La Monade Hiéroglyphique de John Dee

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La Monade Hiéroglyphique par John Dee. 

Nous présentons ici la Monade Hiéroglyphique de John Dee, traduction de Grillot de Givry parue aux éditions Chacornac en 1925. Ce texte est un incontournable de la culture hermétique et en ce sens nous espérons que le lecteur y trouvera de nombreuses sources de questionnements et de réflexions. La lecture de ce traité peut-être multiple : alchimique, théosophique ou même magique selon certains.

La Monas Hieroglyphica, composée à Londres, et terminée en 1564 à Anvers par le Dr John Dee, astrologue de la reine Élisabeth, est un petit traité qui enseigne comment l’hiéroglyphe mercuriel dérive du point central ou iod générateur.

Nous l’avons reproduit intégralement avec sa belle préface à Maximilien II.

Nous avons seulement omis l’avertissement de la première édition au typographe Guillaume Silvius, dans lequel John Dee recommande à celui-ci d’apporter un soin exquis à la composition de son livre et principalement à la reproduction des figures qui l’illustrent, puis de n’en point délivrer d’exemplaires aux gens du vulgaire (promiscuo hominum generi), qui pouvaient en faire mauvais usage.

Ces pages eussent été superflues aujourd’hui. Outre que Silvius a très imparfaitement obéi à la première de ces monitions, puisque toutes les éditions de la Monade sont déshonorées par des figures ignobles, inexactes, que pour la première fois nous avons reconstituées scrupuleusement suivant la pensée même de l’auteur, et conformément au texte, la seconde est d’une observation trop difficile pour pouvoir conserver quelque autorité ; ces lignes étaient donc sans intérêt.

La présente traduction est la première qui existe en langue vulgaire. Nous avons vainement cherché au British Museum la trace d’une prétendue traduction anglaise signalée par l’Encyclopédie Britannique.

Dans les numéros 8, 9 et 12 de l’Initiation de 1893 a été publiée une sorte de paraphrase de la Monade Hiéroglyphique, signée Philophotes, et qui ne mérite pas le nom de traduction.

Grillot de Givry

La Monade Hiéroglyphique

THÉORÈME PREMIER

C’est par la ligne droite et le cercle que fut faite la première et la plus simple démonstration et représentation des choses, aussi bien non-existantes que cachées sous les voiles de la nature [1].

THÉORÈME II

Et ni le cercle sans la droite, et ni la droite sans le point ne peuvent être artificiellement produits. C’est donc par la vertu du point et de la monade que les choses ont commencé d’être, en principe. Et toutes celles qui sont affectées à la périphérie, quelque grandes qu’elles soient, ne peuvent, en aucune manière, manquer du secours du point central [2].

THÉORÈME III

Donc, le point central qu’on voit au centre de la Monade Hiéroglyphique se rapporte à la Terre, autour de laquelle, tant le Soleil que la Lune et les autres planètes accomplissent leurs cours. Pour cette raison, puis que le Soleil possède la suprême dignité, nous le représentons par un cercle complet et un centre visible.

THÉORÈME IV

Bien que l’hémicycle de la Lune soit comme supérieur et au-dessus du cercle solaire, cependant il reconnaît le Soleil comme son seigneur et roi ; et on voit qu’il se complaît tellement en sa forme et sa proximité, qu’il rivalise avec lui par la grandeur (apparente aux hommes vulgaires) du semi-diamètre et qu’il reproduit toujours sa lumière ; enfin il désire tellement être imprégné des rayons solaires que, presque transformé en lui, il disparaît complètement du ciel jusqu’à ce que, quelques jours après, il apparaisse, comme nous l’avons représenté, sous une figure corniculée.

THÉORÈME V

Et je donne vraiment un complément au cercle solaire par le semi-cercle de la Lune. Du soir et du matin, il n’a été fait qu’un jour. Qu’il soit donc le premier, celui par qui a été faite la Lumière des Philosophes.

