Spartacus Weishaupt La Conspiration des Sophistes

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Spartacus Weishaupt – La Conspiration des Sophistes – extraits de l’ouvrage de Barruel. 

Aussi les premières leçons du frère insinuant, désormais instituteur, doivent-elles rouler sur l’importance et l’étendue du secret à observer dans l’illuminisme. Il commencera par dire à son novice : « Le silence et le secret sont l’âme de l’Ordre ; et vous l’observerez ce silence auprès de ceux mêmes que vous pourriez soupçonner aujourd’hui être nos frères, et auprès de ceux qui vous seront connus dans la suite ». « Vous regarderez comme un principe constant parmi nous que la franchise n’est une vertu qu’auprès des supérieurs ; la méfiance et la réserve sont la pierre fondamentale. Vous ne direz  à personne ni aujourd’hui ni dans la suite, la moindre circonstance de votre entrée dans l’Ordre, pas même de quel grade vous pourrez être, ou en quel temps vous aurez été admis. En un mot, vous ne parlerez jamais devant les frères mêmes, des objets relatifs à l’Ordre, à moins d’une vraie nécessité. » (Voyez Ecrits orig. Statuts de l’Ordre, N.°20, réforme des Statuts, .27 , vérit. illuminé ; Statuts généraux N.°31 et 32. Par cette loi sévère, l’illuminé sera souvent un mystère pour l’illuminé même. Le novice apprendra à n’y voir qu’un moyen de prévenir la ruine dont la moindre indiscrétion menacerait tout l’Ordre (Sommaire des Statuts, N :°15. B).

Pour s’assurer plus positivement de ce profond secret de la part de son novice, le frère insinuant n’entrera près de lui dans aucun détail : il ne lui livrera pas un seul des écrits relatifs à l’Ordre, avant d’en avoir obtenu la déclaration suivante : « Moi soussigné, promets en tout honneur et sans aucune restriction, de ne jamais dévoiler par paroles, par signes, par gestes, ou en aucune manière possible, à quelque personne que ce soit, à mes parents, alliés ou amis les plus intimes, rien de ce qui me sera confié par mon introducteur, relativement à mon entrée dans une société secrète, soit que ma réception dans cette société ait ou n’ait pas lieu. Je m’engage à ce secret d’autant plus volontiers, que mon introducteur m’assure que dans cette société il ne se passe rien de contraire à l’État, à la Religion, aux moeurs. Quant aux écrits qui me seront remis, et aux lettres que je recevrai sur le même objet, je m’engage à les rendre, après en avoir fait pour moi seul les extraits nécessaires. » (Ecrits origin. et véritable Illum art. Revers. )

Ces écrits ou livres relatifs â l’Ordre, ne sont. d’abord livrés au novice qu’en petit `nombre, pour très peu de temps, et sous promesse de les tenir hors de la portée des curieux. A mesure qu’il avancera en grade, il pourra les conserver plus longtemps et en plus grand nombre : mais ce ne sera pas avant qu’il ait fait part à l’Ordre des mesures qu’il aura prises, pour empêcher qu’en cas de mort, aucun de ces écrits ne tombe entre les mains des profanes. (Inst. des Insinués N.° 8, Ecrits origin. le vérit. Illumin, N.° 7). II saura , dans la suite, qu’à ces précautions les frères illuminés en ajoutent bien d’autres, toutes relatives au profond secret de l’Ordre sur ses statuts et sur son existence même. Il verra, par exemple, dans ses lois, que s’il est un malade dans l’Ordre, les autres frères doivent le visiter assidûment, d’abord pour le fortifier, ou empêcher toutes les révélations que la crainte de la mort pourrait lui arracher ; et ensuite pour emporter eux-mêmes tous les écrits de l’Ordre que le malade pourrait avoir chez lui , aussitôt que la maladie devenue sérieuse annoncerait des dangers….

… C’est surtout ce discours, où l’on voit l’orateur illuminé, entre tous les systèmes maçonniques, choisissant le plus artificieux, le plus impie , le plus désorganisateur pour en faire tout à la fois les mystères de sa maçonnerie et la préparation, la plus immédiate à ceux de son illuminisme.

