On peut lire encore dans Paracelse comment étaient faits les trois merveilleux miroirs fabriqués avec notre Electre Magique. Mais il n’est pas nécessaire d’en parler ici. Revenons donc à Achille et à son armure.
Zisca, qui commandait les Hussites, en Bohême, savait aussi sans doute ces opérations merveilleuses Magnetis naturæ antipathici spiritualiter ac invisibiliter fascinantes adversarios. Car ce général avait ordonné, s’il venait à mourir, de lui enlever la peau et d’en faire un tambour, les assurant que dans une bataille le bruit de cette caisse terrifierait les ennemis, comme si lui-même, qui était leur terreur, y assistait encore.
On lit aussi dans la chanson de Roland que le son de son olifant possédait une vertu surnaturelle et magique.
J’ai appris, d’un vieux preneur de rats (cui tanquam artifici in sua arte credendum), qu’au son d’un sifflet fait de l’épine dorsale d’un gros rat et d’un petit tambour tendu de la peau de ce rat, toutes les souris qui l’entendent, lui obéissent : elles accourent à ce son, se rassemblent et se laissent conduire où l’on veut.
C’est par ce procédé que la ville de Hameln sur le Weser, dans la Hesse, fut délivrée des rats et des souris. Un preneur de souris et de rats, en effet, étant venu un jour dans cette ville, avait conclu un marché avec le Bourgmestre et les habitants, par lequel, moyennant une certaine somme, il s’engageait à débarrasser la ville de ces rongeurs. Il tint parole : car ayant tiré un sifflet de sa poche, tous les rats et toutes les souris qui se trouvaient dans la ville accoururent à ce bruit. Ils le suivirent et furent noyés dans le Weser. Cet homme demanda alors son salaire; mais comme le magistrat et les bourgeois faisaient quelque difficulté, il les avertit plusieurs fois de le contenter à l’amiable. Ses paroles ne firent aucun effet; alors, tirant un autre sifflet de sa poche, il en fit sortir un cri perçant. Aussitôt tous les enfants de la ville accoururent; ils le suivirent, et l’homme rentra avec eux dans une montagne qui se referma ensuite, si bien qu’on ignore toujours ce qu’ils sont devenus.
On rapporte à propos de ce fait que dans les actes de naissance et de baptême et dans tous les écrits publics, le Magistrat de la ville de Humeln ne compte point les années à partir de la naissance de Jésus-Christ, mais depuis le départ de ces enfants. Lorsque je passai par là, on me montra l’endroit de la montagne où ils entrèrent. En Autriche, ainsi qu’en différents endroits on m’a dit que ces enfants avaient été conduits en Transylvanie ou en Hongrie, ce qu’on présume ex idiomate et singularitatæ linguæ vel sermonis a Transylvanis discrepante.
L’histoire nous confirme ces paroles du dieu; Achille en effet, fut avec ces armes invincible et plein de courage. Il fallut que Priam, fils du roi troyen, l’invitât à venir dans le temple d’Apollon sous prétexte de réconciliation et sous promesse de lui donner en mariage la belle princesse Polyxène, sa soeur, pour que, au moment où ne songeant à rien il n’avait pas endossé son armure, deux traîtres : Paris et Demïphob lui perçassent le sein de leurs flèches, tuant ainsi celui qui, dans les batailles rangées, n’avait jamais été vaincu, ce qui fait dire à Ovide :
Ille ijitur tantorum victor Achilles.
Ce qui montre encore la valeur inestimable de ces armes Electro-magiques, c’est la dispute qui s’éleva entre deux héros grecs Ajax et Ulysse pour la possession de cette armure. Tous deux étaient remarquables; l’un l’emportait en courage après Achille, l’autre était le plus sage de toute l’armée grecque. Les armes d’Achille ayant été attribuées à Ulysse, Ajax, bouillant de colère, se donna la mort, ce qui prouve une fois de plus le prix infini et les vertus merveilleuses de ces armes. Sans cela, en effet, ces deux héros n’auraient pas lutté avec autant d’ardeur pour les conquérir et ne se seraient pas portés à une telle extrémité pour ne pas dire que neque Ovidius ipse, cum eloquentiæ declamatoribus sui temporis, tractando hoc ipsum argumentum de judicio armorum Achillis tantopere contendisset.
Toutes ces circonstances viennent nous assurer de la véritable existence de ces armes, quod videlicet re vera extiterim in rerum natura.
Mais pour en revenir à la fabrication de notre Electre magique, apprenons qu’il doit être composé « par une union sympathique indissoluble selon le cours des planètes et des astres célestes, en manifestant ce qui est supérieur avec ce qui est inférieur, soit par cette opération magique naturelle comme ce qui est supérieur, et que ce qui est supérieur soit de même que ce qui est inférieur. » Voici, d’après les préceptes de Paracelse, comment se fait cette composition artificielle.
Proportio ponderum metallorum componendorum.
