page 99.

(21) Marcel Pagnol : Judas. Paris, Grasset Ed, 1956, pages 230 Ă  233.

(22) Ibid, page 234.

(23) Alfred Haehl : Op cité, page 99.

(24) Ibid, page 137.

(25) Marcel Pagnol : Op cité, page 227.

(26) JosĂ©pha MĂ©nendez : Un appel Ă  l’Amour. Le Message du coeur de JĂ©sus au monde. Toulouse, Ed de l’Apostolat et de la PriĂšre, 1944, page 85.

(27) Ibid, page 84.

(28) Raymond Christoflour : Signes et Messages pour notre temps. Paris Buchet CHASTEL Ed, 1958, page 222.

(29) Jean Chrysostome : Homélies sur la trahison de Judas. DeuxiÚme Homélie : Oeuvres complÚtes, Bar-le-Duc, L. Guérin Ed, 1864, tome 3, page 199. Nous signalons le « doit » que nous retrouvons en Luc XXII, 22, qui implique une obligation et non une simple prophétie.

(30) Marie-AimĂ©e de JĂ©sus : N-S JĂ©sus-Christ Ă©tudiĂ© dans le Saint-Evangile, Sa vie dans l’Ăąme fidĂšle. Paris, Carmel de l’Avenue de Saxe Ed, 1914, tome 6 page 102.

(31) Confer notre Ă©tude sur le Prologue de Saint-Jean, mais surtout de l’Ă©minent kabbaliste : Emmanuel Levyne : Lettre d’un kabbaliste Ă  un rabbin. Loi et CrĂ©ation. Paris, Tsedek Ed, 1978.

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