Qu’on se rappelle ici ce qu’on a vu dans le second volume de ces mémoires sur cette apocalypse des Martinistes, intitulée Des erreurs et de la vérité. Là , il fut une époque où l’homme, dégagé de ses sens, libre de la matière, était bien plus encore libre des lois et du joug politique auquel il ne s’est trouvé soumis que par sa chute ; là, tout l’effort de l’homme doit être aujourd’hui, de secouer le joug de nos anciens gouvernements, pour recouvrer son ancienne pureté, son ancienne liberté, et réparer sa chute. Là encore, j’aurais pu montrer l’absurde idéalisme faisant de nos sens une vaine apparence, pour ne faire de leur prostitution qu’un crime chimérique (a) ; là enfin, ce système de toute corruption et de toute désorganisation a été de tout temps la doctrine et le secret de la philosophie.

Le grade intermédiaire de Weishaupt était destiné à servir de lien entre son illuminisme et les loges maçonniques ; il était naturel que de tous les systèmes des loges il s’appropriât le plus artificieux et le plus monstrueux. Qu’on ne s’étonne donc pas de voir ici l’antithéosophe, l’athée, le matérialiste Weishaupt, emprunter dans ce grade les leçons du Martiniste au double principe, au double esprit. Mais qu’on observe bien : quand cet artifice le force d’employer les mots d’esprit ou d’âme, c’est en avertissant l’initié que la secte ne les admet dans son code que pour se conformer au langage vulgaire. Cette précaution une fois prise, l’initiant peut répéter sans crainte les leçons des sophistes au double principe. Celles qu’il donne ici à ses chevaliers écossais, sur le grand objet de la franc-maçonnerie, semblent en effet toutes prises de ce système. C’est d’abord une grande révolution, qui dans des siècles reculés dépouilla les hommes de leur dignité primitive. C’est ensuite l’homme maître de recouvrer son ancienne splendeur, mais par l’abus de ses facultés, ajoutant à ses souillures et à sa dégradation. C’est jusqu’à ses sens émoussés qui le trompent sur la nature des choses. Tout ce qu’il voit dans son état actuel n’est que mensonge, apparence, illusion. Ce sont surtout des écoles de sages, depuis cette grande révolution , conservant en secret les principes de l’antique doctrine, la vraie maçonnerie. Au nombre de ces sages est encore Jésus de Nazareth. Le monstrueux Hiérophante ne craint pas de faire du Dieu des Chrétiens un des Grand-Maîtres de l’illuminisme. Mais bientôt la doctrine du Christ s’altère ; bientôt les prêtres et les philosophes bâtissent sur ce fondement divin, un édifice d’inepties, de préjugés et d’intérêt. Bientôt encore, la tyrannie des prêtres et le despotisme des princes oppriment, d’un commun accord, la malheureuse humanité.

La franc-maçonnerie s’oppose, à ces désastres, essaye de conserver la vraie doctrine ; mais elle la surcharge de symboles, et ses loges deviennent encore celles de l’erreur et de l’ignorance. Les illuminés seuls sont en possession des secrets du vrai franc-maçon. Il reste même aux illuminés une grande partie de ces secrets à découvrir. Le nouveau chevalier doit y consacrer ses recherches. Il est bien spécialement averti que c’est par l’étude des anciens Gnostiques et des Manichéens, qu’il pourra faire de grandes découvertes sur cette véritable maçonnerie. On le prévient que dans cette recherche, ses grands ennemis sont l’ambition et tous les vices qui font gémir l’humanité sous l’oppression des prêtres et des princes. Voyez dans ce grade, article 8 , Instruit. sur les hiéroglyphes maçonniques.

Ce n’est pas un des moindres artifices de Weishaupt, que l’obscurité dans laquelle toutes ces leçons laissent ici son élève sur la grande révolution, dont il faut réparer les ravages par une nouvelle révolution. Pour les adeptes de la classe des princes, ce grade est la dernière faveur de la secte. Il faut les laisser croire que l’antique révolution ne fut autre chose que la réunion des Puissances aux prêtres, pour soutenir l’empire de la superstition et des préjugés religieux ; que la nouvelle révolution à faire est l’union des princes à la philosophie, pour la destruction de cet empire et le triomphe de la raison. Si le sérénissime adepte s’étonne que l’on ait commencé par lui faire jurer de n’être jamais flatteur des grands ou esclave des princes, la formule sur la fidélité aux devoirs sociaux et civils pourra le rassurer. Quelque idée qu’il ait de son initiation, fidèle chevalier, il n’en a pas moins fait le serment de protéger ses frères illuminés contre la superstition, le despotisme, le serment d’obéir aux très excellents Supérieurs, de favoriser de toute sa puissance les progrès de l’ordre, qu’il croit désormais seul en possession de la vraie franc-maçonnerie.

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Spartacus Weishaupt La Conspiration des Sophistes, Barruel. 

Illustration : de:Benutzer:Verwüstung [Public domain], via Wikimedia Commons

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