Auri et argenti an. 10 partes Solis et lunæ un 10 drach. Cupri et Chalybis ana V. partes Veneris et Martis V. drach. Stanni et plumbi an. ii partes Jovis et Saturnis ii drach. Mercuri pars I. Mercurii drach.
Il faut que ces métaux soient bien purs, suivant les conseils de Paracelse dans son livre de Speculi constellatione.
Pour composer l’Electre magique avec tous ces métaux, Paracelse nous dit qu’il faut choisir le moment où il y a «Conjonction» de Saturne et de Mercure. Lorsque cette «Conjonction» est sur le point de se faire, tenons prêts le feu, les ustensiles, le plomb et le mercure, et procédons ensuite comme l’indique Théophraste dans le livre de Speculi constellatione jusqu’à ce que l’Electrum soit composé. Ce sont d’ailleurs les paroles de Paracelse à ce sujet.
L’Electre magique est donc préparé ainsi artificiellement. C’est de cette composition vraiment magique que furent faites les armes royales forgées par Vulcain. Cette façon de les fabriquer suivant la doctrine exposée par Paracelse dans sa Philosophia Sagaci se rapporte à la quatrième espèce artis magicæ naturalis specialiter sumptæ qu’on appelle gamaheas, façon qui consiste, dit toujours Paracelse, à faire, « invisiblement et spirituellement par le secours de l’art tout ce que la nature peut faire visiblement et corporellement sans le secours de l’art. »
Le corps, en effet, n’est pour rien dans cette opération; seule l’âme invisible opère avec efficacité : Entis hujus naturaliter compositi spiritus, sive anima invisibilis magnetice egreditur et ingreditur anima homium adversantium et fascinat ipsos naturaliter, impeditque illorum voluntates et operationes mirabiliter.
Cela est presque analogue à l’herbe découverte par Hippocrate qui éteignait le feu et en préservait, qui, d’un baquet d’eau troué en différents endroits, retenait l’eau tant que cette plante s’y trouvait. C’est aussi ce que produit la racine du véritable acconitus pardalianchis qui, ressemblant à un scorpion, détruit chez les scorpions vivants qu’elle touche, toute force et toute malignité.
On pourrait croire qu’il en est de même des attouchements corporels, mais il est facile d’en prouver le contraire.
Si quelqu’un veut déposer trop près de chez vous ses excréments et que cela vous déplaise beaucoup, vous pouvez vous venger de cette injure sans toucher à son corps. Mettez sur ses excréments des charbons ardents avec de l’eau-de-vie et des grains de genièvre ou de poivre, et cela lui fera dans la partie intéressée ressentir une douleur, et cela alisque contactu corporeo, attamen non sine contactu spirituali, naturali magnetico et invisibili, même de loin, et ses douleurs dureront pendant plusieurs jours.
On pourrait encore, s’il était nécessaire, rapporter plusieurs exemples de cette action indirecte, tirés de la nature. On peut objecter que le Diable s’en mêle, mais nous ferons remarquer qu’il n’est pas chrétien de vouloir ainsi attribuer au démon plus de pouvoir qu’on en attribue à la sagesse infinie et à la toute-puissance de Dieu.
Laissons donc à la nature ses grands mystères; elle a plus de puissance qu’on ne peut se l’imaginer.
N’y-a-t-il pas beaucoup d’hommes célibataires ou mariés qui, par ces moyens tout naturels, sont liés en ce qui concerne les oeuvres vénériennes, et cela sans aucune action directe, mais seulement par une influence à distance toute magnétique et toute invisible.
Et le Diable n’y est absolument pour rien, ni ouvertement, ni secrètement, bien que l’abus de cette magie naturelle qu’en font les hommes en certains pays cause souvent de grands dommages.
On pourra dire encore que le Diable, sans être invoqué expressément ou tacitement pour prendre part à ces maléfices, y joue quand même un certain rôle, parce qu’il est l’ennemi juré du mariage, qu’il aime à troubler la paix et la bonne entente des familles, et qu’il veut empêcher la propagation du genre humain. A cette objection, je ne répondrai pas.
Que pourrait-on dire encore des moyens dont un conjoint peut se servir pour rendre l’autre impuissant ? Et de ce qu’une femme peut faire à son mari qu’elle soupçonne ? Quand celui-ci part en voyage (ou dans n’importe quel cas), ne peut-elle pas, post coïtum, le lier invisiblement, et d’une façon toute naturelle, et l’empêcher ainsi, tant qu’il est hors du logis, d’avoir agréablement commerce avec une autre femme ? Mais en voilà assez sur ce sujet.
Sequitur armorum ex Electro Magico per
fabricationem Vulcanicam, nec non Physicomagicum
formatio.
Pour faire et forger les objets d’Electre Magique, ce qui est une oeuvre « martiale », il faut nécessairement que tout ce qui y concourt soit aussi « martial » : le ciel, l’air, le temps, le jour, l’heure, la minute, le lieu, les ustensiles, le feu, le courage, la voix et les moeurs de celui qui les fabrique. Il faut consulter et suivre exactement les conseils qu’expose Paracelse dans ses deux livres: de Tempore et de Speculi constellatione.