THÉORÈME VI

Nous voyons ici le Soleil et la Lune s’appuyer sur la croix rectiligne. Celle-ci peut signifier fort à propos, par raison hiéroglyphique, soit le Ternaire, soit le Quaternaire. Le Ternaire, en effet, par les deux droites et le point commun à toutes les deux, comme copulatif. Le Quaternaire par les quatre droites renfermant quatre angles droits. (Chacun de ces éléments répétés deux fois, alors s’offre à nous, secrétissimement, l’Octonaire, que je ne crois pas avoir été connu de nos prédécesseurs les Mages, et que tu considéreras très attentivement.) Le Ternaire magique des premiers Pères et des Sapients consistait en corps, esprit et âme. D’où nous avons ici le Septénaire primaire manifesté, c’est-à-dire par les deux droites et leur point commun, ce qui fait trois, et par les quatre droites que forme ce même point en séparant les deux premières.

THÉORÈME VII

Les éléments étant éloignés de leurs places habituelles, les parties homogènes disloquées de ceux-ci apprendront à l’homme expérimenté que c’est par des lignes droites qu’elles effectueront naturellement leur retour à ces mêmes places. Donc, il ne sera pas absurde de représenter le mystère des quatre éléments (en lesquels peut être réduite chacune des choses élémentées) par quatre droites s’éloignant en quatre sens contraires d’un point unique et indivisible. Ici tu remarqueras soigneusement que les géomètres enseignent que la Ligne est produite par le déplacement du Point ; nous avertissons qu’il doit en être de même ici pour une semblable raison, puisque nos lignes Elémentaires sont produites par une continuelle chute (comme un flux) de gouttelettes (stillae) (comme des points physiques) dans notre Magie mécanique.

THÉORÈME VIII

En outre, l’extension kabbalistique du quaternaire selon la formule de numération usitée (lorsque nous disons : Un, Deux, Trois et Quatre), présente en abrégé le DÉNAIRE. C’est pourquoi Pythagoras avait coutume de dire : 1, 2, 3 et 4 font dix. Ce n’est donc pas au hasard que la Croix Rectiligne (c’est-à-dire la vingt et unième lettre de l’Alphabet romain), étant considérée comme formée de quatre droites, a été prise par les plus anciens philosophes latins pour représenter le DÉNAIRE. De plus, le lieu est défini par cela même, où le TERNAIRE, conduisant sa force par le SEPTÉNAIRE, l’a placé [3].

THÉORÈME IX

On verra que tout ici convient parfaitement au SOLEIL et à la LUNE de notre MONADE, puisque, par la Magie des quatre Éléments, la SÉPARATION très exacte en leurs lignes primitives aura été faite, et ensuite la CONJONCTION circulaire dans le complément SOLAIRE, par les périphéries de ces mêmes lignes (car quelle que soit la grandeur d’une ligne donnée, il est possible de décrire un cercle passant par ses extrémités d’après les lois de la Géométrie). Alors on ne peut donc nier combien est utile, au SOLEIL et à la LUNE de notre MONADE, la Proportion DÉNAIRE de la Croix.

THÉORÈME X

La figure suivante de la Dodécatémorie [4] du Bélier, en usage chez les Astronomes, est connue de tout le monde (comme une sorte d’édifice tranchant et pointu) ; et il est constant qu’elle indique l’origine, en ce lieu du ciel, de la Triplicité Ignée.

Ainsi donc, nous avons ajouté le signe astronomique du Bélier pour signifier que (dans la pratique de cette MONADE) le ministère du feu est requis. Et ainsi, brièvement, nous avons achevé la considération hiéroglyphique de notre MONADE que nous voulons résumer ainsi, en un seul contexte hiéroglyphique :

LE SOLEIL ET LA LUNE DE CETTE MONADE VEULENT QUE LEURS ÉLÉMENTS DANS LESQUELS LA PROPORTION DÉNAIRE FLORIRA, SOIENT SÉPARÉS, ET CECI S’ACCOMPLIT PAR LE MINISTERE DU FEU.

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