Quelques réflexions sur le péché originel par Spartakus FreeMann. La Tentation, quel terme maudit nous avons là ! Que de reproches à nos Sœurs, Femmes, Filles, Épouses, Amantes n’avons-nous eu à lire et à entendre suite à cette « affaire » biblique. Pour la majorité des croyants, la tentation, le jeu subtil de questions et de réponses, entre Isha (elle n’est pas encore Eve à ce moment) et le Serpent n’est qu’une action du « mal », du « démon », du « diable » afin de causer la Chute – encore un terme maléficié – d’Adam.
Dans le Jardin, l’homme n’était pas encore accompli, il jouait le rôle de serviteur, même s’il était couronné en tant que maître de la Création (c’est lui qui a nommé tous les animaux dans le Jardin et selon l’antique Tradition, celui qui nomme une chose est maître de cette chose).
Nous pourrions revenir sur les différentes erreurs de traduction de nos Bibles actuelles mais nous ne voulons pas entrer dans le domaine de la linguistique, nous ne donnerons que l’exemple de la « pomme », la fameuse pomme que Isha mangea et donna à Adam son Époux : dans nos traductions, nous lisons « pomme » car c’est la traduction du mot latin « malum ». Or, le texte hébreu original dit seulement « fruit » de l’arbre et non pomme – « Et la femme vit que l’arbre était bon à manger et un délice pour les yeux et agréable aussi pour développer l’intelligence, et elle prit de son FRUIT (mipiryio – de son fruit) et en mangea et donna également à son compagnon avec elle, et il mangea » (Genèse 3, 6). Pas de pomme, mais un fruit qui est le fruit de l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal, non pas du Bien ou du Mal, mais des deux en une unité totale, on ne peut connaître l’un sans expérimenter l’autre (et d’ailleurs, le plus beau symbole de ceci nous est donné par le Tao). Le jeu de mot en latin n’est toutefois pas innocent, car en latin « malum » désigne également le « mal » ! On voit directement la portée de la traduction qui induit un jugement moral à l’acte de Isha. Que de mauvaises choses purent découler de ce travestissement du Texte !
Qui est Eve dans le Jardin d’Éden ? Eve n’est pas Eve contrairement au mythe chrétien habituellement dit lors des enseignements ou catéchismes. Elle est « Isha » (Aleph Shin He), la Femme sans plus, elle n’est pas « ishto » dans cette partie du récit, c’est-à-dire « femme de », elle est la Femme tout simplement, l’archétype féminin éternel. Adam est l’Ish (Aleph Yod Shin), l’homme. Il est important de noter que Ish et Isha ne dérivent pas de la même racine hébraïque ! La Femme n’est donc pas un dérivé de l’Homme ou vice-versa, ils sont deux êtres autonomes, interdépendants, mais distincts. Isha, comme nous l’avons écrit ailleurs, est LA Feu, en son nom il y a Esh (Aleph Shin), le Feu avec le He, article mais aussi le Souffle. La Femme est le Feu qui Souffle, le Feu de vie. La Femme, la « Brûlante ».
Il est à noter que la Bible ne dit jamais que la Femme est exilée de l’Éden. Seul l’Adam est exilé !
Mais laissons la parole à Paul Nothomb, Eve dans le Jardin, éditions Phébus : « L’Adam Un et multiple de l’origine « conçu » par Dieu entièrement libre et doué de pouvoirs démiurgiques décide de se séparer de sa part féminine qui lui est consubstantielle, mais pas assez soumise à son gré. Il invente la Femme pour la dominer. Ce faisant il se vide de sa substance et s’effondre. C’est la « Chute », la vraie, dans la « adama » contre laquelle Dieu l’a mis en garde.
La Femme, devenue autonome, invente l’amour pour ne pas se venger et abandonner le malheureux à son triste sort.
D’autant qu’au cours de leur bref contact, il a su toucher, quoique endormie, son cœur et ses sens. Bravant l’interdit divin concernant l’Arbre de l’Omniscience, elle en mange et associe son compagnon expirant à sa transgression délibérée mais mineure au regard de celle de l’Adam désormais déchu à commise. Dans un dernier sursaut il l’appelle la « vivante ». La vivante intégrale. « Car elle sera la mère de tous les vivants » mortels que nous sommes dans la condition humaine, lui passant ainsi le flambeau de l’avenir de l’humanité qui grâce à elle et par le détour des générations, retrouvera peut-être l’intégrité et l’immortalité de son origine, comme Dieu le lui laisse espérer, en condamnant l’Adam seul à l’exclusion de la Femme, qui n’est pas chassée de l’Éden, où l’attend l’Arbre de Vie.
Ainsi, le récit biblique du mythe de l’Éden, loin de stigmatiser la Femme comme pécheresse et responsable de la perte de l’Humanité, la glorifie comme son recours possible contre la mort définitive, où l’a précipitée la « chute » catastrophique de l’Adam dans la « adama » ».
Plus sur le sujet :
Quelques réflexions sur le péché originel, Spartakus FreeMann, 2005.
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