Il est bon aussi de lire celui « de Imaginibus » afin de bien reconnaître les constellations et la position des astres dans le ciel; c’est ce qui se fait in schola magnorum naturalium orthodoxa.
Aussi je puis affirmer qu’ici nous n’avons affaire en rien avec les Esprits diaboliques, ni avec la nécromancie, mais seulement avec la Magie naturelle et permise et avec toutes les autres sciences que Dieu conféra au père du genre humain, à Adam, et qui se sont transmises de génération en génération. Pour toute justification à cet égard, on peut lire dans Martin Delrio (7) ces paroles : « Magia naturalis (ut Psellus et Proclus advertere) nihil est aliud, quam exactior quoedam arcanorum naturæ cognitio, quæ coelorum ac siderum cursu et influxu, et sympathiis atque antipathiis rerum singularum observatis, suo tempore, loco ac modo res rebus applicantur, est mirifica quædam hoc pacto perficiuntur, quæ causarum ignaris præstigiosa vel mirifica videntur. »
Delrio parle alors dans ce passage de Tobie rendant la vue à son père au moyen du fiel (de la bile) d’un poisson que Gallien et des anciens désignent sous le nom de Gallonyme.
C’est pour la même raison que le son d’un tambour fait avec une peau de loup en fait crever un autre tendu de la peau d’un agneau.
Cardan écrit également qu’à Venise, un Turc se lava les mains, sans se brûler aucunement, dans du plomb fondu.
Saint Augustin mentionne aussi plusieurs faits relatifs à la Magie naturelle : la chair de paon qui ne se corrompt point ; la paille, qui par sa fraîcheur conserve la glace et l’empêche de fondre; la chaleur, qui peut faire mourir les fruits; le sel d’Agrigent qui fond au feu et durcit dans l’eau; les aimants; la fontaine d’Epire, etc.
Remarquons aussi ce que Tertulien dit du dictame, avec lequel un cerf fit sortir le fer de sa blessure; de la chélidoine dont l’hirondelle se sert pour donner la vue à ses petits.
Alexand. ab-Alexandro parle du venin de la Tarentule ou Phalange de Calabre dont la morsure ne saurait guérir. Et on ne peut en réchapper par aucun moyen, si ce n’est de faire danser au son d’un instrument les personnes mordues jusqu’à ce qu’elles tombent de fatigue.
S’il en est qui désirent en savoir davantage sur ce sujet, ils n’ont qu’à lire Aristote (de admirandis Additionibus), et Guill. Alverne (de Universo). Qu’ils lisent encore Robert Triez (de Dæmonum deceptionibus); Sirem, (lib. 9 de Fato; cap. 5); Fracastor (libr. de Sympath. et Antipath.); Joan Lang. (Epist. 33).
Il est reconnu par tous que le roi Salomon possédait parfaitement cette Magie naturelle. On prétend aussi, ce qui est très vraisemblable, qu’elle était connue des trois Mages de l’Evangile qui cherchaient Jésus-Christ. On se demande en même temps si ceux-ci connaissaient la Magie noire ou diabolique ? Posé le cas, s’ils étaient entachés de ce crime, il est certain qu’après avoir cherché et trouvé Jésus-Christ, après l’avoir reconnu et adoré comme leur Dieu, ils n’en furent plus souillés. D’ailleurs, c’est une chose dont il n’est guère nécessaire de se préoccuper.
Théophilactus, dans ses rêveries, prétend qu’ils pratiquaient la sorcellerie…
Mais, où nous égarons-nous ?
Sachez donc bien que dans cette fabrication des armes électro-magiques, il n’est aucunement besoin de conjuration, ni de consécration, comme cela se fait parfois dans la Magie noire. C’est d’ailleurs peu chrétien. Si les païens ont pu avoir, fabriquer et employer utilement l’électro-magique sans conjuration, ni consécration, dont Homère et Virgile ne font aucune mention, pourquoi nous, qui sommes chrétiens, voudrions-nous contre la défense expresse de Dieu, nous soumettre à la puissance du Diable, rejeter ainsi de propos délibéré la parole divine, le saint nom de Dieu et les saints sacrements, tout cela pour notre perdition, notre ruine et notre damnation éternelle ?
Ce n’est pas là l’enseignement de Paracelse, qui, au contraire, dans sa préface à la Philosophie occulte, nous avertit sérieusement de nous en garder avec soin.
Donc, lorsque vous vous voudrez fabriquer et forger des armes, arrangez-vous de façon qu’avant de commencer vous ayiez sous la main tout ce dont vous avez besoin, afin de ne manquer de rien et de n’éprouver aucun retard quand le travail sera en train.
