Un article de Spartakus FreeMann sur l’Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix.
L’Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix, OKR+C, fut fondée à Paris en 1888 par Stanislas de Guaita et Josephin Péladan. L’ordre était lié au martinisme et à l’église gnostique.
L’ordre conférait des degrés dans le cadre d’une université initiatique libre dont les enseignements consistaient principalement dans les matières occultes, de la Kabbale au Tarot en passant par l’Astrologie et l’Alchimie.
L’initiation était conférée au sein de trois degrés officiels et d’un quatrième secret. Le premier degré conférait le titre de Bachelier en Kabbale après des études portant sur la tradition occidentale, la Rose-Croix et les lettres hébraïques ; le second degré conférait le titre de Licencié en Kabbale après des études des diverses traditions religieuses ; le troisième portait sur la défense d’une thèse portant sur la Tradition et conférait le titre de Docteur en Kabbale.
De Guaita définissait, dans sa constitution secrète, l’Ordre comme : « En apparence (et extra), la Rose-Croix rénovée est une société patente et dogmatique pour la diffusion de l’occultisme.
En réalité (et intus) c’est une société secrète d’action pour l’exhaussement individuel et réciproque; la défense des membres qui la composent; la multiplication de leurs forces vives par réversibilité; la ruine des Adeptes de la Magie Noire, et enfin la lutte pour révéler à la théologie chrétienne les magnificences ésotériques dont elle est grosse à son insu » (voir La Rose+Croix Rénovée).
Selon de Guaita, l’Ordre rénové se développait tel un arbre dont les racines puisent leur nourriture dans le sol fertile du 1er degré (Biologie); dont les branches fleurissent dans le 2e degré (Théorie) ; et qui donne ses fruits dans le 3e degré (Pratique).
Le Conseil directeur des Douze (3e degré) choisit les membres du second degré parmi les membres du premier degré. Les membres du 2e degré organisent des conférences pour l’enseignement des membres du 1er degré, dont ils dirigent les études..
Le Conseil des Douze prend ses décisions à l’unanimité des voix, ces décisions sont alors exécutées par les membres du 2e degré.
Les membres se distinguent en signant « in fraternitate R ∴ ✠ ∴ » est suivi du hiéroglyphe א֒.
Le Conseil des Douze se compose de six membres connus et de six membres inconnus : le rôle de ces derniers consisterait à réédifier l’Ordre en sous-main, si jamais une cause quelconque venait à le dissoudre.
En 1890, Péladan se sépare de l’Ordre. Péladan reproche à ses amis la coloration maçonnique et martiniste trop prononcée, et il refuse tout occultisme dont ils veulent teinter l’Ordre. Il décide alors de créer, l’année suivante, l’Ordre de la Rose-Croix Catholique du Temple et du Graal. En juin de la même année, sous son nom initiatique de Sâr Mérodack Péladan, il se présente comme le Grand Maître de ce mouvement. Dans cet Ordre, on professait une forme de catholicisme ésotérique. Péladan disait à ce propos : « La magie, c’est l’art de la sublimation de l’homme ».
L’OKR+C sera ravivé dans les années 60 par Robert Ambelain, dont nous citons ici une lettre en annonçant les principes :
« Colline de Paris, ce 21 Juillet 5.967,
Très-Chers Frères et Sœurs,
L’examen de l’état des Sciences Ésotériques à notre époque, de leurs moyens de perpétuation et de diffusion, du recrutement et du rassemblement de leurs adeptes, mène à certaines constatations assez inquiétantes quant à leur avenir, s’il n’y est remédié à temps.
Tout d’abord, à l’exception des revues d’Astrologie destinées au grand public, il n’en existe plus aucune qui soit spécialisée dans les études particulières relevant des trois Sciences-Mères : Astrologie, Magie, Alchimie, ni de leurs dérivées: Géomancie, Cataptromancie, etc.