Tenez donc prêt le feu; je veux dire ce feu magique de Tubalcaïn ou Vulcain approprié et affecté spécialement et martialement à cet ouvrage, et fort connu de quelques fils de l’art magique naturel et pratique, feu qui doit servir à animer dans la mesure convenable le feu commun, c’est-à-dire le feu du ciel. On doit prendre alors du bois allumé par la foudre – cui numea aliquod martiale semper adsistit – et qui, d’après les lois scientifiques, doit toujours être conservé, brûlant, dans une lampe, pour en faire usage. On lit, en effet, que Vulcain avait toujours de ce feu-là, et qu’il le conservait dans l’île de Lemnos pour servir à ses différents ouvrages. C’est ce qu’il dit à Vénus dans ces paroles :
Quantum ignes animæque valent ?
Un gentilhomme écossais entretint longtemps, paraît-il, ce feu.
Tenez aussi toute prête la masse métallique de l’Electre, les soufflet, enclume, marteau, et lorsque le moment propice est arrivé, ce que vous devez savoir par vos observations astronomiques, prenez le marteau en main, frappez fortement et courageusement sur le métal et forgez les armes en leur donnant telle forme que vous voudrez.
Mais il ne faut pas oublier la conjonction des astres intérieurs microcosmiques (astrorum coeli microcosmi humani) et les faire agir en même temps, sans quoi un ouvrage de cette espèce de l’art naturel magique ne peut être mené à bonne fin. C’est une des raisons qui ont empêché bien des gens, savants pourtant dans la chose, de parvenir à leur but in præparandis sigillis astronomicis et Goemahaeis; jamais vous n’y arriverez si vous négligez cette expression et cette impression du Courage « martial », quand bien même vous observeriez tout d’ailleurs avec soin, et que vous seriez d’accord avec les constellations du Ciel microcosmique. Est enin hæc astrorum coeli microcosmici influentia, seu animi naturaliter fascinantis expressio et impressio unum ex illis principiis tribus artis Magicæ naturalis, quorum mentionem facit Abbas Trithemius in epistola ad comitem de Westembourg et Cornelius Agrippa in suis scriptis.
On en trouve une instruction suffisante et complète dans les oeuvres de Paracelse, principalement in aureis de occulta Philosophia libris, de longa vita in Philosophia sagaci, de tempore, de imaginibus, de peste in Paranyro et de Electro Magico sive metallorum compositione. J’y renvoie ceux qui voudraient s’exercer plus spécialement à l’art de Vulcain.
Comment on doit préparer l’Electre
Observez d’abord une «Conjonction» de Saturne et de Mercure. Préparez auparavant un creuset, du plomb coupé en petits morceaux ou en grains, du mercure. Quand la conjonction commencera, faites fondre le plomb à petit feu, afin que le mercure ne s’évapore pas quand vous l’y mettrez. Dès le commencement de la «Conjonction», retirez le creuset du feu pour mettre le mercure sur le plomb fondu et laissez-les refroidir ensemble. Observez ensuite une conjonction de Jupiter et de Saturne ou de Mercure. Préparez encore tout ce qu’il vous faut. Fondez alors dans des creusets différents l’étain d’Angleterre et le plomb uni au mercure. Ôtez-les ensuite du feu, mélangez-les et laissez-les refroidir totalement. Vous aurez ainsi les trois premiers métaux, les plus faciles à fondre, réunis en un seul, et qu’il convenait d’allier les premiers.
Observez maintenant une autre «Conjonction» d’une de ces quatre planètes : du soleil, de la lune, de Vénus, ou de Mars, avec une des trois premières : Saturne, Mercure ou Jupiter. Peu importe laquelle. Préparez encore tout ce dont vous avez besoin et faites fondre à part le métal suivant et le premier alliage. Puis mélangez-les.
Faites-en de même pour tous les métaux jusqu’à ce que vous les ayez réunis tous les sept en un seul, selon la conjonction de leur planète correspondante, et l’Electre sera préparé.
En le forgeant, armez-vous de courage et de vigueur, et prononcez plusieurs fois en vous-même les vers suivants, voce Martiali, hoc est infractu, iracunda, aspera, minaci, atroci, affectuque vehementi :
Charus ego divis generosi fabrico Martis
Arma : quibus posituris nulla nocere, nec ignis,
Nec ferrum, nec aquæ, sed sint terrorque timorque,
Si quando hæc videant homines mihi damna parantes,
Utque hæc horribili mihi fiant arma rigore.
Soufflez maintenant sur votre travail et recommencez plusieurs fois, très vigoureusement, en disant :
Ut lupus imbelles violentus territat agnos.
Et timidus foevos exhorret Dama molossos,
Sic hæc incutiant mortalibus arma timorem.
Soufflez encore à plusieurs reprises, tant que vous pourrez sur votre ouvrage, et dites :
Non mihi proesenti poterit consestere mente,
Quicunque his armis audax vult obvius ire,
Irrita tela dabis, quicunque minabere nobis.
Soufflez toujours plus fort, en travaillant votre oeuvre pour lui donner la forme requise, et disant :
Hoc veluti rapido Electrum mollescit ab igne,
Hoc veluti crebro Electrum contunditur ictu,
Sic his conspectis liquuntur pectora ab armis,
Sic opus hoc felix cunctos frustrabitur ausus.
Lorsque les Turcs cherchent des racines et des herbes pour leur Maslach, ils préparent toujours les mêmes remèdes qui ont pourtant différentes applications. Mais ils appliquent leur esprit, leurs sens, leurs pensées, leurs paroles et leurs actions à ces préparations suivant l’usage qu’ils veulent en faire.
Ainsi, si le remède doit les rendre vaillants et courageux, ils prennent en le faisant un air brave et chevaleresque et s’en servent dans les combats. Si le remède doit exciter leurs passions charnelles, ils agissent en conséquence. S’ils pleurent et s’ils se lamentent, le médicament les fait pleurer et ils s’en servent pour pleurer leurs morts; s’ils rient, s’ils chantent et se divertissent en cueillant ces herbes, le remède, plus tard, les fera rire et chanter. En un mot, suivant leur disposition d’esprit, suivant leurs pensées, suivant leurs actions, le résultat est différent. Pour faire ce Maslach, ils prennent, paraît-il, des racines de saule dont ils font, avec de l’esprit-de-vin, un extrait qui réjouit le coeur; Ad Maslach furiosum addunt radicem Mandragora.
Il en est de même du Lelek de Bohême; les archives de la Cour d’appel de Prague en font mention et un juge de ce tribunal le raconta autrefois devant des personnages dignes de foi.
D’ailleurs, quoi d’étonnant en tout cela ? L’asarum et la racine de noisillier ne purgent-elles pas par en haut ou par en bas suivant qu’on la déterre par en haut ou par en bas ?
Dans la nature il y a ainsi une foule de phénomènes semblables. Ceux qui les observent et qui les connaissent ne peuvent retenir leur admiration.
Voilà ce que veut Vulcain et ce qu’il exprime encore dans ce vers :
Quantum ignes animoeque valent ?
Lorsque vous aurez fait vos armes, en suivant les prescriptions de Paracelse, vous n’aurez plus qu’à ramasser vos outils et cacher les armes pendant environ huit jours. Vous les ôterez alors de cet endroit oedem die et hora, vous les polirez proprement et les garderez pour vous en servir à la première occasion. Sur la cuirasse gravez en outre quelque signe, ou figure, aimé de celui qui portera ces armes et fera ainsi une salutaire impression sur son esprit.
Nam objecta sensus et quidem homines diversos diversi mode movent, sunt que irritamenta, incitativa et quasi calcoria ad stimulandum animi appetitum hoc in negotio martialem ad gloriosi et generosi quit virtuose perpetrandum. Homo enim horum objectorum perseverante reminiscentia, continuo accensus fiducia firma et fide, miraculorum janua sic inflammatur mirifica, que alia est quam salvifica illa, tantaque et tam mirabili virtute coelitus donatur, ut proeclara negotia conficiat multa, talia etiam nonnunquam, quæ ab inexpertis vix credi possunt.
C’est ainsi que l’empereur Constantin portait une croix avec ces mots : In hoc signo vinces. D’autres princes, après lui, adop-tèrent d’autres emblèmes. On en mit plus tard sur les drapeaux et sur les cornettes dont on servait en guerre. On peut voir, en effet, dans les relations des campagnes de l’Empereur Matthias, que ce prince donnait toujours des emblèmes à ses troupes et à ses générauxtanquam calcaria et stimulos ad virtutes et fortitudinem.
Les courroies qui serviront à attacher la cuirasse doivent être de pelle hyenoe. A défaut de cette peau on peut en faire avec celle d’un loup et il faut les couper sur le loup vivant parce que cet animal est terrible et courageux.
Souvent des chasseurs et des voyageurs ont éprouvé de la part de quelques loups, sine dubio radiis spiritum visitorum, une sorte de fascination semblable à celle qu’exerce la hyène et dans laquelle ils perdaient la voix, ne pouvant ainsi ni crier ni appeler. Ce fait se produit surtout lorsque ce sont les loups qui les premiers aperçoivent les hommes. C’est ce qui a fait dire à Virgile :
Vox….. Moerim
Jam fugit, lupi Moerim videre priores.
Il reste même après la mort des animaux certaines vertus dans différentes parties de leurs corps. On peut, à ce propos, citer de nombreux exemples rapportés par des savants et des médecins. Ainsi, on a souvent et utilement observé le conseil d’arracher les yeux de lièvres encore vivants, de couper un morceau de la peau d’un blaireau et de celle d’autres animaux pendant qu’ils vivent. Moi-même j’ai conseillé d’en faire autant avec la peau d’un loup, d’en prendre des morceaux et de s’en servir comme phylactère.