Sur le plan des nombreuses organisations Initiatiques, il en est de même. Toutes sont peu ou prou rattachées à des courants mystiques issus des grandes confessions religieuses contemporaines. Les unes et les autres sont par ailleurs, et plus ou moins officiellement ou officieusement, hostiles aux dites Sciences Ésotériques.
Il appartenait à l’ORDRE KABBALISTIQUE DE LA ROSE-CROIX, fondé il y aura bientôt un siècle par Stanislas de Guaita, qui en fut le premier Grand-Maître, assisté de PAPUS, BARLET, JOUNET, etc. de reprendre en mains la flamme inextinguible du Savoir Occulte Traditionnel, en totale indépendance.
Après une somnolence de près d’un demi-siècle, consécutive à la mort de PAPUS – son second Grand-Maître, l’ORDRE KABBALISTIQUE DE LA ROSE-CROIX reprend donc ses Travaux et rouvre ses Temples aux meilleurs occultistes contemporaine. Dépositaire légal des Sceaux et Archives, propriétaire légal du nom lui-même, son Comité Directeur entend ne transmettre la filiation et l’entrée qu’à des étudiants sincères, valables, libres de tout dogmatique confessionnelle ou mystagogique, et pour lesquels la Quête du Mystère est un des grands objectifs ici-bas. Il ne leur est demandé que la croyance en l’existence du DIEU suprême, et en l’immortalité de l’Âme, toute définition propre leur étant concédée.
Le recrutement ultérieur se fera donc : et par examen et par cooptation. comme autrefois, l’entrée dans l’ORDRE KABBALISTIQUE DE LA ROSE-CROIX n’est justifiée par la production d’un travail personnel, sur la KABBALE, soumis au jugement du Comité Directeur, et l’appartenance à certaine Organisation Initiatique, ainsi qu’à la détention de certains de ses degrés hiérarchiques.
L’ORDRE KABBALISTIQUE DE LA ROSE-CROIX ne comportera que trois catégories d’Études ésotériques pratiques :
A) ALCHIMIE : Psychisme, Alchimie: minérale, spagirie, biologie ;
B) MAGIE : Psychurgie , Magie des Éléments, Théurgie ;
C) ASTROLOGIE : Naturelle : Généthliaque, Mondiale, Divinatoire, Surnaturelle : Talismanique, Onomantique, Evocationnelle
Ces trois classes d’études conjointes, permettent l’accès à trois Degrés, qui sont ceux de l’ancienne ROSE-CROIX :
A) Koroz (Héraut) Guérisons (hominales, animales, végétales) physiologie occulte et physiologie occulte et psychisme. Ce selon les Traditions propres à l’hermétisme alexandrin (antiques Codex), aux Maîtres médiévaux, et aux grands adeptes du 18ème siècle.
B) Rosen Koroz (Prince-Héraut) (Rose-Croix) : Magie mondiale, (équilibre des des Éléments naturels, Paix générale, réalisation de la République Universelle prévue par les Rose-Croix, spiritualisme œcuménique. Ce, selon les Maîtres de la Renaissance : H.C. Agrippa, Paracelse, Pierre d’Aban etc. et divers rituels anonymes d’origine hébraïques, propriété de l’ORDRE.
C) Roëh Koroz (Voyant-Héraut) (Réau-Croix): Pneumatologie, Théurgie, Voyance, Prophétisme raisonné et déductif. Ce, selon les traditions propres à Johan Trithème, Abraham bar-Simon, Eléazar de Worms, John Dee, Martinez de Pasqually, etc.
L’ORDRE KABBALISTIQUE DE LA ROSE CROIX précise que, pour lui :
a/ Le symbolisme de la ROSE-CROIX, en ses quatre lettres « I. N. R. I. », n’exprime que le nom des quatre Éléments, en hébreu, irradiant et retournant au Principe Central, symbolisé par la Rose (Rosen : Prince, Principe), et rien d’autre.
b/ Le symbolisme de l’AIGLE NOIR exprime la présence d’Elias Hathersatha, à l’œuvre en tous les plans, ou encore l’action vigilante de l’ORDRE, et sa surveillance des Forces Maléfiques, en action dans l’Univers matériel.