On dit, en un commun proverbe qu’une bonne épée et un bon cheval font honneur à un cavalier. Donc, pour donner à un cavalier une tournure martiale, il faut lui mettre en main des armes fabriquées dans ce sens. Qu’on choisisse, par exemple, pour faire une épée une lame avec laquelle ou une plusieurs personnes ont été tuées. Qu’on prenne, pour en faire la poignée le rayon d’une roue qui ait servi à rouer un criminel; qu’on se serve pour en faire le pommeau et la garde d’une chaîne de fer après laquelle on a pendu et étranglé un malfaiteur; qu’on mette enfin autour de la poignée sanguinem menstruum primum virginis qu’on aura recueilli dans un linge et qu’on le recouvre avec une autre matière quelconque. Pour faire un poignard, prenez-vous-y de la même façon.
L’expérience a montré que les personnes qui se sont servies de semblables épées ou poignards ont non seulement vaincu leurs ennemis, mais que dès l’abord, ceux-ci, pris de peur et sans courage, ont été obligés de se retirer. Bien plus, et à leur grand étonnement, leurs armes se brisaient dans leurs mains.
On n’a qu’à lire Corneille Agrippa (de excellentia præstantia sexus foeminei) pour voir les vertus et les nombreuses propriétés sanguis menstruum primi recueilli dans un linge. Marcus Claudius Paradinus mentionne in héroïcis, de Thomas d’Aquin, qu’il avait un couteau avec lequel il pouvait couper une enclume en deux morceaux.
C’est une semblable épée qu’avait Hoernin Seyfried dont on peut voir la très ancienne reproduction sur l’hôtel de ville de Worms. On montre aussi, un peu en dehors de la ville, le Jardin des Roses, où périrent plusieurs héros.
Le grand secret de Hoernin Seyfried consistait, dit-on, en une cuirasse de corne et de feutre, et que ni poignard ni épée ne pouvaient percer.
On dit que la ville de Worms tire son nom de vers qui occupaient cet emplacement et dont Hoernin Seyfried détruisit et brûla un grand nombre. C’est pourquoi, lorsqu’au conservatoire de cette ville un artiste chante en public et sans que les examinateurs en retranchent quoi que ce soit, toute l’histoire de Hoernin Seyfried, il reçoit, d’après une ancienne coutume, une assez forte somme d’argent.
Ainsi, quoi qu’en disent certains incrédules qui ne trouvent bien que ce qu’ils font eux-mêmes, ce ne sont pas de pures inventions que ces histoires de Hoernin Seyfried, et de Roland, pas plus que celle de l’évêque de Ratisbonne, Albert le Grand, et celle du savant philosophe et médecin Paracelse.
Ce dernier trouva un secret, que, in Philosophia sagaci, il nomme artem gladialem vel incisivam, pour couper comme de la cire le métal le plus dur. Il portait autour du bras qui maniait l’épée, sous ses habits, la peau d’un serpent qu’il avait écorché tout vif. Il jetait aussi, pour une raison qu’il serait trop long d’expliquer ici, la crainte et la terreur parmi ses ennemis. Pourtant nous devrions dire maintenant ce que le Roi et Prophète David portait autour du bras droit lorsqu’il marcha contre Goliath (c’est-à-dire flatum et pactum Dei), et ce qu’il portait autour des reins lorsqu’il dansait devant l’Arche d’Alliance pour montrer que toute son espérance et toute sa consolation étaient fondées sur le Messie promis, c’est-à-dire une courroie, semblable à un serpent, où était écrit le nom deJeschua (Jésus). Nous devrions aussi faire mention de ce que Gédéon portait sur la poitrine et de ce que les enfants d’Israël mettaient dans leurs habits, comme souvenir éternel, lorsqu’ils combattaient contre les ennemis de Dieu.
Si un guerrier veut se préserver, qu’il porte sur sa peau nue et fasse coudre dans ses habits, de ce suc rouge desséché qu’on trouve aux environs de la Saint-Jean dans de petites vessies attachées à la racine de la plante appelée polygonum minus sive Cocciferum : mais on ne trouve ce suc qu’entre onze heures et midi. Inutile de le chercher en dehors de ce temps.
Un homme, qui d’ailleurs était très brave, en portait lorsqu’il devait se battre. Un jour il reçut au mollet un coup de sabre qui le fit chanceler, mais qui ne le blessa point; il n’en eut qu’une contusion dans laquelle il fit faire une incision et la fit guérir. Paracelse écrit de tempore de l’Altée qui est recouverte de vingt-quatre cottes de maille, que lorsqu’on la porte sur soi elle émousse toutes les armes des ennemis, si bien qu’on serait à l’abri de toutes blessures.
Je vis moi-même un jour, un homme, qui portait sous le bras droit et sur la peau nue, dans un petit linge cousu après ses vêtements, de sanguine menstruo virginis primo, et qui obligé de rompre une lance avec un autre, renversa ce dernier après qu’il eut lui-même soutenu soixante assauts. De plus, le soir de ce jour-là, jouant avec d’autres personnes, pour gagner un poignard d’argent, cet objet lui revint, bien qu’il ait été obligé de refaire des parties avec les gens qui avaient autant de points que lui.