C’est donc en souhaitant longue vie et prospérité à l’ORDRE MARTINISTE et féconde évolution spirituelle à ses Membres, que je vous prie de me croire, Très-Chers Frères et Sœurs, fraternellement à vous devant les Flambeaux, et que je signe pour la dernière fois :
AURIFER,
Souverain Grand-Commandeur de l’ORDRE MARTINISTE. »
En hébreu, roz (rosah) signifie « secrets » ; rosen (רוזן) signifie « prince », tandis que « karoz » (כָּרוֹזָא) signifie « héraut », mot hébreu dérivé de l’araméen. Donc, ce nom ferait allusion aux Korazim, les anges annonciateurs, ou à Keraziel, le « Héraut de Dieu », l’Ange de la proclamation de l’angélologie juive. « Le Rosah Korôz de la Rose+Croix n’est que le Héraut de Dieu, et à ce titre, le véhicule de l’Ange Keraziel » (R. Ambelain, Le Sacramentaire). Le nom Rosenkreutz est d’origine allemande, mais en apparence seulement. En réalité, il s’agit d’un nom de ministère – une transformation de la « koroz rosah » hébraïque, qui signifie « Héraut des Secrets ». Et c’est ce qui caractérise parfaitement le ministère ou la fonction de la Rose+Croix. Ajoutons, concernant le dernier grade, que Roëh (רֹאֶה), traduit par « Réau », en hébreu peut signifier signifie « vision » ou « berger » (רֹעֶה).
Le quatrième degré secret de l’OKR+C est, en fait, celui de l’initiation à la Rose+Croix d’Orient. Leur programme peut être résumé comme ceci:
- traitement des malades,
- aide anonyme aux particuliers, aux sociétés et aux États même (quand leur cause est légitime),
- action politique visant à l’établissement d’un État universel – tout d’abord européenne, puis le monde entier,
- action religieuse visant à la re-création d’un christianisme dépouillé, qui serait plus proche de sa source et abandonnerait l’imagerie commune exotérique,
- la Réintégration de l’homme de la nature dans leur état primitif.
Selon Ambelain, Papus aurait ainsi reçu un dépôt initiatique des Frères Aînés d’Asie, par l’entremise de de Lagrèze qui l’avait lui-même reçue de Seilat Ha (Démétrios Platon Sémélas) au Caire en 1912, qui eux-mêmes en auraient reçu une partie de Martinez de Pasqually.
« Actuellement, la filiation rosicrucienne issue de l’Ordre kabbalistique de la Rose-Croix n’est nullement éteinte, mais elle est exclusivement réservée aux Occultistes se réclamant du Christianisme ésotérique et de la Kabbale, et ayant par leurs travaux (Gnosticisme, Kabbale, Théurgie, Mystique, Astrosophie, Hermétisme, Alchimie, Spagyrie, etc…) apporté leur pierre à la Connaissance Humaine Transcendantale. C’est dire qu’elle se pose en adversaire déclaré de tout l’occultisme inférieur, qu’il soit professionnel et charlatanesque, ou réel mais « noir » (magie pratique, sorcellerie, etc.). » (TEMPLIERS ET ROSE-CROIX, Robert Ambelain, Éditions Adya, 1955, page 125 à 129.)
Les Grands Maîtres après de Guaita :
- François Charles Barlet (Albert Faucheux)
- Gérard Encausse (Papus)
- Charles Detré (Téder)
- Lucien Mauchel (Sar Chamuel)
- Victor Blanchard (Sar Yesir)
- Pierre Augustin Chaboseau
- Georges Lagrèze
- Robert Ambelain
- André Mauer
Ligne de succession issue du schisme après Teder :
- François Charles Barlet
- Gérard Encausse (Papus)
- Charles Detré (Téder)
- Jean Bricaud
- Constant Chevillon
- Charles-Henry Dupont
- Philippe Encausse
Plus sur le sujet :
Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix par Heliogabale ab Aïcha, février 2011 e.v.