On peut donc, sans inconvénients, porter sur soi, ces sortes de phylactères naturels; mais qu’on se garde bien d’employer ces formules superstitieuses et ces moyens diaboliques qu’enseigne la Magie noire. On ne s’en sert que trop souvent, mais on ne saurait en répondre devant le Dieu tout-puissant et devant les fidèles.
Il est très permis à un homme de se servir adroitement des armes à feu, de les charger soit avec de la poudre, soit avec du plomb, soit avec des morceaux d’or, d’argent, de fer et d’acier fondus avec des balles; il peut employer tous les moyens possibles pourvu qu’ils soient licites.
C’est ce que Virgile exprime dans ce vers :
Dolus, an virtus quis in hoste requirat ?
Ceux qui sont habiles savent trouver les bons moyens. Nous en reparlerons dans une prochaine brochure.
Je ne puis cependant m’empêcher de dire comment on peut faire des balles qui peuvent percer la cuirasse la plus épaisse. Faites faire de petites boules d’acier, grosses comme des pois, fondez du plomb et mettez-en dessus. Chargez vos armes avec ces balles, et, tirant sur une cuirasse, d’une distance convenable, vous la verrez traversée de part en part. Tenez secrète cette recette pour vous en servir en temps et lieu.
On doit prendre aussi pour les éperons, pour les fers à cheval, pour le mors et les différentes pièces qui composent l’harnachement, la même matière que pour le pommeau et la garde de l’épée ou du poignard.
Voici, d’ailleurs, un bon moyen de faire marcher les chevaux rétifs. Faites la bride avec une peau de loup, mettez dans le mors quelques morceaux de caméléon noir surtout au moment où il est en pleine vigueur, c’est-à-dire en automne. Cette plante, en effet, a le pouvoir d’ôter la force d’un homme et de son cheval pour la donner à celui qui sait s’en servir ainsi. Dans une course, et c’est ce qu’on savait très bien jadis, on ne peut par ce moyen être jamais rattrapé.
A certaines époques, cette racine, dit George Phoedron in Chirurgia minori, lorsqu’on la porte sur soi, et quidem coëundo inter alios foecunde coëuntes, ôte aux plus robustes la force de procréer des enfants et la donne à ceux qui étaient stériles.
C’est un moyen de ne pas laisser s’éteindre sa race, si au surplus on a recours à la prière et si l’on a confiance dans l’aide de Dieu.
Paracelse parle de certains chardons d’Angleterre qu’il nomme carduos Marioe – on en trouve maintenant ailleurs et en grande quantité – qui, par sympathie, ôtent à d’autres les forces pour les donner à ceux qui portent sur eux cette racine. Paracelse en cite des exemples.
Enfin, pour rendre vaillant et courageux, il y a encore la magnifique et excellente eau de Magnanimité (aqua Magnanimitatis). Un soldat peut en prendre, si cela lui plaît, une demi-cuillerée dans un bon verre de vin, pour monter à cheval ou aller à la guerre. Il devra la prendre quelque temps avant ses exercices, afin que sa vertu ait le temps de pénétrer dans tout le corps, dans tous les membres. Ce breuvage en fera un homme brave et courageux, mais non furieux, car en conservant sa santé de corps et d’esprit, il deviendra animosus et cum audacia honesta, vere magnanimus. En un mot, il sera animé de cette façon que partout, dans les combats, dans les assauts, dans les joutes, dans les duels, il agira avec autant de présence d’esprit que de courage et de hardiesse. Ni la crainte, ni la terreur ne s’empareront de lui; toujours, même dans les plus grands dangers il restera calme et maître de lui.
Bien plus, si vous avez quelque affaire sérieuse à traiter devant un grand personnage, quelque chose de grave à discuter, cette eau vous fera parler sans crainte, sans timidité. Vous-même serez étonné de cette loquacité. Elle a encore plusieurs vertus excellentes, comme celle de guérir les maladies internes et particulièrement febrim icteri iam.
L’empereur Maximilien Ier, de glorieuse mémoire, usait beaucoup, dans ses expéditions, de cette eau de Magnanimité. Aussi nous le voyons attaquer lui-même ses ennemis, conduire hardiment ses troupes et accomplir des faits merveilleux. C’est grâce à cette eau qu’il supporta, sans jamais en ressentir de douleurs, les fatigues de ses dangereuses chasses au chamois. Plusieurs fois en effet, lisons-nous dans l’histoire du chevalier Teurdanck, il faillit y perdre la vie. Sans le courage, qu’avec l’aide de Dieu, lui donnait cette eau de Magnanimité, jamais cet empereur n’aurait pu faire tant de choses. Il donna le secret de cette eau de Magnanimité au comte Jean de Hurdeck dont les actions héroïques accomplies en Italie contre les Turcs sont généralement connues, comme récompense bien méritée des bons services qu’il avait rendus en toute occasion à Sa Majesté Impériale.
L’intendant de ce comte, demeurant à Gruveneck en Autriche, trouva en 1523 le moyen d’avoir la composition de cette eau de Magnanimité en la faisant préparer pour son maître, chez le médecin de Sa Majesté Impériale, car en tout temps le comte l’emportait avec lui et s’en servait en temps opportun.
Ce fut donc à cette occasion que le médecin lui dit confidentiellement qu’il en avait souvent préparé pour l’Empereur.
Voici maintenant la façon de faire de cette eau de Magnanimité que l’Empereur Maximilien Ier tenait comme un grand secret et regardait comme un trésor.
Prenez, en été, de ces petites fourmis, qui, lorsqu’on frappe dans leur fourmilière avec une verge, exhalent une fumée et une odeur pénétrante. Prenez-en autant que vous voudrez. Mettez-les dans une bouteille : faites pour cela une ligne de miel depuis le fond de la bouteille jusqu’au goulot de sorte qu’elles y entreront toutes seules, et y porteront leurs oeufs. Versez-y en quatre ou cinq fois un pot d’eau-de-vie bien rectifiée et après avoir bien bouché la bouteille mettez-la au soleil, ou dans un lieu suffisamment échauffé, où vous la laisserez une quinzaine de jours, plus, si vous voulez. Ensuite, vous en distillerez le contenu au bain-marie, ou sur des cendres, enfin tout doucement et à petit feu, et rejetterez ce qui sortira d’abord. Quand cette distillation sera finie, mettez dans la liqueur un quart d’once de canelle pulvérisée, et conservez le tout dans une bouteille bien fermée. Pour l’employer, on la met, comme nous l’avons dit, dans du vin.
On peut aussi y mettre de l’huile de racine d’Abrotonum, et lorsqu’on veut s’en servir on s’en frotte les mains et l’épée, et on en prend dix ou douze gouttes.
Alors, quand bien même on aurait à lutter seul contre une douzaine d’adversaires, ceux-ci ne pourraient rien, privés qu’ils seraient de forces. Admirons donc la toute-puissance de Dieu, qui mit dans une fourmi tant de vertus; bien plus cette eau fait à l’intérieur ce qu’elle produit à l’extérieur.
Voilà exposé, en quelques pages, ce qui se rapporte aux armes d’Achille, et j’espère que les lecteurs sauront en tirer parti.
Pour en revenir à l’eau de Magnanimité, sachez surtout que la meilleure est le courage, le noble désir de servir fidèlement sa patrie et de combattre bravement pour elle. Sans ces qualités, rien ne pourra stimuler l’ardeur ou faire naître la bravoure chez un soldat.
Il est cependant certain que certaines liqueurs fouettent le sang et remuent les passions plus vivement si toutefois elles sont déjà nées. L’histoire nous parle assez souvent de l’effet produit par le brandevin, donné aux soldats avant les batailles. Quelques généraux ont usé de ce système avec succès, mais d’autres sont arrivés à un très mauvais résultat. Souvent en effet, des soldats, ivres, jettent la confusion et le désordre dans les rangs; de là une défaite toujours désastreuse.
Eronymus nous donne encore cette recette pour faire une excellente eau de Magnanimité : le soldat, paraît-il, n’a qu’à en prendre une demi-cuillerée, pour se sentir tout enflammé d’une ardeur jusqu’alors inconnue.
Voici la recette telle qu’elle a été transmise.
Rec.: Cinamonni elect. Unc. II
Zingiberis Unc. Semis.
Granorum Paradisi.
Piperis longi aa. Drachma I.
Cariphil.
Nucis Moschat. Drachm. Semis.
Tritu omnia in vas aquæ ardentis ter quaterve destillatoe plenum et clausum per quatuor dies ponantur, et bis aut ter quotidie agitentur, demum coletur et servitur. Hujus mediocre cochleare plenum immittes in generosi vini rubri mensuram et sachari libra addatur; si tamen vinum dulce sit, sacharo non opus est.
Pour préparer maintenant l’huile de racine d’Abrotonum, dont nous avons parlé ci-dessus, voici ce qu’il y a à faire:
Prenez 7 ou 8 livres de racine d’Abrotonum arrachée le 30 septembre (car c’est à cette époque que la racine a le plus de propriétés); faites-la sécher à l’air, trempez-la dans l’esprit-de-vin et extrayez-en une huile suivant les règles ordinaires. Une fois cette huile faite, placez-la, pendant le croissant de la lune, dans une boutique d’apothicaire. Laissez-la deux jours dans un endroit, deux jours dans l’autre, deux jours dans un troisième, et ainsi de suite. Elle enlèvera à tous les simples leur odeur et leurs vertus. Cela fait, mettez-y de l’eau de fourmi dont nous avons parlé, et gardez le tout pour votre usage.
Plus sur le sujet :
L’électre magique, d’après le Grimoire ou Magie Naturelle de Benoit XIV, par Eusèbe Barrida.
Paris, Chamuel Editeur, 5 rue de Savoie, 1897. Illustration : Louvre Museum [Public domain], via Wikimedia Commons